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Adapter la comptabilité des entreprises responsables et rentables, Gestion-trésorerie

Adapter la comptabilité des entreprises responsables et rentables, Gestion-trésorerie

L’enjeu de la monétarisation est de donner à réfléchir et d’infléchir la stratégie des entreprises. Son rôle est de rendre visible, objectif, transparent et surtout lisible ce qui est trop souvent invisible. Evaluer en euros ce que rapporte un service rendu par la nature fait prendre conscience de sa valeur pour une entreprise. Elle s’aperçoit alors que le coût de l’inaction peut être plus élevé que le coût d’une action responsable.

Un exemple concret permet de mieux saisir le principe : prenons le cas d’un papetier. La papeterie est une activité très odorante. Son externalité négative est l’odeur qu’elle répand autour de son usine. Rien n’oblige le dirigeant de la papeterie à investir dans une technologie pour réduire les nuisances olfactives. Il respecte déjà toutes les normes et toutes les lois en vigueur.

Une forme de monétarisation peut être la perte de valeur du terrain constructible autour de l’usine. Cette monétarisation doit être établie en partenariat avec toutes les parties prenantes, y compris la collectivité locale. Cette analyse, basée sur des données scientifiques, incitera l’entreprise et la collectivité à s’accorder sur une aide au financement d’une nouvelle technologie pour réduire les odeurs. Au final,
l’entreprise améliore son engagement responsable
, son image et l’image du territoire qu’elle occupe. Elle pourrait même avoir un nouveau voisin avec qui développer des synergies.

Un outil complexe

Toutes les externalités peuvent être monétarisées, externalités positives comme externalités négatives. Les techniques de monétarisation sur les plans sociaux et environnementaux sont en cours de développement, dont :

· Les coûts évités. Ce sont les coûts que toute la société subirait si l’élément évalué n’était pas en place. Par exemple, pour évaluer la valeur d’un service d’insertion professionnelle, on peut utiliser le montant des indemnisations chômage qui auraient été versées si ce service n’existait pas et que les personnes étaient restées au chômage.

· Les coûts de remplacement, si une solution technique de remplacement existe. Par exemple, on peut utiliser le coût d’une station d’épuration pour évaluer la valeur des principes de phytoépuration offerts par la nature.

· Les coûts de renouvellement ou de restauration. Ce sont les coûts à engager pour restaurer un élément à un niveau vivable. Par exemple, les coûts de restauration d’un sol qui s’est épuisé.

· Le consentement à payer. Il s’agit de demander à un échantillon représentatif de personnes le montant qu’elles seraient prêtes à débourser pour éviter la dégradation d’un élément de l’environnement naturel. Par exemple, une enquête détermine que les riverains d’un littoral seraient prêts à payer x euros par mois pour que ce littoral soit préservé.

La monétarisation reste un outil complexe, à manier avec précaution. Elle doit s’accompagner d’un guide d’usage qui en détaille les hypothèses, les champs déterminés et les méthodologies utilisées.

Besoin d’un nouveau mode de comptabilité

La comptabilité est constituée d’un ensemble de normes rigides encadrées par des règles internationales IFRS (International Financial Reporting Standards) ou françaises. Le rôle de la comptabilité est d’informer les parties prenantes sur la santé financière d’une entreprise et de calculer son imposition. Dans le modèle économique développé depuis la Seconde Guerre mondiale, la comptabilité remplit parfaitement ce double objectif en ne prenant en compte qu’une dimension financière. Elle permet d’évaluer la santé financière d’une entreprise mais pas la santé physique et morale de ses salariés, ni la santé de son environnement naturel.

Maintenant que les entreprises ont d’autres aspirations que seulement augmenter leur profit, il est temps
d’adapter les normes de comptabilité à ces enjeux de responsabilité
. Une entreprise qui dégage un profit important en détruisant la planète ou les relations sociales, ne peut plus être considérée comme une réussite. La transformation des entreprises passe également par une transformation des normes comptables.

Un nouveau modèle économique a besoin d’un nouveau mode de comptabilité. Enrichir la comptabilité d’éléments environnementaux et sociaux permet de donner une estimation des externalités positives et négatives engendrées par l’activité d’une entreprise.

Les auteurs

Benjamin Zimmer est entrepreneur et docteur en sciences, diplômé de l’école CentraleSupélec, cofondateur de Silver Alliance avec le groupe Oui Care. Claire-Agnès Gueutin est autrice et fondatrice des éditions ContentA. Ce texte est extrait de leur ouvrage « Une entreprise responsable et rentable, c’est possible », paru aux éditions ContentA, 170 pages, 14,90 euros.

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