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Finance

Bercy met fin au filet de sécurité pour les entreprises, Gestion-trésorerie

Bercy met fin au filet de sécurité pour les entreprises, Gestion-trésorerie

Bercy réduit doucement son filet de protection des entreprises contre les impayés. Le ministère de l’Economie et des Finances doit officialiser le 25 juin l’arrêt d’un des deux types de dispositifs mis en place au début de la crise du Covid-19 pour faciliter l’accès des entreprises à l’assurance crédit, c’est-à-dire à des couvertures contre le risque de défaillances de leurs clients.

Plus précisément, les assureurs crédit ne bénéficieront plus du filet de sécurité baptisé CAP Relais à partir du 30 juin. Celui-ci prévoyait que l’Etat supporte 20 % des sinistres subis par les assureurs crédit en échange de l’encaissement de 20 % de leurs primes.

Prévu pour s’arrêter cet été, ce soutien public aurait sans doute pu être prolongé si la sortie de crise n’était pas en train de se dessiner. Cependant, « cela n’avait pas vocation à être un dispositif pérenne » justifie-t-on à Bercy, où l’on insiste sur la reprise économique en cours. « Aujourd’hui on est dans une phase différente. »

Pas d’explosion des faillites

Cette décision intervient à l’heure où le gouvernement parie sur le recul de l’épidémie et la reprise économique. Ses ministres se disent aujourd’hui favorables à une sortie « prudente » et « progressive » du « quoi qu’il en coûte », la doctrine de soutien massif de l’économie défendue par le président de la République au début de la crise.

Le dispositif CAP Relais avait été adopté au début de l’été 2020 quand la crise faisait redouter une explosion des défauts d’entreprises. Un tel scénario aurait pu pousser les assureurs crédit à réduire drastiquement leurs couvertures, au risque d’aggraver encore les difficultés des entreprises. Grâce aux mesures d’urgences, telles que la distribution massive de prêts garantis par l’Etat, le nombre de faillites est cependant resté au plancher.

Déjà à la fin de l’année dernière, les assureurs crédits avaient décidé de revoir le partage de risques avec l’Etat en se montrant prêts à assumer plus de sinistres. « Maintenant qu’on est à un retour dans la normalité, la justification économique n’est plus là », défend Eric Lenoir, président du comité exécutif de l’assureur crédit Euler Hermes France. D’autres pays ayant mis en place un soutien public à l’assurance crédit comparable ont d’ailleurs levé le pied.

Bercy s’engage cependant à offrir jusqu’à la fin de l’année un soutien plus ciblé pour permettre aux entreprises d’obtenir des garanties en complément de celles offertes par les assureurs crédit. La prolongation de ces offres dites « CAP» et «CAP + » était conditionnée à un feu vert de la Commission européenne. Celui-ci a été rendu public le 22 juin dernier.

Des entreprises fragilisées

Le maintien de ces aides déjà expérimentées après la crise de 2008 est salué par les assureurs crédit. « Les entreprises sortent quand même pour certaines d’entre elles fragilisées de la crise. Les dispositifs CAP et CAP +, c’est de la capacité additionnelle pour favoriser la reprise économique », assure Eric Lenoir.

Du côté des entreprises, la décision de Bercy devrait aussi être bien accueillie. « L’utilité de CAP et CAP + est bien réelle », assure Cherifa Hemadou, directrice financière du spécialiste de la santé animale Virbac. Celle qui est aussi déléguée régionale de l’Association française des trésoriers d’entreprise (AFTE) se montre cependant vigilante. « On ne veut surtout pas se retrouver avec des assureurs crédits qui seraient moins bien disants que lorsqu’ils étaient assurés par l’Etat. D’autant qu’ils ne sortent pas affaiblis de cette crise », dit-elle.

« Il n’y a aucune raison que cela débouche sur un resserrement de nos conditions de couverture car on a une visibilité meilleure sur l’évolution de la conjoncture économique et les plans de soutien public, rassure Nicolas de Buttet, membre du comité exécutif de l’assureur crédit Coface. Il faut que le marché reprenne un fonctionnement normal. »

La Banque de France rassure sur la santé des entreprises tricolores, Gestion-trésorerie

La Banque de France rassure sur la santé des entreprises tricolores, Gestion-trésorerie

Quel a été l’impact de la crise sanitaire sur les entreprises françaises ? Combien d’entre elles sont dans une situation à risque ? La Banque de France a pris le pouls de 205.392 sociétés en passant au peigne fin leur bilan et leur compte de résultat, arrêtés entre le 30 juin 2020 – trois mois après le premier confinement – et janvier 2021, selon les cas. Les derniers travaux de l’institution montrent que 14 % des entreprises étudiées ont subi à la fois une hausse de leur endettement et une baisse de leur trésorerie.

Les problèmes se concentrent toutefois sur une partie d’entre elles. Afin de livrer la photographie la plus représentative, la Banque de France a écarté les sociétés qui étaient déjà en difficulté avant la crise du Covid ou avaient abordé la pandémie avec une situation financière très solide leur permettant d’absorber le choc. Soit un peu plus de 7 % de l’échantillon.

Sur le panel restant – soit quelque 191.000 entreprises -, plus de 6 % sont jugées dans une situation délicate. Pour elles, l’alourdissement de la dette conjugué à une trésorerie en baisse risque de se traduire par des difficultés lorsque les mesures d’accompagnement mises en place par l’Etat s’éteindront. Sans que leur viabilité économique ne soit remise en cause, à ce stade, par la Banque de France. « Ce chiffre n’est pas élevé », estime Alain Gerbier, directeur des entreprises de l’institution.

Sans surprise, ce taux dépasse 10 % pour les secteurs de l’hébergement et de la restauration, qui ont le plus souffert des restrictions sanitaires. Il est également très élevé pour les arts et les spectacles.

Pour que ces sociétés fragilisées puissent repartir du bon pied, il va donc falloir faire preuve d’une vigilance accrue. « Elles constituent la cible des comités départementaux qui vont accompagner les entreprises en sortie de crise », relève Alain Gerbier.

D’autres situations mériteront également d’être surveillées. Celle, par exemple, des entreprises n’ayant pas accédé à de nouveaux crédits et dont la trésorerie a diminué.

Très peu d’entreprises présentent un bilan réellement inquiétant.

Préservation de la trésorerie

Globalement, le tableau dressé par la Banque de France se veut toutefois rassurant. Entre fin décembre 2019 et fin mars 2021, la dette nette des sociétés non financières n’a augmenté que de 9 milliards d’euros… Dans près des trois-quarts des dossiers, les sociétés affichent une trésorerie stable ou en hausse, et ce, parfois, malgré le recul de leur chiffre d’affaires. Pour un gros quart d’entre elles, la raison tient essentiellement au recours à un PGE.

De plus, « quand on agrège les résultats des entreprises étudiées, le résultat net est légèrement positif », pointe Alain Gerbier. Au vu des remontées du réseau de la Banque de France, présent sur tout le territoire, il se dit d’ailleurs « optimiste » sur leur capacité à rebondir à condition que la pandémie ne reparte pas dans les prochains mois.

les prêts participatifs mettent du temps à décoller, Gestion-trésorerie

les prêts participatifs mettent du temps à décoller, Gestion-trésorerie

Présentés en mars, lancés fin avril, et commercialisés depuis quelques jours, les premiers prêts participatifs relance (PPR) commencent à être signés dans les réseaux bancaires.

L’enseigne de prêt-à-porter Zapa a souscrit ce nouveau type d’emprunt, pensé pour renforcer les bilans et favoriser l’investissement en sortie de crise, auprès de la Caisse d’Epargne Ile-de-France. Il doit permettre à la marque parisienne « d’investir dans la transformation digitale et le développement de nouveaux points de vente », explique Arié Benayoun, son président.

Du côté de Saint-Etienne, la société Sam Outillage s’est également mise d’accord avec sa banque pour finaliser un prêt relance d’un montant d’environ 1,5 million d’euros. Il devrait être signé dans le courant de l’été avec la Banque Populaire Auvergne Rhône-Alpes.

Cette PME familiale, qui fête son centenaire cette année, souhaite ainsi poursuivre le plan d’investissement de 10 millions d’euros entamé en 2018, et qui avait subi un coup d’arrêt avec la crise au printemps 2020.

« La vie économique a bien repris. Il faut continuer à financer les projets, pour ne pas perdre en compétitivité face à la concurrence », estime le patron Olivier Blanc, quatrième génération aux commandes de la société, dont le chiffre d’affaires s’élevait en 2019 à 35 millions d’euros.

Crédits d’équipement

Malgré ces premiers contrats et l’enthousiasme de l’exécutif pour ce nouveau dispositif, financé à hauteur de 20 milliards d’euros par les assureurs (et garantis à 30 % par l’Etat), le démarrage des PPR promet d’être plutôt modeste.

« Nous n’avons pas de demande massive de la part de nos clients », confiait il y a quelques jours Daniel Baal, le directeur général de Crédit Mutuel Alliance Fédérale, interrogé par BFM Business.

« C’est sans doute un bon outil […]. Mais le sujet est de savoir si les entreprises vont vouloir prendre ce prêt participatif ou un prêt habituel », considère le dirigeant, alors que les taux d’intérêt sont compris entre 4 % et 5 % pour les PME, soit plus cher qu’un emprunt classique. La production de crédits d’équipement est d’ailleurs restée élevée au premier trimestre, notamment dans les groupes mutualistes.

« Les entreprises que je connais commencent seulement à prendre connaissance de ce produit », témoigne de son côté Olivier Blanc, qui en a lui-même entendu parler via le réseau de la CPME de la Loire et sa banque.

Confusion

Le produit, dont l’élaboration a nécessité plusieurs mois de travail de la part de toute la place financière et qui sera proposé jusqu’en juin 2022, est par nature bien plus compliqué que le prêt garanti par l’Etat (PGE), octroyé à 675.000 entreprises pour 139 milliards d’euros. Les banques ont mis en avant une nécessaire sélectivité sur les candidats.

D’une durée de huit ans, avec un différé d’amortissement de quatre ans, il a toujours été présenté comme un instrument de quasi fonds propres. Mais n’en demeure pas moins une dette au niveau comptable pour l’entreprise. De quoi créer une certaine forme de confusion chez les éventuels clients.

« Il faut prendre le temps de bien expliquer ce prêt spécifique au client. Cela n’a rien à voir avec un PGE. L’entreprise doit être convaincue du besoin de renforcement de sa structure financière avant de le signer », considère Daniel Karyotis, le directeur général de Banque Populaire Auvergne Rhône-Alpes.

Pas d’objectif de volumes

« Il n’est pas question de se fixer un objectif de volume sur ce type de prêts. Pour autant, nous pourrons accompagner favorablement les clients qui en feront la demande », assure le banquier, qui s’attend à y voir plus clair à la rentrée sur les besoins réels des entreprises en la matière.

Pour le patron de Sam Outillage, qui avait aussi pris un PGE, le PPR fait en tout cas sens. « Il n’existe pas tant de produits financiers qui permettent de financer sur le long terme, remarque Olivier Blanc, dont la PME stéphanoise veut devenir leader dans la conception d’outillage connecté. Ce prêt a certes un coût, mais il va nous permettre de voir venir et de récolter les fruits de nos investissements ».

L’aide « coûts fixes » aux entreprises est aménagée et élargie, Fiscalité et droit des entreprises

L’aide « coûts fixes » aux entreprises est aménagée et élargie, Fiscalité et droit des entreprises

Instaurée il y a quelques mois en complément du fonds de solidarité, un dispositif d’aide, dite « coûts fixes », a vocation à couvrir les charges supportées chaque mois par certaines entreprises qui ne parviennent pas à les absorber en raison de la baisse de leur activité due à la crise sanitaire.

L’aide servie à ce titre s’élève à 70 % du montant des charges fixes pour les entreprises de plus de 50 salariés et à 90 % du montant de ces charges pour les entreprises de moins de 50 salariés. Elle est versée au titre du premier semestre 2021 et est plafonnée à 10 M€ pour ce semestre.

Rappelons que cette aide s’adresse aux entreprises qui réalisent, en moyenne, plus de 1 million d’euros de chiffre d’affaires mensuel et qui :

– font l’objet d’une mesure d’interdiction d’accueil du public ;

– ou appartiennent à l’un des secteurs fortement impactés par la crise (secteurs S1) ou à l’un des secteurs connexes à ces derniers (secteurs S1 bis) ;

– ou exploitent un commerce dans une commune de montagne affectée par la fermeture des remontées mécaniques ou dans un centre commercial ayant fait l’objet d’une interdiction d’accueil du public.

En outre, ces entreprises doivent percevoir le fonds de solidarité, avoir subi une perte de chiffre d’affaires d’au moins 50 % pendant la période de référence et enregistrer un excédent brut d’exploitation négatif pendant cette même période.

Peuvent également bénéficier de l’aide « coûts fixes », sans condition de chiffre d’affaires, les entreprises de plus petite taille qui ont des charges fixes très élevées et qui appartiennent à l’un des secteurs suivants : hôtel, restauration traditionnelle et résidences de tourisme des stations de montagne, salles de sport, salles de loisirs intérieurs, jardins zoologiques, établissements de thermalisme, parcs d’attractions et parcs à thèmes.

Ce dispositif vient de faire l’objet d’aménagements. Et il est élargi à de nouvelles entreprises.

Assouplissement des conditions d’éligibilité

Jusqu’alors, pour bénéficier de l’aide « coûts fixes », les entreprises devaient avoir subi une perte de chiffre d’affaires (CA) d’au moins 50 % sur une période de deux mois, à savoir janvier-février, mars-avril et mai-juin. À compter de la deuxième période éligible, c’est-à-dire à compter du mois de mars 2021, elles peuvent bénéficier de l’aide dès lors qu’elles ont subi une perte de CA d’au moins 50 % au titre d’un seul de ces deux mois (par exemple, au titre du mois de mars seulement ou du mois d’avril seulement).

Cet assouplissement permet donc aux entreprises qui n’étaient pas éligibles à l’aide faute de remplir la condition de perte de CA sur les deux mois considérés d’en bénéficier au titre du mois durant lequel cette condition est remplie.

Élargissement des entreprises éligibles

Autre évolution, pour les entreprises ayant une activité saisonnière, notamment celles domiciliées dans une zone de montagne, l’aide « coûts fixes » peut leur être versée dès lors qu’elles enregistrent une perte de CA de 50 % sur une période moyenne de 6 mois (donc sur la période allant du 1er janvier au 30 juin 2021).

Et l’aide s’ouvre :

– aux entreprises exerçant une activité de location d’articles de loisirs et de sport ou de commerce de détail d’articles de sport en magasin spécialisé lorsqu’au moins 50 % du CA est réalisé dans la vente au détail de skis et de chaussures de ski ;

– aux discothèques et établissements similaires.

Création d’une aide « couts fixes groupe »

L’aide « coûts fixes » devient ouverte aux groupes dont certaines filiales ont atteint le plafond d’éligibilité au fonds de solidarité (200 000 €) ou le plafond maximal d’aide d’État autorisée par la Commission européenne pour la période de la crise sanitaire (1,8 M€). A cette fin, un groupe pourra déposer une demande consolidée permettant à l’ensemble de ses filiales éligibles de bénéficier de l’aide coûts fixes, dans la limite du plafond qui reste de 10 M€ au niveau du groupe.

Prolongation du délai pour demander l’aide

Enfin, le délai pour demander l’aide est prolongé. Il est porté à 45 jours, au lieu de 15 jours, à compter du versement de l’aide du fonds de solidarité au titre du 2e mois de la période éligible considérée. Ainsi, l’aide au titre de la période mars-avril 2021 doit être déposée dans un délai de 45 jours après le versement de l’aide du fonds de solidarité au titre du mois d’avril 2021.

Sachant que les entreprises qui ont perçu le fonds de solidarité pour le mois de mars, mais pas pour le mois d’avril, doivent, quant à elles, déposer leur demande dans un délai de 45 jours à compter de l’expiration de la période éligible, donc au plus tard le 15 juin 2021.

Rappel :
pour obtenir l’aide au titre de la période mars-avril 2021, les entreprises éligibles doivent déposer leur demande par voie dématérialisée via leur espace professionnel du site www.impots.gouv.fr. Le formulaire à remplir à cette fin a été mis en ligne le 7 mai dernier.

Décret n° 2021-625 du 20 mai 2021, JO du 21

de nouveaux outils et des prolongations pour aider la reprise, Gestion-trésorerie

Pour aider les entreprises touchées par la crise à repartir du bon pied, le gouvernement prolonge ou crée une série d’outils d’accompagnement. Revue de détail.

Un guichet unique pour s’orienter

C’est une clé de réussite, tant les outils et aides d’urgence sont foisonnants pour les petites entreprises : l’Etat et les Urssaf ouvrent un numéro de téléphone unique pour orienter les entreprises vers les aides d’urgence. Ce guichet fournira aussi des informations sur les procédures (notamment de conciliation). Chaque département sera doté par ailleurs d’un « conseiller à la sortie de crise », les entreprises de plus de 50 salariés continuant à bénéficier d’accompagnements spécifiques.

Des dispositifs existants prolongés

Bruno Le Maire a rappelé le 1er juin qu’il était possible de contracter un prêt garanti par l’Etat (PGE) auprès de sa banque jusqu’à la fin de l’année 2021, comme annoncé en avril dernier. Environ 675.000 entreprises ont souscrit à ce jour un PGE pour un total de 139 milliards d’euros.

Pour celles qui n’ont pas obtenu de PGE (ou seulement partiellement), deux prêts censés disparaître le 30 juin sont aussi prolongés de six mois : les prêts exceptionnels pour les petites entreprises, octroyés aux sociétés de moins de 50 salariés, pour un montant maximal de 100.000 euros ; les avances remboursables et les prêts bonifiés, destinés aux PME et aux ETI, qui ne peuvent excéder 25 % du chiffre d’affaires annuel. Dans les deux cas, il s’agit d’aider des entreprises viables économiquement.

Un étalement des dettes facilité

Pour les petites entreprises en cessation de paiements, obligées de passer par la case tribunal, une nouvelle procédure simplifiée va être créée. Elle concerne les entreprises de moins de 20 salariés dont les dettes n’excèdent pas 3 millions d’euros, et dont le niveau d’activité était satisfaisant avant la crise. Elle permet d’établir, dans un temps resserré, un plan de continuation avec un échelonnement du paiement des dettes.

Les PGE éventuellement contractés pourront également être étalés dans le cadre de cette restructuration de passif, et leur remboursement pourra, exclusivement dans le cadre d’une procédure judiciaire, excéder les six années initialement prévues dans le contrat. Autre marge de manoeuvre, les dettes sociales et fiscales pourront être étalées dans certains cas sur un maximum de quarante-huit mois.

Un nouveau fonds pour les grandes entreprises

Doté de 3 milliards d’euros, un « fonds de transition » est institué pour les entreprises de « taille significative ». Il pourra intervenir en prêts, quasi-fonds propres et fonds propres au cas par cas. Le fonds sera géré au sein du ministère de l’Economie qui instruira les demandes, et les apports en quasi-fonds propres auront une « maturité indéterminée » avec des taux qui varieront en fonction de la durée du prêt, a précisé Bruno Le Maire lors d’une conférence de presse.

Bercy répond aux inquiétudes sur l'endettement, Financer la croissance

Le dispositif des prêts participatifs relance (PPR) est lancé depuis deux semaines déjà. Mais un effort de pédagogie semble nécessaire pour le populariser auprès des entreprises.

Bercy et les banques travaillent en effet à la rédaction d’une « Foire aux Questions » sur les prêts participatifs, à l’instar de ce qui a été fait l’an dernier lors du lancement des prêts garantis par l’Etat (PGE). Ce mode d’emploi devrait être mis en ligne dans les prochains jours.

Objectif : assurer la compréhension par tous d’un produit de financement compliqué, mais qui fait partie des outils clés pour accompagner la relance et favoriser l’investissement des entreprises après la crise sanitaire. Avec un budget qui s’élève à ce stade à un peu plus de 12 milliards d’euros.

Car sur le terrain, la promotion des PPR s’avère plus compliquée que prévu. La confusion règne notamment sur le traitement comptable de ces prêts d’un nouveau genre et leur impact sur la situation financière des entreprises.

La peur de la dette

« Sous l’effet d’informations imprécises et contradictoires, beaucoup de chefs d’entreprise voient surtout les prêts participatifs comme une dette supplémentaire. Et ils prennent peur, car ils craignent d’être considérés comme trop endettés in fine, et donc de ne plus pouvoir se financer comme il faut », témoigne Germain Simoneau, président de la commission financement de la CPME.

Une entreprise avec un niveau d’endettement trop élevé peut effectivement se retrouver pénalisée à l’avenir, avec une note dégradée auprès de la Banque de France.

Depuis les premiers travaux engagés par la place financière, les prêts participatifs ont toujours été présentés comme des quasi-fonds propres, à même de renforcer le haut de bilan et donc la structure financière des entreprises.

D’un point de vue comptable, ils n’en demeurent pas moins des dettes et sont considérés comme telles, même si leur remboursement est subordonné à tous les autres prêts, en cas de problème.

Effet de levier

« La Banque de France s’est toujours montrée rassurante sur l’analyse qu’elle ferait des prêts participatifs dans les bilans. C’est même plutôt un facteur positif pour la structure financière compte tenu de leurs caractéristiques », assure une source bancaire.

Les prêts participatifs sont accordés pour une durée de huit ans, et commencent à être remboursés au bout de la cinquième année seulement.

« Il y a un effet de levier très important avec ce type de produits, et il faut insister là-dessus. Les entreprises vont gagner en capacité d’endettement et donc d’investissement », assure Germain Simoneau, qui appelle à un véritable effort de pédagogie de la part de Bercy, des banques et de la place financière en général.

Transparence

Dans les réseaux bancaires, on assure faire preuve de transparence et d’explication avec les clients. « Economiquement, ce type de prêt ne dégradera pas la situation financière de l’entreprise, assure un banquier. Mais leur octroi n’est pas automatique, à la différence des prêts garantis, et doit correspondre à un plan d’investissement précis et cohérent avec le développement de l’entreprise ».

A Bercy, on est confiant dans le bon déploiement de ces outils. « Les entreprises doivent pouvoir prendre le temps de s’approprier ce nouveau dispositif, très innovant, déployé depuis quinze jours seulement. Il n’y a pas d’inquiétude particulière à ce stade », confie une source au ministère.

un lancement espéré d'ici l'été, Financer la croissance

un lancement espéré d'ici l'été, Financer la croissance

Après avoir clôturé le dossier des prêts participatifs relance, la Fédération française de l’assurance (FFA) et le Trésor s’attellent enfin, avec l’association professionnelle France Invest, au deuxième instrument de financement du plan France Relance : les obligations relance.

Ces instruments seront souscrits par des sociétés de gestion dans le cadre de fonds spécifiques, avec une garantie d’Etat (30 % maximum). Mais le dossier a pris beaucoup de retard. A ce stade, nombre de points doivent encore être discutés.

Cahier des charges complexe

« Nous allons finaliser les travaux de conception dans les prochaines semaines avec pour objectif de passer à sa mise en oeuvre opérationnelle d’ici l’été », promet Franck Le Vallois, directeur général de la FFA, en première ligne sur ce sujet. Le dispositif va profiter des travaux menés sur le volet des prêts participatifs des banques, par exemple pour leur traitement prudentiel favorable pour les compagnies d’assurance.

La FFA et le Trésor doivent encore définir précisément les règles d’investissement (secteurs d’activité, typologie d’entreprises…) qui constitueront le cahier des charges du mandat confié aux sociétés de gestion sélectionnées. Le prix du crédit devrait être assez similaire à celui des prêts participatifs, de l’ordre de 4-5 % pour les PME et 5-6 % pour les ETI, avec une possible prime de risque pour les obligations, plus risquées. Elles seront remboursables in fine, au terme d’une durée de huit ans, ce qui en fait un instrument très proche des fonds propres.

« Une fois le dispositif défini dans ses moindres caractéristiques, chaque assureur pourra prendre la décision, en fonction de sa politique d’investissement, de participer à son financement », souligne Franck Le Vallois. L’enveloppe souhaitée par Bercy est de 6 milliards d’euros pour environ 2.000 PME, mais rien n’est encore arrêté. D’autant qu’il s’agit d’un montant conséquent à investir et que l’horloge tourne : la Commission européenne a limité au 30 juin 2022 la distribution des obligations et prêts relance.

Or, une équipe de private equity ne peut traiter que 30 à 40 dossiers au maximum par an. « La période très courte d’investissement est un élément à prendre en considération pour déterminer le nombre approprié de sociétés de gestion à sélectionner », reconnaît Franck Le Vallois.

Concurrence avec les fonds de dette

Compte tenu des volumes annoncés, les émissions de dette privée réalisées en dehors du cadre de la relance risquent de moins attirer. L’an dernier, les fonds de dette privée ont déployé 7,5 milliards d’euros en France, et 8,6 milliards en 2019, avant le Covid, selon France Invest.

« La concurrence est évidente même si on a fléché l’utilisation de ces obligations, confirme Charles-Emmanuel Prieur, associé-gérant au sein du cabinet UGGC Avocats. Une fois qu’on a créé un outil avec une garantie d’Etat, il risque de supplanter certains outils de financement traditionnels. » Reste à savoir si les entreprises éligibles vont se ruer vers le dispositif.

les PME confiantes sur leur capacité à rembourser le PGE, Gestion-trésorerie

C’est une bonne nouvelle pour l’économie, mais aussi pour les banques, qui se sont entretenues mardi avec Bruno Le Maire en visioconférence. Malgré le nouveau confinement, les dirigeants de petites et moyennes entreprises sont moins inquiets pour leur trésorerie et retrouvent une certaine confiance en l’avenir.

Selon le dernier baromètre trimestriel publié par Bpifrance et l’institut Rexecode, parmi les 2.000 dirigeants de TPE/PME interrogés fin avril, ils étaient 18 % à attendre une amélioration de leur trésorerie au cours des trois prochains mois, contre 10 % lors du baromètre publié en février. A l’inverse, ceux qui anticipent une dégradation ne sont plus que 27 %, contre 36 % lors de la dernière enquête et 82 % il y a un an.

Des PGE remboursés plus rapidement

Bonne nouvelle pour les banques et les pouvoirs publics : la part des entreprises qui redoutent de ne pas être en mesure de rembourser leur prêt garanti par l’Etat (PGE) est tombée de 8 % en février à 5 % durant la deuxième quinzaine d’avril. Jusqu’à présent, cette part était en hausse constante.

Autre signe d’une détente de la trésorerie : alors qu’ils ont la possibilité de différer d’une année supplémentaire le début du remboursement de leur PGE, les chefs d’entreprise sont beaucoup plus nombreux (16 %) à penser rembourser leur prêt intégralement en 2021 que lors du dernier baromètre (9 %).

Alors qu’environ les deux-tiers n’ont utilisé qu’une faible part de leur PGE et seuls 21 % l’ont utilisé en totalité, plus de la moitié des chefs d’entreprises compte même investir cette année. Cependant, même s’ils sont moins nombreux que lors des enquêtes précédentes, 46 % des dirigeants anticipent toujours un retour à la normale difficile.

Conditions d’accès au crédit favorable

En règle générale, les conditions d’accès au crédit leur restent relativement favorables, comme le montre le rapport de l’Observatoire du financement des entreprises sur l’accès des TPE et PME aux services bancaires, publié vendredi. Les TPE et PME bénéficient d’une offre variée, avec un effort des banques pour s’adapter aux profils des entreprises et aux enjeux locaux, estime le rapport.

L’accès des TPE et PME aux crédits de trésorerie, dont font partie les PGE, était ainsi de 90 % pour les PME et de 87 % pour les TPE au quatrième trimestre 2020. Et ces sociétés continuent de bénéficier de taux attractifs, à 1,27 % en moyenne pour les prêts inférieurs ou égaux à 1 million d’euros, en baisse de 21 points de base par rapport au niveau de la fin 2019.

comment va s'organiser la fin progressive des aides , Gestion-trésorerie

C’est un feuilleton dont on a cessé de compter les épisodes. Le « quoi qu’il en coûte » pour les entreprises va connaître une nouvelle déclinaison à partir du mois de juin, pour s’adapter à la levée progressive de la cloche sous laquelle avait été placée l’économie ces derniers mois. Ainsi les nouvelles règles pour les aides aux entreprises dévoilées le 10 mai par le Premier ministre, Jean Castex, dans « Le Parisien », promettent de maintenir un filet de sécurité non négligeable pour celles parmi les plus touchées par la crise sanitaire.

Cette nouvelle donne vaut pour les secteurs dont le redémarrage promet d’être le plus lent et compliqué, avec le maintien pendant quelques semaines encore de jauges sanitaires (restaurants, hôtels, salles de sport, théâtres, cinémas, etc.). « Le maître mot est d’inciter à la reprise », a expliqué le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, le 10 mai au matin sur « France Info ». Cela passera par le maintien pour ces seuls secteurs d’un fonds de solidarité une nouvelle fois reformaté.

Jusqu’ici, il fallait avoir perdu au moins 50 % de son chiffre d’affaires pour bénéficier des subsides de ce dispositif, tel qu’il existe encore en mai. Ce seuil sera abrogé à partir de juin, et « il y aura compensation quelle que soit la perte de chiffre d’affaires », a souligné le locataire de Bercy, alors qu’un seuil minimal de perte avait été un temps évoqué.

Le niveau de l’aide va également évoluer. Jusqu’ici, elle pouvait représenter au maximum 10.000 euros par mois, ou bien jusqu’à 20 % du chiffre d’affaires dans la limite de 200.000 euros par mois. Désormais, le montant représentera 40 % de la perte d’activité en juin (par rapport au niveau de juin 2019), puis 30 % en juillet et 20 % en août. Les règles seront différentes pour le secteur de l’évènementiel, avec une négociation encore en cours. Une clause de rendez-vous est prévue à la fin de l’été pour faire le bilan.

Les prévisions de Bercy

Concrètement, Bercy prévoit qu’un petit restaurant (réalisant un chiffre d’affaires un peu supérieur à 20.000 euros mensuel) verra son aide passer de 10.000 euros en mai à 4.600 euros en juin si sa perte d’activité est de 50 %, puis 2.000 en juillet et 500 euros en août à mesure que l’activité se redresse jusqu’à n’accuser qu’un retard de 10 % par rapport à la normale.

Pour un hôtel important engrangeant des recettes mensuelles de l’ordre de 1,8 million, Bercy table sur une reprise plus lente (-50 % en juin et encore -30 % en août) avec un montant versé qui resterait donc à 200.000 euros en juin et juillet et encore 147.000 euros en août.

Covid : ce que l’exécutif a décidé pour la fin progressive des aides aux entreprises

Un plan d’apurement

Ce ne sera toutefois pas le seul filet de sécurité. Comme prévu, l’activité partielle restera une possibilité , avec un reste à charge à payer pour les entreprises actuellement nul qui passera à 15 % en juillet et 25 % en août. Enfin, si les exonérations de cotisations patronales vont disparaître, l’aide au paiement de ces cotisations sera maintenu, avec un taux qui va toutefois passer de 20 % de la masse salariale à 15 %. « Pour les entreprises ayant bénéficié du report de ces cotisations, un plan d’apurement sur plusieurs mois est à l’étude », indique-t-on à Bercy.

Adapter la comptabilité des entreprises responsables et rentables, Gestion-trésorerie

Adapter la comptabilité des entreprises responsables et rentables, Gestion-trésorerie

L’enjeu de la monétarisation est de donner à réfléchir et d’infléchir la stratégie des entreprises. Son rôle est de rendre visible, objectif, transparent et surtout lisible ce qui est trop souvent invisible. Evaluer en euros ce que rapporte un service rendu par la nature fait prendre conscience de sa valeur pour une entreprise. Elle s’aperçoit alors que le coût de l’inaction peut être plus élevé que le coût d’une action responsable.

Un exemple concret permet de mieux saisir le principe : prenons le cas d’un papetier. La papeterie est une activité très odorante. Son externalité négative est l’odeur qu’elle répand autour de son usine. Rien n’oblige le dirigeant de la papeterie à investir dans une technologie pour réduire les nuisances olfactives. Il respecte déjà toutes les normes et toutes les lois en vigueur.

Une forme de monétarisation peut être la perte de valeur du terrain constructible autour de l’usine. Cette monétarisation doit être établie en partenariat avec toutes les parties prenantes, y compris la collectivité locale. Cette analyse, basée sur des données scientifiques, incitera l’entreprise et la collectivité à s’accorder sur une aide au financement d’une nouvelle technologie pour réduire les odeurs. Au final,
l’entreprise améliore son engagement responsable
, son image et l’image du territoire qu’elle occupe. Elle pourrait même avoir un nouveau voisin avec qui développer des synergies.

Un outil complexe

Toutes les externalités peuvent être monétarisées, externalités positives comme externalités négatives. Les techniques de monétarisation sur les plans sociaux et environnementaux sont en cours de développement, dont :

· Les coûts évités. Ce sont les coûts que toute la société subirait si l’élément évalué n’était pas en place. Par exemple, pour évaluer la valeur d’un service d’insertion professionnelle, on peut utiliser le montant des indemnisations chômage qui auraient été versées si ce service n’existait pas et que les personnes étaient restées au chômage.

· Les coûts de remplacement, si une solution technique de remplacement existe. Par exemple, on peut utiliser le coût d’une station d’épuration pour évaluer la valeur des principes de phytoépuration offerts par la nature.

· Les coûts de renouvellement ou de restauration. Ce sont les coûts à engager pour restaurer un élément à un niveau vivable. Par exemple, les coûts de restauration d’un sol qui s’est épuisé.

· Le consentement à payer. Il s’agit de demander à un échantillon représentatif de personnes le montant qu’elles seraient prêtes à débourser pour éviter la dégradation d’un élément de l’environnement naturel. Par exemple, une enquête détermine que les riverains d’un littoral seraient prêts à payer x euros par mois pour que ce littoral soit préservé.

La monétarisation reste un outil complexe, à manier avec précaution. Elle doit s’accompagner d’un guide d’usage qui en détaille les hypothèses, les champs déterminés et les méthodologies utilisées.

Besoin d’un nouveau mode de comptabilité

La comptabilité est constituée d’un ensemble de normes rigides encadrées par des règles internationales IFRS (International Financial Reporting Standards) ou françaises. Le rôle de la comptabilité est d’informer les parties prenantes sur la santé financière d’une entreprise et de calculer son imposition. Dans le modèle économique développé depuis la Seconde Guerre mondiale, la comptabilité remplit parfaitement ce double objectif en ne prenant en compte qu’une dimension financière. Elle permet d’évaluer la santé financière d’une entreprise mais pas la santé physique et morale de ses salariés, ni la santé de son environnement naturel.

Maintenant que les entreprises ont d’autres aspirations que seulement augmenter leur profit, il est temps
d’adapter les normes de comptabilité à ces enjeux de responsabilité
. Une entreprise qui dégage un profit important en détruisant la planète ou les relations sociales, ne peut plus être considérée comme une réussite. La transformation des entreprises passe également par une transformation des normes comptables.

Un nouveau modèle économique a besoin d’un nouveau mode de comptabilité. Enrichir la comptabilité d’éléments environnementaux et sociaux permet de donner une estimation des externalités positives et négatives engendrées par l’activité d’une entreprise.

Les auteurs

Benjamin Zimmer est entrepreneur et docteur en sciences, diplômé de l’école CentraleSupélec, cofondateur de Silver Alliance avec le groupe Oui Care. Claire-Agnès Gueutin est autrice et fondatrice des éditions ContentA. Ce texte est extrait de leur ouvrage « Une entreprise responsable et rentable, c’est possible », paru aux éditions ContentA, 170 pages, 14,90 euros.