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Finance

Achats responsables : et si vous adoptiez la norme ISO 20400 ?, Achats

Achats responsables : et si vous adoptiez la norme ISO 20400 ?, Achats

Les achats responsables n’ont pas attendu la crise du Covid-19 pour essaimer . Selon l’édition 2020 du baromètre réalisé par l’Observatoire des achats responsables (ObsAR), avec l’appui d’Opinion Way, 85 % des 143 organisations interrogées avaient mis en place une telle politique, dont 11 % depuis moins d’un an. Avec le lot de questionnements, et de remises en cause qu’elle charrie, la crise liée au coronavirus pourrait-elle encore amplifier ce mouvement ? « La période que nous venons de traverser a montré notre forte dépendance aux pays à bas coût, ce qui devrait entraîner une prise de conscience de la part de nombreux acteurs, espère la vice-présidente de l’ObsAR, Annie Sorel. Dans les mois et les années à venir, les citoyens seront sans doute encore plus en demande de transparence sur l’origine des produits et pourraient pousser à une relocalisation de la production. »

A tous ceux qui souhaiteraient aujourd’hui se convertir, ou accélérer leur démarche, la norme ISO 20400 offre un chemin aussi balisé que vertueux. Conçue comme un guide pratico-pratique, elle ne s’adresse pas simplement aux directeurs des achats, mais à tous les échelons de l’entreprise, du comité exécutif aux acheteurs, pour engager la totalité de l’organisation dans une logique responsable. « Pour qu’une telle politique fonctionne, il faut qu’elle soit alignée avec la stratégie de l’entreprise, explique Annie Sorel. De surcroît, le principe de la norme permet aux organisations, PME comme grands groupes, d’obtenir un avantage concurrentiel en favorisant leur notation extra-financière, en facilitant le benchmarking et en leur permettant de mieux répondre aux appels d’offres internationaux. »

Ouvrir les yeux des acheteurs

Au-delà de la notion de risques qu’elle intègre, la norme ISO 20400 propose aux acheteurs de raisonner non pas en fonction du seul prix d’achat, mais selon le « coût du cycle de vie » d’un produit, dont le prix n’est qu’une des composantes. A ce dernier, il faut ajouter les coûts d’utilisation, d’acquisition et de fin de vie, afin d’obtenir le « coût total de possession » (TCO), les coûts et bénéfices liés aux risques et opportunités qu’il induit pour l’entreprise, mais aussi les externalités environnementales, sociales et sociétales, positives comme négatives, qu’il engendre en amont, au niveau des fournisseurs, et en aval, au niveau des citoyens. « Parmi ces externalités, il y a celles que l’on peut facilement chiffrer, comme les émissions de CO2 et leur impact sur le réchauffement climatique, mais aussi les impacts sur la santé – pollution, bruits, accidents… – dans le domaine du transport, par exemple, et celles qui ne sont pas encore chiffrables, comme l’impact sur la biodiversité, que l’on appelle les ‘externalités non monétisables’ », complète Annie Sorel.

Parfois complexe à mettre en oeuvre à l’échelle de toute une entreprise, selon l’aveu de ses propres concepteurs, la méthode d’analyse en coût du cycle de vie a le mérite d’ouvrir les yeux des acheteurs, et avec eux de l’ensemble des décideurs. Et d’envisager l’achat d’un produit non pas à l’aune de son seul prix, sonnant et trébuchant, mais bien en fonction de ses impacts pour l’ensemble de la société. « Une réflexion vertueuse, nécessaire, qui sera bientôt facilitée par les nombreux outils en cours de développement, notamment ceux qui ont trait aux externalités non monétisables », assure la vice-présidente de l’ObsAR.

À noter

 

D’ici la fin de l’année, l’Afnor sortira un guide pratique consacré à la norme ISO 20400 dans le cadre de sa collection « 100 questions pour comprendre et agir ».

 

Les anciennes Pages Jaunes aux prises avec leurs créanciers, Crédits

Les anciennes Pages Jaunes aux prises avec leurs créanciers, Crédits

Bataille autour du capital des anciennes Pages Jaunes. En restructuration, pour la troisième fois de son histoire,
le groupe de 3.500 salariés
vit un moment charnière : plombé par sa dette, il devra trancher cette semaine avec ses actionnaires s’il fait entrer ses créanciers à son capital ou se tourne vers un chevalier blanc.

Solocal
avait jusqu’à ce soir pour trouver le moyen de rembourser sa dette. A partir de lundi, les créanciers du groupe étaient en droit d’accélérer les sûretés attachées à leur quelques 420 millions d’euros d’obligations. En d’autres termes, d’en prendre le contrôle. Menés par Golden Tree, ces derniers viennent d’accepter d’accorder un nouveau moratoire à la société.

Mais pour y échapper, une seule alternative : selon des sources, Solocal devrait lancer une augmentation de capital d’environ 270 millions d’euros qui serait garantie par les créanciers, dont 185 millions serviraient à les rembourser. Sinon, ils convertiraient une partie de leurs créances en capital. Dans tous les cas, le principal créancier Golden Tree détiendrait entre 15 % et 40 % du capital maximum.

Soutien du management

Mais le potentiel de croissance et la chute de valeur de la société – qui ne dépasse pas les 94 millions d’euros en Bourse quand KKR et Goldman Sachs en avaient pris 55 % en 2006 pour 3,3 milliards d’euros- a attiré un autre acquéreur, comme l’indique « Le Monde ». Le fonds d’investissement Montefiore se dit ainsi prêt à soutenir une augmentation de capital de son côté de 200 millions d’euros, dont 70 millions d’euros seulement viendraient rembourser les créanciers, indiquent des sources.

Il devrait ensuite obtenir des créanciers d’abandonner la moitié de leur dette totale. « Cette proposition a, elle, le soutien du management de l’entreprise et au final l’endettement du groupe serait largement réduit, à moins de deux fois son Ebidta », assurent des sources. La société n’a pas souhaité faire de commentaire et indique être « engagée, comme annoncé » dans une phase de renforcement de la structure financière ».

Palantir pourrait entrer en Bourse à l'automne, Introduction en bourse

Palantir pourrait entrer en Bourse à l'automne, Introduction en bourse

L’entrée en Bourse de Palantir se précise. Selon Bloomberg, la
société américaine spécialisée dans l’analyse
et le traitement de données prépare son document d’introduction, qui pourrait être envoyé à la Securities and Exchanges Commission (SEC) dans les semaines qui viennent, pour de premiers pas à Wall Street à l’automne. Palantir travaillerait avec des banques pour clarifier son actionnariat privé avant l’introduction, ainsi qu’avec des consultants. L’opération a toutefois déjà été
évoquée plusieurs fois par le passé,
sans jamais se concrétiser.

Lors de son dernier tour de table en 2015, Palantir était valorisé 20 milliards de dollars par les investisseurs. L’an dernier, alors que la société recherchait de nouveau des fonds, elle visait une valorisation comprise entre 26 et 30 milliards. La société américaine pourrait entrer en Bourse alors qu’elle vient tout juste d’atteindre l’équilibre financier, après seize ans de pertes. Toujours selon Bloomberg, elle a généré un chiffre d’affaires de 1 milliard de dollars cette année.

Réputation sulfureuse

Palantir est né d’une collaboration entre les secteurs public et privé. Dès sa naissance, la société a été financée par In-Q-tel, le fonds d’investissement de la CIA, qui posséderait encore 2 % du capital. Ses premiers clients étaient d’ailleurs, exclusivement, des agences gouvernementales : la CIA, le FBI, la NSA, l’agence ICE, chargée d’arrêter et d’expulser les migrants illégaux, l’Armée… Peu à peu, toutefois, son système va aussi séduire les entreprises, dont les banques, pour qui elle détecte les comportements frauduleux.

Sa réputation est pourtant toujours aussi sulfureuse, surtout dans un contexte où les
pratiques de la police sont remises en cause
aux Etats-Unis. La société fondée, entre autres, par
Peter Thiel
, soutien de Donald Trump, a été maintes fois accusée d’intrusion dans la vie privée. Avec la crise du coronavirus, elle a aussi tenté une percée dans le monde de la santé, proposant aux gouvernements d’aider au déploiement de solutions de traçage. Le Covid-19 a d’ailleurs contribué à gonfler ses revenus.

Pour séduire les investisseurs, Palantir amorce une opération transparence. Son patron, Alex Karp, avait récemment confié viser la Bourse au cours des douze prochains mois et le conseil d’administration devrait être élargi, alors qu’il ne compte aujourd’hui que quatre membres, dont Peter Thiel. Deux indépendants pourraient être nommés prochainement.

Bureau de New York

Prêts garantis : le cap des 100 milliards atteint, les banques mutualistes en tête, Crédits

Prêts garantis : le cap des 100 milliards atteint, les banques mutualistes en tête, Crédits

La liste s’allonge. Dernier en date, Nexans a annoncé jeudi la signature d’un prêt garanti par l’Etat de 280 millions d’euros. Le fabricant français de câbles rejoint ainsi une dizaine d’autres grandes entreprises dont Renault,
Air France
ou FNAC Darty qui ont obtenu un crédit auprès des banques, afin de traverser les difficultés causées par la pandémie.

Mais
le dispositif lancé fin mars
atteint aussi en masse les petites entreprises et les « pros ». Les sommes engagées à ce jour restent impressionnantes : au 5 juin, les prêts accordés approchaient les 100 milliards d’euros, selon les derniers chiffres publiés par Bercy (97 milliards), sur une enveloppe totale de 300 milliards d’euros. Ce qui représente déjà un peu plus de 4 % du PIB français.

Le secteur n’en est pas peu fier. « Nous avons été les soignants des entreprises et des pros pendant cette période », commente Christine Fabresse, directrice générale Banque de proximité et Assurances chez BPCE. Le groupe, qui chapeaute les réseaux Banque Populaire, Caisse d’Epargne, Natixis et Banque Palatine, a autant prêté en deux mois et demi qu’en une année.

Qualifié « d’immense succès du système bancaire français »
par le patron de bpifrance, Nicolas Dufourcq
, le PGE, distribué dans tous les réseaux, reflète peu ou prou les rapports de force des banques sur le marché des entreprises.

Ces montants vont encore progresser

Selon des données déclarées par les établissements et compilées par « Les Echos » (sur la base des prêts accordés à fin mai), les groupes mutualistes ont été les principaux pourvoyeurs de prêts garantis depuis fin mars, avec plus de 70% de parts de marché cumulées.

BPCE représente environ 25,8 % des montants accordés, avec près de 22,5 milliards d’euros, dont une part plus importante pour Banque Populaire, traditionnellement bien implantée dans les entreprises. Suivent Crédit Agricole (20,5 milliards d’euros) puis le groupe Crédit Mutuel (18,9 milliards), avec respectivement 23,5 % et 21,6 %.

Société Générale (12,2 milliards) et BNP Paribas (11,4 milliards) sont au coude-à-coude avec 14 % et 13 % des crédits octroyés. Des performances supérieures au poids naturel des deux établissements, qui s’expliquent par une clientèle comptant moins de PME et plus d’ETI ou grands groupes et par leur participation aux « gros » PGE de la place, comme Nexans ou Air France.

La Banque Postale suit de loin avec 770 millions d’euros accordés, soit moins de 1 % du total. Enfin, bpifrance, HSBC et d’autres filiales de banques étrangères complètent le dispositif.

Ces montants vont encore progresser, à mesure que les banques instruisent les demandes en cours d’examen, le taux de refus restant très bas pour les PGE (autour de 2,5 % des demandes).

Reste qu’une page se tourne pour ce mécanisme anti-crise : après un démarrage intense et une mobilisation très forte, l’ensemble des banques estime que le rythme a commencé à ralentir. « On reçoit environ 1.000 demandes de PGE par jour, contre 10.000 au début du confinement », indique Christine Fabresse, chez BPCE.

Prêts garantis : le cap des 100 milliards atteint, les banques mutualistes en tête

Emprunter plusieurs fois

Après le pic du mois d’avril, le ralentissement de la demande s’expliquerait par un phénomène d’attentisme.
Le déconfinement de l’économie n’est pas encore complet
, et d’un secteur à l’autre, d’une ville à l’autre, l’activité n’a pas repris de façon uniforme.

« Les clients en situation d’urgence sont venus les premières semaines. Nous rencontrons désormais des entreprises et des professionnels qui avaient de quoi voir venir, mais se rendent compte qu’ils pourraient encore avoir des besoins de trésorerie, alors que la situation reste incertaine », explique Christine Fabresse.

« Nous nous attendons à une reprise de la demande de PGE en septembre », explique un banquier, un sentiment partagé par d’autres établissements. D’autant qu’il est possible de souscrire des prêts garantis jusqu’au 31 décembre.

A la rentrée, les entreprises y verront plus clair sur leurs besoins de financement. Certains reviendront sans doute une deuxième fois au « guichet », car il est possible d’emprunter plusieurs fois, dans la limite du plafond prévu pour le PGE.

Du côté des banques, les prochaines semaines serviront à affiner l’analyse des risques, entreprise par entreprise, l’endettement n’ayant été pour certaines qu’un sursis, et à anticiper les besoins des secteurs sortis indemnes de la crise.

Covid-19 : pour une nouvelle approche de l'exception de l'entreprise défaillante, Fusion-acquisition

Covid-19 : pour une nouvelle approche de l'exception de l'entreprise défaillante, Fusion-acquisition

Face à la crise du Covid-19, on peut s’attendre à une multiplication des concentrations impliquant d’une part des entreprises qui ont su résister à l’orage, et d’autre part des entreprises en grande difficulté financière. La disparition de ces dernières entraînerait des pertes d’infrastructures clés (transport, tourisme, commerce de proximité…) ou de droits de propriété intellectuelle essentiels.

Un principe d’exception

La Commission Européenne peut conclure qu’une opération de concentration, même lorsqu’elle pose des problèmes de concurrence, peut exceptionnellement être autorisée si la cible est une « entreprise défaillante ». Les critères de cette exception utile du « failing firm defense » (« FFD ») restent particulièrement stricts et, dans le contexte actuel, la Commission devrait réexaminer leur application.

Le principe du FFD est que l’opération ne doit pas être la cause de la détérioration de la structure de la concurrence. L’entreprise doit être vouée à disparaître du marché, en emportant avec elle ses actifs. L’opération de concentration, bien que problématique, doit être la solution la moins anticoncurrentielle.

Le FFD n’a été accepté par la Commission qu’à quatre reprises dans les affaires Kali + Salz/Mdk/Treuhand (1993), BASF/Eurodiol/Pantochim (2001), Nynas/Shell/Harburg Refinery (2013), et Aegan/Olympic II (2013). Dans ces affaires, la Commission avait procédé à une enquête approfondie en phase II, au cours de laquelle elle avait demandé preuves et documentations très denses aux parties et aux tiers.

Dans l’
affaire BASF
, la Commission avait ouvert une phase II car elle s’inquiétait de ce que BASF détienne 45 % des parts de marché en acquérant deux entreprises en difficulté. La Commission avait fait preuve de pragmatisme en estimant qu’une faillite risquerait de causer des pénuries d’approvisionnement et des hausses de prix affectant les clients dans des proportions plus importantes que si la concentration était autorisée.

L’expérience de ce type de dossiers montre néanmoins qu’il est très difficile de convaincre la Commission d’autoriser au titre du FFD une concentration qui pose par ailleurs des problèmes de concurrence, et qui ne serait normalement autorisée qu’à condition d’engagements substantiels, voire qui seraient interdites.

Des critères du FFD à assouplir

La Commission avait rejeté l’idée d’assouplir les critères du FFD en temps de crise notamment en 2008. Mais le choc du Covid-19 est exceptionnel et de plus grande ampleur, et l’urgence justifie cet assouplissement. A cet égard, les éléments suivants devraient être pris en considération par la Commission.

D’abord, le règlement sur les concentrations qui ne prévoit pas le FFD ne doit pas être modifié. Sans débat avec les 27 Etats, la Commission a une marge de manoeuvre suffisante et rapide pour décider de comment faire son analyse du FFD. Le FFD devrait pouvoir être présenté dès le stade de la pré-notification. Dans chacune des affaires mentionnées ci-dessus, l’autorisation a été délivrée à l’issue de la phase II, soit au minimum après quatre mois d’enquête. Les entreprises déjà placées en sauvegarde ne peuvent s’accommoder de ce calendrier, et risquent d’être liquidées avant que la décision n’ait été rendue.

S’agissant de la disparition de l’entreprise, la Commission devrait se satisfaire d’une
déclaration de l’administrateur judiciaire
, le cas échéant appuyée d’une confirmation par le juge commissaire voire le tribunal. Les preuves démontrant qu’il n’existe pas d’autre acheteur, de nature moins anticoncurrentielle devraient être acceptées par la Commission dès la phase de pré-notification. Comme dans les affaires BASF et Shell, la Commission devrait prendre en considération les effets anticoncurrentiels sur le marché autres que seulement structurels.

A situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles. Espérons que la Commission fera preuve d’adaptabilité et de réalisme dans son analyse des concentrations, comme elle l’a démontré ces dernières semaines en matière d’aides d’Etat.

Cette chronique est proposée par le Club des juristes.

Par Jacques Buhart, avocat, fondateur et associé du bureau parisien de McDermott Will & Emery

La recherche d'économies, première réponse à la crise, Contrôle de gestion

La recherche d'économies, première réponse à la crise, Contrôle de gestion

Tendance
Les responsables financiers souhaitent également travailler sur leur chaîne d’approvisionnement et accélérer la transformation numérique de leur entreprise.

La récession est inéluctable.
C’est du moins l’opinion des grands argentiers
, récemment interrogés par Sapio pour Coupa Software lors d’une enquête mondiale réalisée début mai auprès de plus de 650 financiers d’entreprises de plus de 500 salariés. La majorité (55 %) s’attend à ce que la récession dure plus de six mois, au point que 44 % des responsables placent aujourd’hui le risque financier au premier rang de leurs préoccupations. « L’incertitude va probablement perdurer pendant plusieurs mois et les entreprises doivent s’assurer de disposer des ressources nécessaires à leur survie, quelles que soient les évolutions du marché », prévient Rob Bernshteyn, PDG de Coupa Software.

Pour faire face, les responsables français misent sur trois leviers principaux.
La digitalisation, bien sûr
 : 38 % souhaitent « accélérer la transformation numérique de leur organisation pour s’adapter à la nouvelle normalité ». Par ailleurs, quelque 39 % veulent
diversifier les fournisseurs
de leur entreprise. De fait, 49 % des professionnels interrogés s’inquiètent de la santé financière de leurs fournisseurs, de premier ou de second rang, alors même que 23 % craignent de ne pas être capables d’en changer rapidement.

Limiter les coûts

« La crise sanitaire a rendu le concept de risque fournisseurs très concret : on a vu l’importance du sujet, tant avec les masques qu’avec les équipements sanitaires. Pendant le confinement, beaucoup d’entreprises n’arrivaient pas à joindre leurs fournisseurs ou à se faire livrer. Le niveau des débats – et des enjeux – s’est tout à coup élevé dans les entreprises : réduire le risque de supply chain est devenu une priorité. Jusqu’à présent, les entreprises suivaient ce risque en moyenne sur 10 % de leurs fournisseurs et veulent aujourd’hui élargir le panel. A terme, on peut espérer que la gestion de ce risque va devenir plus agile et dynamique, notamment grâce à une intelligence communautaire sur le sujet », explique Ronan Kerouedan, vice president global value solutions consulting chez Coupa.

Enfin, de nombreux responsables financiers souhaitent réaliser des économies : 40 % des financiers français interrogés s’efforcent actuellement d’en identifier les « possibilités ». Les trois quarts des responsables (72 %) veulent limiter les coûts en procédant à des « réductions générales ou ciblées par département au cours des six à douze prochains mois ». Une démarche qui peut s’avérer difficile puisque 74 % des professionnels suivent leurs dépenses « à l’ancienne », 25 % utilisent plusieurs systèmes et 14 %
sont encore tributaires de tableurs
.

Soyons bien conscients que la RSE est un levier de création de valeur, Valorisation

Soyons bien conscients que la RSE est un levier de création de valeur, Valorisation

Le « monde d’après » sera-t-il vraiment plus vertueux que le précédent ? Avant même la crise du coronavirus, la responsabilité sociétale des entreprises (RSE) est, en tout cas,
devenue un outil incontournable de management
en apportant un sens et une cohérence au projet d’entreprise par la prise en compte des dimensions économique,
environnementale
et sociale et la recherche de la triple performance. Les investissements intégrant cette triple composante ont enregistré une croissance record pour atteindre, selon une étude publiée en août dernier par le lobby américain Business Roundtable, un montant de 30.000 milliards de dollars, soit une hausse de près de 70 % depuis 2014 et une multiplication par dix depuis 2004. On est là bien loin d’un simple phénomène de mode ou d’un exercice de communication par des entreprises soucieuses d’améliorer leur image.

La thèse largement répandue pendant de longues années d’une opposition irréductible entre la performance financière et la prise en compte des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance a été très largement démentie par de nombreuses recherches. On citera en particulier l’étude la plus exhaustive sur le sujet menée par Gunnar Friede, Timo Busch et Alexander Bassen et publiée en décembre 2015 dans le « Journal of Sustainable Finance and Investment ». Sur un échantillon de 2.200 études empiriques, les trois chercheurs allemands concluent que, dans plus de 90 % des cas, l’intégration des facteurs RSE a eu un impact positif ou neutre sur les rendements financiers. De manière plus spécifique, l’impact sur la rentabilité des capitaux propres est positif dans 63 % des cas et négatif dans seulement 8 % d’entre eux.

Cinq leviers

Pourquoi une approche RSE s’avère-t-elle financièrement rentable ? Là aussi, de nombreuses recherches ont été effectuées. Le cabinet de conseil McKinsey propose, dans un article de « McKinsey Quarterly Review » daté de novembre dernier, cinq leviers expliquant
la relation positive entre RSE et création de valeur.

Le premier impacte la croissance du chiffre d’affaires,
en attirant davantage de clients
sensibles au développement durable et en sécurisant un meilleur accès aux ressources naturelles grâce à de meilleures relations avec les gouvernements et les communautés locales. En second lieu, la réduction des coûts, par une plus faible consommation d’énergie et une diminution sensible des déchets, s’avère souvent être très significative. Vient ensuite la minimisation des contrôles et des interventions légales et réglementaires et l’obtention de subventions et d’aides d’Etat. Le quatrième levier est caractérisé par les progrès de productivité résultant d’une motivation accrue du personnel et d’une attractivité plus forte des talents générée par une crédibilité sociale renforcée. Enfin, l’optimisation des investissements provenant d’une meilleure allocation des capitaux à long terme vers des installations plus durables et des équipements plus économes renforce cette relation positive constatée entre RSE et rentabilité financière.

Même s’il n’y a aucune certitude que ces cinq leviers de création de valeur fonctionnent de concert, même si les effets peuvent varier fortement d’un secteur d’activité à un autre ou entre différentes régions géographiques, les trois auteurs de l’étude de la « McKinsey Quarterly Review», Witold Henisz, Tim Koller et Robin Nuttall, concluent que le potentiel de création de valeur est trop important pour ne pas être exploré et qu’« il devient de plus en plus urgent que tous les leaders prennent conscience de ces connexions ».

Marc Bertonèche est professeur des Universités et enseignant à Oxford, à HEC et au Collège des Ingénieurs.

Délais de paiement : le comité de crise inquiet d'un retour des mauvaises pratiques, Gestion de trésorerie

Près d’un mois après le déconfinement, le constat est plutôt rassurant. Du moins pour l’instant. Le Comité de crise sur les délais de paiement, qui traite depuis la fin mars les signalements de comportements « anormaux » de grands groupes ou d’ETI, relève un ralentissement des cas de retard de paiement. De quoi soulager la trésorerie des entreprises, mise à mal par six semaines d’arrêt de l’activité économique.

A ce jour, une quarantaine de cas ont été signalés depuis la mise en place de ce comité, coanimé par le médiateur des entreprises et le médiateur du crédit. Trois quarts de ces dossiers ont finalement donné lieu à des engagements de la part des entreprises concernées pour rectifier le tir et respecter les délais de paiement.

Tensions accrues sur la trésorerie

« Il ne faut pas relâcher la vigilance », prévient toutefois Pierre Pelouzet, médiateur des entreprises. Car si l’action du comité a pu freiner les mauvaises pratiques de grands groupes, cette accalmie s’explique aussi par la baisse de l’activité économique. « Nous sommes dans l’oeil du cyclone. Le risque est que la reprise nous ramène à des difficultés de paiement ou à des tensions interentreprises. Or, c’est maintenant que le besoin de trésorerie des entreprises est le plus pressant, avec le redémarrage de l’activité et la fin programmée des mesures de soutien », explique Pierre Pelouzet.

Selon le baromètre bpifrance et Rexecode, 82 % des PME s’attendent à une poursuite de la dégradation de leur trésorerie au cours des prochains mois, et 7 % estiment leurs difficultés insurmontables. « C’est au moment de la reprise que les risques de tensions sur le besoin de fonds de roulement sont les plus forts », confirme Sarah Roussel, directrice générale de BNP Paribas Factor.

Un tiers des factures payées avec retard

Le risque est d’autant plus grand que la France est championne sur le terrain des délais et retards de paiement. Alors que la durée maximum légale est déjà de 60 jours dans le secteur privé, plus d’un tiers des factures ont été payées avec plus de dix jours de retard sur l’échéance en avril, contre 20 % en moyenne avant le confinement, selon une étude de KPMG. Ce qui équivaut à 10 ou 15 milliards d’euros qui ne se retrouvent pas dans la « bonne caisse ». Ce problème structurel pour les entreprises en temps normal risque de devenir crucial en temps de crise.

D’autant que le comité de crise alerte, à nouveau,
sur l’émergence de nouveaux types de comportements « anormaux »
de certaines entreprises, comme les pressions exercées sur les fournisseurs pour baisser les prix ou certaines pratiques autour de la facturation, qui permettent de retarder l’émission de la facture sans toucher le délai de paiement en lui-même.

Pourtant, souligne Pierre Pelouzet, « c’est bien la rapidité des paiements » qui sera la clé de la reprise : « si tout le monde joue le jeu, nous pouvons espérer un redémarrage sans trop de dégâts. Mais c’est le chacun pour soi, nous risquons d’aller tout droit dans le mur ».

La dette des entreprises françaises s'approche des 2.000 milliards d'euros, Crédits

La dette des entreprises françaises s'approche des 2.000 milliards d'euros, Crédits

C’est un seuil inédit. Dans quelques mois, les entreprises françaises franchiront la barre des 2.000 milliards d’euros d’endettement, d’après les dernières statistiques de la Banque de France. A fin avril, leur encours de dette a quasi doublé depuis la crise financière de 2008 : plus de 1.800 milliards d’euros de prêts bancaires et obligataires gonflaient leur bilan, selon l’institution. Au rythme de croissance des octrois de prêts garantis par l’Etat (PGE) et des taux planchers historiques offerts par les banques pour faire face à la crise du Covid-19,
le mur de la dette
des sociétés françaises va ainsi entrer dans une zone à risque.

Rien qu’en avril, les entreprises françaises sont allées chercher quelque 163 nouveaux milliards d’euros de crédit, un montant sans précédent sur les seize dernières années. Sur ce total, les banques en ont octroyés 96 milliards, un volume équivalent au printemps de l’année 2008, avant que n’éclate la crise avec la chute de Lehman Brothers à l’automne.

Pas d’équivalent en Europe

L’endettement a été propulsé par les prêts sans marge octroyés par les banques avec une garantie de 70 % à 90% de l’Etat : à lui seul,
Air France a obtenu 4 milliards
d’euros de prêts. Depuis son introduction fin mars, 469.000 entreprises ont décroché un prêt garanti pour 88 milliards d’euros. Des montants qui n’ont
pas d’équivalent en Europe
.

A fin avril, le rythme de croissance des encours d’endettement des entreprises approchait les 10 %. La dynamique n’a fait que s’accélérer depuis le début de l’année, passant de 5,7 % de hausse des encours en janvier, à 5,8 % en février, puis 7,1% en mars et 9,9 % en avril, constate la Banque de France. La vérité sur les difficultés des entreprises ne pourrait en outre se révéler qu’à la rentrée, avec de nouveaux besoins en
quasi fonds propres pour renforcer les bilans
.

Des taux bancaires planchers

Cet emballement s’alimente de taux de crédit bancaires inédits depuis 2003, à 1 % en moyenne en avril. Avec les financements de marché, dont les taux s’élèvent à 1,58 %, le coût moyen ne dépasse pas 1,22 %. Ce taux, largement dû à la politique monétaire de la Banque centrale européenne, est certes un peu plus élevé que le plancher historique de janvier, mais il reste dans les plus faibles enregistrés jusqu’ici dans le pays.

Cette accélération a de quoi placer en état d’alerte les autorités. A fin 2018, selon le Fonds monétaire international, les entreprises françaises figuraient dans
[[https://www.imf.org/external/datamapper/NFC_LS@GDD/CHN/FRA/USA/GBR]]
dans le monde, en pourcentage du PIB : plus de 140 % contre 74,45 % aux Etats-Unis. Un niveau loin de l’Irlande (191%) mais pas si éloigné des plus hauts de la Belgique, des Pays-Bas ou de la Chine (153,6%).

En 2018, le Haut conseil de stabilité financière (HCSF) avait décidé déjà de limiter à 5 % de leurs fonds propres les expositions des banques aux grandes entreprises françaises les plus endettées. «L’endettement brut des sociétés non financières rapporté au produit intérieur brut (PIB) est en hausse presque continue depuis 2005, ce qui contraste avec l’évolution observée dans les principales économies de la zone euro», justifiait alors l’organisme chargé de veiller à la stabilité financière en France.

Vigilance du Haut conseil pour la stabilité financière

Le Haut conseil expliquait alors vouloir préserver la résilience des banques «face à un risque de défaut des entreprises les plus endettées», « renforcer la discipline de marché» devant les risques croissant liés à «une dynamique excessive de l’endettement de ces grandes entreprises notamment au regard de la perspective d’une remontée des taux », et enfin « inciter ces mêmes entreprises à maîtriser leur endettement ».

Depuis, le poids de la dette des entreprises s’est encore alourdi et la vigilance de l’institution ne s’est pas relâchée. Le Haut conseil vient de décider de renouveler ce plafond de 5 % pour un an supplémentaire, jusqu’en juin 2021, au-delà des 24 mois prévus initialement. Une décision que l’Autorité bancaire européenne a approuvé fin mai.

La dette des entreprises françaises s’approche des 2.000 milliards d’euros

Bercy dope son dispositif de protection des entreprises contre les impayés, Gestion des risques

Bercy dope son dispositif de protection des entreprises contre les impayés, Gestion des risques

Les inquiétudes des entreprises ont été entendues. Le gouvernement a décidé de renforcer
le filet de sécurité déployé au début de la crise du Covid-19
pour que les assureurs-crédit continuent de protéger les sociétés contre les impayés de leurs clients.

Le projet de loi de finances rectificative (PLFR) présenté mercredi confirme ainsi la création d’un nouveau programme de soutien à l’assurance-crédit baptisé « Cap Relais ». Ce « schéma de réassurance globale » doit permettre d’« éviter une crise de confiance généralisée sur les flux de paiements, qui aurait pour impact à très court terme la réduction, voire l’arrêt, de l’activité d’un grand nombre d’entreprises françaises », insiste l’exécutif dans le PLFR.

Face à l’augmentation du risque de faillites
, les assureurs-crédit tendent à réduire leurs risques et donc les garanties offertes, ce qui
inquiète les autorités et surtout les entreprises
. Celles-ci redoutent de n’être plus suffisamment protégées dans leurs relations commerciales.

Pour que les assureurs-crédit maintiennent au maximum leurs couvertures, l’Etat, via le réassureur public CCR, se montre prêt à assumer jusqu’à 75 % de leurs risques actuels, en échange de 75 % des primes perçues.

Une « passerelle »

Inspiré de ce qui s’est fait ailleurs en Europe, ce mécanisme,
en discussions depuis plusieurs semaines,
se veut cependant plus protecteur pour les finances publiques.
[[https://www.lesechos.fr/finance-marches/banque-assurances/assurance-credit-lallemagne-met-30-milliards-deuros-de-garantie-1202345]]
, le partage de risques est beaucoup plus défavorable pour l’Etat »
, souligne-t-on dans l’entourage du ministre de l’Economie. En France, il est ainsi prévu un plafond de pertes au-dessus duquel la facture des sinistres sera entièrement payée par les assureurs-crédit et non plus partagée avec l’Etat. De quoi limiter l’exposition maximale de l’Etat à environ 1,7 milliard d’euros.

Ce nouveau filet de sécurité est temporaire et doit protéger les assureurs-crédit face aux risques pris entre la mi-mars, date de début du confinement, et la fin de cette année. Le gouvernement compte toujours sur le système des offres
« CAP », « CAP + » et « CAP Export »
, mis en place dans la foulée du confinement, grâce à une garantie publique
relevée à 15 milliards d’euros
. Ces garanties sont progressivement déployées, mais elles sont parfois laborieuses à mettre en place selon les entreprises.

Plus de simplicité

CAP Relais, «nous paraît beaucoup plus puissant et beaucoup plus opérationnel», déclare Patrick Martin, président délégué du Medef. «C’est un dispositif qui est beaucoup plus simple pour les assureurs-crédit et les entreprises qui n’ont rien à faire pour en bénéficier », insiste de son côté Nicolas de Buttet, membre du comité exécutif de l’assureur-crédit Coface. « Ce qu’on souhaite c’est que ce système CAP Relais bénéficie aux entreprises de toutes tailles et pas seulement aux plus petites et aussi aux entreprises exportatrices », insiste-t-il cependant. Un voeu qui devrait être exaucé par le PLFR, confirme Bercy.

« Grâce à ce dispositif renforcé, nous, assureurs-crédit et entreprises, allons pouvoir passer beaucoup plus sereinement cette crise économique », assure de son côté Eric Lenoir, président du comité exécutif du poids lourd du secteur Euler Hermes France. Et d’insister sur le côté « vertueux » de ce schéma, qualifié comme « le plus intelligent » d’Europe.