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Finance

Confinement : le témoignage d'Aurélie Perraud-Vallée, DAF de Magnicity, Profils

Confinement : le témoignage d'Aurélie Perraud-Vallée, DAF de Magnicity, Profils

Zéro chiffre d’affaires : depuis le week-end du 15 mars, l’Observatoire de la Tour Montparnasse
n’accueille plus personne
, pas plus que les autres sites du groupe Magnicity, à Berlin, Rotterdam, Chicago ou Philadelphie. Un arrêt d’activité brutal et mondial pour ce groupe familial spécialisé dans le tourisme urbain, qui emploie 250 collaborateurs et affiche normalement un chiffre d’affaires de l’ordre de 60 millions d’euros. « Presque tous les salariés sont au chômage technique. Seuls travaillent encore quelques responsables à la holding, les patrons de site et leurs comptables ou encore les équipes du marketing, qui gardent le contact avec les clients via les réseaux sociaux », précise la directrice financière du groupe, Aurélie Perraud-Vallée, confinée en région parisienne avec son mari, associé chez EY, et leurs trois enfants âgé respectivement de 12, 14 et 18 ans.

Une situation inédite qui l’a conduite à travailler en priorité sur les charges. « Nous avons mis en place des reportings de trésorerie pour chaque site et regardé en détail nos frais fixes et les dépenses que nous pouvions réduire. Nous devons faire autrement pour dépenser moins : c’est un vrai changement de culture, rapide, pour un groupe qui n’avait jusqu’à présent jamais fait face à des tensions de trésorerie », poursuit-elle. Autre sujet majeur : les aides et
les financements de type « PGE »
(prêt garanti par l’Etat) dont pouvait disposer le groupe. « Il y a beaucoup de dispositifs, mais il faut les activer et ne pas rater d’opportunités », souligne la responsable.

Quelques surprises positives

D’un point de vue technique, le groupe avait heureusement
entamé sa modernisation
courant 2019, depuis l’arrivée d’une nouvelle CEO, Alexia Vettier. L’outil Teams, sur lequel le groupe s’appuie quotidiennement aujourd’hui, avait ainsi été déployé en novembre dernier. « Nos sites étant presque toujours ouverts, nous ne nous étions jamais posé la question de l’accès à distance pour la comptabilité, la paie, ou les connexions bancaires. Toutes les équipes se sont mobilisées et se sont finalement révélées très opérationnelles : nous avons pu payer nos fournisseurs comme nos salariés, mais aussi boucler notre reporting mensuel, avec seulement un peu de retard. C’est la force des petits groupes : tout le monde a les mains dans le cambouis, et l’on peut se mobiliser très vite », assure la directrice financière.

Des surprises positives ? « La crise a mis en évidence l’esprit d’équipe et la solidarité des collaborateurs. Sans compter qu’elle a ramené beaucoup d’humain et de bienveillance dans les échanges », constate Aurélie Perraud-Vallée, qui a aussi découvert le télétravail. « Cette période de confinement a levé ma barrière psychologique sur le sujet : les journées sont clairement aussi denses qu’avant. Mes pauses-café sont simplement devenues des pauses maths », explique-t-elle.

Car, trois enfants à la maison, cela implique à la fois
de l’encadrement et de l’intendance
. « A leur âge, ils sont assez autonomes sur le plan scolaire. En revanche, nous avons un rôle de coach : il nous faut générer de l’énergie pour qu’ils se mettent au travail ; ou calmer le stress, notamment chez notre fils aîné qui va bientôt passer ses concours après deux années de classes préparatoires. En tant que managers, mon mari et moi sommes habitués à parler de l’agilité et l’adaptation à l’imprévu. Mais un adolescent semble avoir finalement plus de mal que nos équipes à entendre ces discours », reconnaît-elle.

Redémarrage

Côté corvées, la famille est réglée comme un cabinet d’audit : ménage le samedi matin en équipe complète et planning pour les repas, réalisés à tour de rôle, à raison de trois menus par semaine, y compris pour la cadette. « Même si nous passons l’essentiel de nos journées sur nos écrans, en conférences téléphoniques, cette période de confinement nous laissera aussi des moments de partage et de discussions avec les enfants », remarque Aurélie Perraud-Vallée, qui ne manque pas de s’étonner face à ce temps à la fois « long et que l’on ne voit pas passer ».

Reste, aujourd’hui, la question majeure du redémarrage. « On ne sait pas encore quand il aura lieu ni, surtout, comment. Il nous faut challenger notre business model : un nouveau tourisme urbain pourrait naître de cette crise. A nous de l’inventer. » A titre personnel ? Pas d’hésitation : la directrice financière de Magnicity attend avec impatience de pouvoir retrouver ses amies, au cours d’un apéro en terrasse.

Europcar obtient un prêt garanti par l'Etat de 220 millions d'euros, Crédits

Europcar obtient un prêt garanti par l'Etat de 220 millions d'euros, Crédits

Confronté à
l’arrêt brutal de son activité lié
à l’épidémie de coronavirus et aux mesures de confinement, Europcar a annoncé dimanche une série de financements de plus de 300 millions d’euros. Après des semaines de négociations avec ses banques et les pouvoirs publics, le loueur de véhicules a notamment finalisé un prêt garanti par l’Etat (PGE) de 220 millions d’euros.

« Ces nouvelles lignes de financement nous permettront de sécuriser nos activités et de les reprendre progressivement lorsque les économies locales redémarreront et commenceront à se redresser », a déclaré Caroline Parot, présidente du directoire d’Europcar Mobility Group, qui mène en parallèle un « plan de réduction des coûts significatif », dont les détails seront dévoilés mardi soir.

Le groupe de 10.000 salariés, dont 1.950 en France, veut notamment réduire sa flotte automobile (en partie louée) et ses redevances d’aéroport, tout en économisant sur ses loyers ou les services externalisés.

L’entreprise fait partie des réseaux d’envergure mondiale, comme Avis ou Hertz, qui tirent une bonne partie de leurs revenus de leurs agences dans les aéroports. Une reprise soutenue du trafic aérien dans les prochains mois serait déterminante pour soutenir leur activité. Mais ce scénario ne semble pas le plus probable, comme en témoigne la possibilité qu’Orly reste fermé jusqu’à l’automne.

Garantie à 90 %

Alors qu’Hertz se bat aux Etats-Unis contre le défaut de paiement, cette bouffée d’oxygène était décisive pour Europcar. Outre le PGE français, elle a obtenu de nouvelles lignes de financement garanties par l’Etat espagnol, à 67 millions d’euros, et une garantie d’Eurazeo,
le fonds de capital-investissement qui détient 29,9 % du groupe
, portant sur un montant de crédit supplémentaire de 20 millions d’euros.

Le prêt français bénéficie d’une garantie de l’Etat de 90 %, contrairement
à FNAC Darty
, qui avait obtenu 70 % (pour un montant de 500 millions) conformément au dispositif de PGE pour les très grandes entreprises. Son montant repose sur une base de chiffre d’affaires en France de 890 millions d’euros. Le groupe, qui réalise plus de 3 milliards de chiffre d’affaires dans le monde, discute avec d’autres Etats pour obtenir des prêts similaires.

La direction a renoncé au paiement de dividende en 2020 et 2021. Elle s’engage à ne pas en verser tant que le levier d’endettement net ne sera pas inférieur à 3 fois le résultat opérationnel (Ebitda). La société, qui a grandi par acquisitions, présentait un ratio de 3,2 fin 2019. Tout en réduisant ses coûts, elle veut « adapter la structure de [son] capital ainsi que celle de [sa] dette ».

Action au plus bas

Il reste à espérer que ce soutien financier ne sera pas qu’un sursis. La société suscitait déjà la défiance des investisseurs depuis la publication de résultats décevants au troisième trimestre 2019 (cette période correspondant au pic d’activité dans le secteur), et le cours de l’action se traînait fin février à moins de 4 euros, soit trois fois moins que lors de l’introduction en Bourse en juin 2015. Elle valait jeudi 1,70 euro.

Europcar avait lancé l’an dernier un plan stratégique, qui mettait l’accent, à côté de son métier traditionnel, sur le développement des mobilités urbaines, par le biais notamment de sa filiale Ubeeqo. Mais ces deux segments ont pris de plein fouet les conséquences économiques de la pandémie, avec un marché mondial de la location de voitures qui a fondu de 90 %.

Un nouveau Tweet d'Elon Musk fait plonger Tesla en bourse, Introduction en bourse

Un nouveau Tweet d'Elon Musk fait plonger Tesla en bourse, Introduction en bourse

Toujours aussi imprévisible, Elon Musk a de nouveau sévi sur Twitter, faisant plonger l’action Tesla de
10,3 % à Wall Street vendredi
. « Le cours de l’action Tesla est trop élevé » a ainsi écrit sur son compte, le patron du constructeur de véhicules électriques. Et ce, alors que Tesla venait d’annoncer un bénéfice surprise de 16 millions de dollars pour le premier trimestre.

La valorisation de Renault, PSA et Volkswagen réunis

Ces derniers mois, les résultats prometteurs de Tesla avaient fait décoller en flèche le cours de bourse, portant sa valorisation boursière à quelque 147 milliards de dollars, soit davantage que Renault, PSA et Volkswagen réunis. Mais outre les milliards de capitalisation boursière partis en fumée, ce tweet est susceptible d’attirer, une fois de plus, les foudres de la SEC, l’autorité américaine des marchés financiers, très sourcilleuse sur la communication d’informations ayant des conséquences sur l’évolution de la Bourse.

Bras-de-fer avec la SEC

En 2018, un précédent message d’Elon Musk, évoquant un possible retrait de Tesla de la bourse, avait déjà provoqué un bras de fer homérique entre le chef d’entreprise et la SEC. Ce dernier avait dû renoncer à la présidence du conseil d’administration de Tesla. En 2019, après de nouvelles hostilités, Elon Musk avait même dû s’engager à ne pas « tweeter » sur Tesla, sans le feu vert au préalable du directeur juridique.

Elon Musk ne s’est toutefois pas limité au seul sujet de la valorisation de Tesla. « Je vais vendre tous mes biens physiques. Ne posséderai (plus) de maison », peut-on lire dans un de ses messages sur Twitter. Dans deux autres, le fantasque dirigeant réitère ses critiques acérées contre le confinement destiné à limiter la propagation du Covid-19. « Rendez maintenant au peuple sa LIBERTE », s’est-il ainsi emporté. « Colère, colère contre la mort de la lumière de la conscience », proclame un autre de ses messages.

L’objectif du demi-million de véhicules

Mercredi, Elon Musk
avait déjà qualifié
de « fasciste » le confinement, estimant que cette mesure asphyxiait les entreprises. « Dire qu’ils [les Américains] ne peuvent pas quitter leur domicile et qu’ils seront arrêtés sinon, c’est fasciste. Ce n’est pas démocratique, ce n’est pas la liberté. Rendez au peuple leur foutue liberté ! », s’est étranglé l’entrepreneur au cours d’une conférence téléphonique, en réponse à des questions sur la reprise de l’activité de l’usine de Fremont, en Californie.

La Californie fut le premier état américain à ordonner le confinement total de ses 40 millions d’habitants, le 16 mars. Et la sortie du confinement n’est pas avant plusieurs semaines, a indiqué le gouvernement de Californie, au grand dam d’Elon Musk, qui espérait pouvoir rouvrir son usine de Fremont dès le 4 mai. Avec la prolongation du confinement, le patron de Tesla, qui n’a jamais semblé aussi de remporter son pari de s’imposer sur le marché de l’électrique, voit en effet s’éloigner son objectif de livrer plus de 500.000 véhicules en 2020.

Pour les prochains mois, l’activité de Tesla devrait donc se jouer en Chine : l’usine de Shanghai n’a finalement souffert que d’une brève interruption et le constructeur va bénéficier d’un partenariat avec le producteur de batteries CATL pour baisser encore le prix de la Model 3 (sous les 42.000 dollars). De quoi continuer de croître sur un marché en reprise.

Covid-19 : comment Claranova rassure ses investisseurs, Gestion des risques

Claranova n’a pas échappé à la tempête boursière provoquée
par la crise du Covid-19
. Déjà malmené par les marchés fin février, le spécialiste de l’édition de logiciels, de l’Internet des objets (IoT) et surtout de l’impression digitale personnalisée sur mobile a vu son cours de Bourse s’effondrer de près de 43 % entre le 2 et le 16 mars dernier. « Dans ce contexte d’inquiétude générale, dès que vous avez une approche mass market comme la nôtre, les investisseurs anticipent que vous allez être fortement touchés et ajustent leur position en fonction », assure son directeur financier, Sébastien Martin, pour justifier ce plongeon.

Malgré le confinement de ses salariés,
tous placés en télétravail
dès le vendredi 13 mars, le groupe technologique met alors tout en oeuvre pour stopper l’hémorragie, rassurer ses investisseurs et leur prouver la résilience de son business model. « Notre premier objectif était de sortir nos comptes en temps et en heure alors même que nos équipes étaient dispersées », explique le grand argentier. S’ensuit une mobilisation de ses commissaires aux comptes, d’une agence de communication externe pour réaliser la mise en page de ses résultats, mais aussi de solutions, de type webcast, pour les présenter aux analystes, aux investisseurs institutionnels et aux actionnaires individuels. « Il était très important que la crise n’empêche pas les interactions humaines, et notamment de pouvoir apporter des réponses aux questions que chacun pouvait se poser », ajoute Sébastien Martin.

Road shows virtuels

D’un point de vue logistique, l’exercice n’est pas sans poser quelques défis. « Habituellement, l’équipe de direction est réunie au même endroit, mais, en raison du confinement, chacun était, pour une fois, dans un lieu différent, sans matériel professionnel, ni studio d’enregistrement et avec de potentiels problèmes de bande passante », précise le directeur financier dont les inquiétudes se sont rapidement dissipées « grâce à la capacité d’adaptation de tous ». Parfois décalés en raison de problèmes de connexion ou d’impératifs exogènes
liés à la gestion de la crise
, les road shows virtuels, qui ont remplacé la série de rencontres physiques initialement prévue, ont pu finalement se tenir, et porter leurs fruits. « Nous avons pu démontrer à tous que notre activité sur mobile, qui représente 80 % de notre chiffre d’affaires, était peu impactée par la crise, que notre trésorerie était toujours assez abondante, et que l’essentiel de notre business model, récurrent, sans problème d’accessibilité prix et fondé sur l’abonnement, était particulièrement résilient », assure Sébastien Martin. Entre le 15 mars et le 15 avril, Claranova a même enregistré une hausse de 350.000 utilisateurs de son application d’impression photos, soit une croissance plus forte qu’il y a un an à la même période.

Surtout, le groupe technologique a pu prouver à ses partenaires financiers que, tout en tenant fermement les cordons de la bourse
pour garantir sa pérennité
, il réfléchissait déjà à l’après. « Si, en raison du manque de visibilité et pour préserver notre trésorerie, nous avons mis en attente certains projets de croissance externe et de développement organique, nous préparons déjà la sortie de crise, grâce à la conception, par exemple, d’une solution IoT pour les systèmes de traitement des eaux et à une vigilance accrue sur toutes les opportunités de croissance externe qui pourraient se présenter à nous », souligne Sébastien Martin. Une stratégie à laquelle les investisseurs semblent avoir été sensibles : sans renouer avec ses niveaux de début de février où il s’échangeait à plus de 7 euros, le titre Claranova a bondi, entre le 16 mars et le 23 avril, de plus de 70 % pour dépasser la barre des 5 euros.

Comment le confinement bouleverse la nature des dépenses des entreprises, Achats

Comment le confinement bouleverse la nature des dépenses des entreprises, Achats

La crise du Covid-19 et les mesures de distanciation sociale ont, bien sûr, 
un impact stratégique sur les entreprises
, mais pas que. Selon une étude comparative menée par Expensya sur près de 23 millions d’euros de frais professionnels engagés avant et pendant le confinement – du 17 février au 1er mars et du 23 mars au 5 avril -, les dépenses quotidiennes des organisations s’en trouvent, elles aussi, bouleversées.

Moins de voyages d’affaires, davantage d’indemnités kilométriques 

Au-delà de la baisse vertigineuse, de près de 83 %, des frais professionnels engagés par les salariés, l’expert de la gestion des notes de frais observe quatre tendances lourdes. D’abord, et logiquement, l’effondrement des dépenses 
liées aux voyages d’affaires
. Tandis que, en raison de la fermeture des frontières et de la limitation du trafic, ceux relatifs au transport aérien ont diminué de 88 %, les frais d’hébergement engagés lors de déplacements ont chuté de 96 %. « Les 4 % restants représentant des employés retenus dans un pays étranger ou dans une région éloignée de leur domicile », précise Expensya.

Au rayon des déplacements professionnels, l’étude constate, en revanche, une augmentation de 32,8% des indemnités kilométriques réclamées par les salariés. « Même si elle semble paradoxale en cette période de confinement, cette hausse s’explique par le fait que les véhicules personnels ont été privilégiés face aux transports en commun par les salariés des secteurs dits essentiels qui n’ont pas pu mettre en place le télétravail », expliquent les experts. Concomitamment, les dépenses de transport en commun, et même de taxis et de VTC, se sont effectivement effondrées, d’environ 82%.

Fournitures de bureau, forfaits télécoms et achat de gel hydroalcoolique

Lorsqu’elles ont pu y recourir
, le télétravail ne s’est, semble-t-il, pas fait à coût constant pour les entreprises. Face au changement brutal, et aux limites des services d’achats centralisés, les salariés ont rapidement réagi et ont massivement acquis le matériel nécessaire pour travailler depuis chez eux. Résultat : l’achat de fournitures de bureau -écrans, imprimantes, souris, et même chaises de bureau – a augmenté de 142 %. « Amazon et la Fnac font partie du top 10 des marchands sollicités par les professionnels durant cette période, remarque Expensya. De ce fait, les livraisons augmentent et l’on constate une hausse relative de 335% des frais postaux, de coursiers et autres services de livraison. »

Qui dit travail à distance, dit aussi dépenses de téléphonie et d’Internet. A la faveur du confinement, les services des acteurs du secteur des télécommunications sont ainsi devenus le principal poste de notes de frais. « Une explication possible est que les employés augmentent le débit Internet de leur domicile et améliorent leur forfait téléphonique pour compenser l’augmentation d’usage », souligne l’étude. A cela s’ajoutent de nouveaux frais liés à l’utilisation d’applications numériques permettant de collaborer à distance, comme celles de visioconférence, qui ont entraîné une hausse colossale, de 287%, des dépenses destinées à des services en ligne.

Financièrement plus symbolique, mais lourde de sens, les « frais pharmaceutiques » liés à l’achat de matériels de protection, notamment de gel hydroalcoolique, ont, quant à eux, été multipliés par dix, notamment dans les secteurs où les salariés continuent à se déplacer sur leur lieu de travail. Un nouveau poste de dépenses qui ne devrait, contrairement aux autres, pas faiblir avec le déconfinement qui s’annonce.

Covid-19 : comment la dématérialisation dope la résilience de Butagaz, Achats

Covid-19 : comment la dématérialisation dope la résilience de Butagaz, Achats

Des envois postaux 
réduits à la portion congrue
, personne dans les bureaux pour ouvrir le courrier et récupérer les factures ou les chèques… La situation est actuellement très difficile pour les entreprises qui ne s’étaient pas encore engagées sur le chemin de la digitalisation, tant côté clients que côté fournisseurs. Nicolas Rousseaux, chef de projet IT de Butagaz, avait heureusement pris les devants il y a un an, en mettant en place un processus digitalisé 
de traitement de ses factures fournisseurs
, avec l’éditeur Esker.

Le projet est né, tout d’abord, d’une incitation de la maison mère, le groupe irlandais DCC. « Le groupe est très avancé en matière de digitalisation. Il nous a demandé d’avoir des actions en ce sens, explique Nicolas Rousseaux, qui a mené le projet, en lien avec la direction comptable et financière du fournisseur d’énergie. L’idée est de mener toute une vague de dématérialisation : nous sommes déjà équipés depuis longtemps côté clients, mais il nous restait les contrats fournisseurs, les flux achats, etc. Nous avons choisi de commencer par la fin et de remonter la chaîne : c’était plus simple et plus logique. Ainsi nous avons commencé par la dématérialisation de nos factures fournisseurs, un process bien rodé aujourd’hui et qui permet de dégager rapidement un retour sur investissement. »

Gain de temps

Le projet a été l’occasion de revoir l’ensemble du process achat chez Butagaz. « Alors qu’auparavant, nous recevions beaucoup de factures sans commande, il est désormais obligatoire de passer une commande en amont : elle est nécessaire pour que le système puisse rapprocher facture et commande. Nous avons beaucoup gagné en sécurisation, mais aussi dans la piste d’audit, qui peut désormais être suivie de façon très claire : pour chaque facture, on sait quelles sont les personnes qui sont intervenues, qui a validé, etc. », détaille Nicolas Rousseaux.

Il y a encore deux ans, le service comptabilité fournisseurs du groupe traitait manuellement quelque 20.000 factures par an. En supprimant la gestion des factures papier reçues par La Poste, les équipes ont gagné environ deux heures par jour, un temps qui a pu être affecté à 
des tâches à plus haute valeur ajoutée
. Mais la digitalisation a aussi permis de réduire les pertes de factures, les doubles règlements, ou encore le temps passé sur les relances de validation internes.

Suivi simplifié

Enfin, le suivi de l’activité est aujourd’hui beaucoup plus simple : « La responsable de la comptabilité fournisseurs dispose désormais d’un tableau de bord pour suivre les flux de factures, les documents en attente de validation, ou encore les délais moyens de paiement. Avant, il fallait plutôt jauger à la hauteur de la pile à traiter ! », assure Nicolas Rousseaux. Se débarrasser du papier n’a toutefois pas été simple pour tout le monde. « Certains ont eu du mal à ne plus conserver les factures papier : il a fallu leur démontrer que si les documents sont correctement numérisés et archivés, leur authentification est garantie et ce n’est plus la peine de garder les originaux. »

Un an après la mise en place du projet ? Environ 80 % des factures reçues sont digitalisées. « La montée en charge s’est faite progressivement. Nous n’avons pas fait de communication de masse sur le sujet mais, à chaque nouveau contrat ou commande, nous expliquons notre nouveau process aux fournisseurs. La prise en main de l’outil est très facile pour les intermédiaires », précise Nicolas Rousseaux. L’objectif était d’atteindre 90 % d’ici la fin de l’année 2020 mais, de facto, avec la crise du Covid-19, seules les factures digitales peuvent être traitées. Les autres ? Elles attendent dans leurs enveloppes que quelqu’un passe les chercher.

Covid-19 : comment Faurecia assure sa liquidité, Crédits

Covid-19 : comment Faurecia assure sa liquidité, Crédits

Pour Faurecia, le freinage fut brutal. A la suite des mesures de confinement décidées dans de nombreux pays à travers le monde 
pour tenter d’endiguer la pandémie de Covid-19
, l’équipementier automobile a vu les usines de ses principaux clients, les constructeurs, 
mises à l’arrêt les unes après les autres
. Résultat : « A partir de la mi-mars, nous avions un chiffre d’affaires proche de zéro en Europe, mais aussi aux Amériques, comme cela avait déjà été le cas en Chine au mois de février », constate son directeur financier, Michel Favre. Se pose alors un défi vital, 
celui de la liquidité
, que Faurecia se doit d’assurer.

Afin d’évaluer les multiples impacts de la situation, malgré le manque de visibilité globale, l’équipementier échafaude de nombreux scénarios, y compris les plus sombres, avec, à chaque fois, deux variables : la date d’une potentielle reprise d’activité et la montée, plus ou moins forte, en volume. « Avec une consommation de cash estimée à 1 milliard d’euros au premier semestre, nous avons rapidement acquis la conviction que nous devions accroître notre liquidité pour faire face à toutes les éventualités », explique Michel Favre.

Se tourner vers les banques

Après avoir tiré, pour moitié, sur sa ligne de crédit syndiqué de 1,2 milliard d’euros, le groupe, mis sous surveillance négative par Moody’s 
comme d’autres valeurs du secteur automobile
, décide de se tourner vers les banques 
pour contracter un nouveau prêt
« Deux options s’offraient alors à nous : avoir recours au prêt garanti par l’Etat (PGE) ou monter un club deal », précise le directeur financier qui appelle, lui-même, ses partenaires bancaires pour leur exposer la situation et leur présenter un business plan, construit en fonction des différents scénarios de reprise. « Nous avons finalement opté pour la seconde option, poursuit-il. D’une part car le PGE se fait à coût coûtant, ce qui peut être difficile pour certaines banques ; et d’autre part car nous souhaitions aller le plus vite possible pour nous inscrire dans la limite de risques des banques alors que d’autres secteurs, comme l’aérien et la logistique, sont également très demandeurs. »

En dix jours, l’affaire est conclue et, le 10 avril, Faurecia signe avec quatre de ses banques principales – BNP Paribas, CA-CIB, Société Générale et Natixis – un club deal de 800 millions d’euros. « Avec nos 2,2 milliards d’euros de cash à fin mars, les 600 millions d’euros restants sur notre ligne de crédit syndiqué et cette nouvelle source de financement, nous sommes désormais en mesure de pouvoir faire face à la crise », assure Michel Favre.

Contrôler ses dépenses

D’autant, qu’en parallèle, l’équipementier veille à réduire autant que possible ses dépenses. En plus de 
la mise au chômage partiel de 90 % de ses salariés
, du contrôle strict de la collecte des créances clients et du réajustement de ses stocks, le groupe s’est engagé dans une « gestion rigoureuse » de ses frais de fonctionnement et d’administration, mais aussi de ses dépenses de R&D, et envisage de réduire ses dépenses d’investissement jusqu’à 30 %. « Nous mettons toutefois un point d’honneur à être un bon payeur pour préserver notre tissu fournisseurs car ils seront essentiels au redémarrage de nos activités, ajoute le grand argentier. Nous entretenons un contact très régulier avec eux pour voir comment nous pouvons les aider, en étant le plus transparent possible. »

Car Faurecia a déjà les yeux rivés sur l’après, sur cette reprise qu’il espère la moins lente possible. Déjà, en Europe de l’Est, quelques usines de constructeurs, comme celles de Volkswagen, ont pu partiellement redémarrer. Afin de gagner en visibilité et pouvoir préparer une montée en puissance de sa production dans les meilleures conditions, l’équipementier cultive un lien permanent avec ses clients, du plus haut niveau hiérarchique aux directeurs d’usine en passant par les services achats et commerciaux. « Nous estimons aujourd’hui que la reprise prendra entre trois et six mois minimum, avec l’impact sur les coûts et le cash que cela suppose. Dans tous les cas, nous espérons qu’elle sera rapide pour ne pas avoir à prendre d’autres mesures plus difficiles », conclut Michel Favre.

Confinement : le témoignage de Guillaume Bourget, DAF de transition, Profils

Confinement : le témoignage de Guillaume Bourget, DAF de transition, Profils

C’est en fin de journée, seulement, que Guillaume Bourget s’autorise à ralentir un peu. « Ma femme et moi avons beaucoup de travail mais nous prenons du temps, le soir, pour profiter de la famille », confie ce directeur financier de transition, en poste depuis maintenant un an et demi chez le leader du stationnement Indigo, où il est en charge de  la filiale OpnGO. Installé dans le sud de la France, avec son épouse, CFO et COO de la marque française Vuarnet, et leurs deux filles adolescentes, c’est lui qui se met aux fourneaux – « il est important actuellement de garder une alimentation saine » – et se rend, une ou deux fois par semaine, dès 7 heures du matin, chez les commerçants des alentours pour se ravitailler.

Le reste de la journée, le rythme de Guillaume Bourget  n’a pas beaucoup changé  : de 8 heures à 20 heures environ, il travaille « dans des conditions quasi normales en termes de calme et de concentration » grâce à une pièce isolée et dotée d’une bonne connexion Internet. De fait, si l’activité tourne au ralenti, la charge de travail n’a pas diminué dans le domaine financier : contrôle des achats, prévisions budgétaires,  réestimations des liquidités … « Nous nous rapprochons de moments charnières dans l’année avec, bientôt, les comptes semestriels », souligne le responsable, qui a également planché  sur le sujet du chômage partiel , avec l’aide de la DRH groupe et du management de la filiale.

Enfin, dans le contexte du confinement, le risk management  est plus important que jamais . « Le moment est très propice aux fraudes : il faut être particulièrement attentif au hacking ou aux tentatives d’extorsions de paiement, du type fraude au président. Il faut renforcer les contrôles et communiquer encore plus que d’habitude. Heureusement, nous connaissons bien nos collaborateurs et sommes depuis longtemps habitués à travailler en projets collaboratifs », explique Guillaume Bourget.

Empathie et bienveillance

La communication est aussi un enjeu majeur. « Dans une vie normale de bureau, il se passe beaucoup de choses dans les couloirs, à la cantine, à la cafétéria ou entre deux portes. Il faut actuellement générer, de façon moins naturelle, des espaces de communication pour permettre les échanges et les remontées d’informations », estime-t-il.  Tous les outils sont bons  : appels réguliers, applications comme Teams ou Slack, pour que personne ne se sente isolé ou surpris par une nouvelle tâche. « Il faut anticiper au maximum car les changements de dernière minute peuvent être stressants dans la situation actuelle. Le management doit être ouvert, accessible et fixer des objectifs bien clairs », affirme-t-il.

Ce qu’on gardera de ces semaines étonnantes ? Tout d’abord, l’évidence qu’il faut des process robustes en entreprise. « La situation actuelle montre qu’il est essentiel d’avoir des outils de télétravail qui fonctionnent, davantage d’ordinateurs portables, des process de signature électronique, etc. », assure Guillaume Bourget. Mais aussi plus de souplesse sur le travail à distance. « Il est évident que les gens n’en profitent pas pour en faire le moins possible. Au contraire, beaucoup se sentent très responsables dans leur participation à l’effort global. Certains se découvrent plus autonomes qu’ils ne le pensaient, et se rendent compte qu’ils peuvent s’organiser, même seuls », relève le directeur financier.

Enfin, l’empathie et la bienveillance  ont fait leur entrée dans la vie professionnelle confinée. « Même après quatre ou cinq semaines, les gens continuent de prendre des nouvelles et font montre d’une grande attention à l’autre. On peut espérer que cela laissera des traces dans les comportements en entreprise. »

Prêt garanti par l'Etat : 90 % des bénéficiaires sont des TPE, Crédits

Prêt garanti par l'Etat : 90 % des bénéficiaires sont des TPE, Crédits

C’est un des baromètres de la crise du coronavirus. Bercy publie ce vendredi pour la première fois le détail des premiers prêts garantis par l’Etat (PGE) accordés aux entreprises. Ce dispositif fonctionne comme une
enveloppe de 300 milliards de crédits, octroyés par les banques
, et bénéficiant d’une large couverture publique. Transmis chaque semaine au Parlement, et décliné par région, cet indicateur va permettre de suivre, en léger différé, le portrait-robot des entreprises touchées de plein fouet le brutal arrêt de l’économie.

Cette première édition, arrêtée au 15 avril et dont « Les Echos » ont eu connaissance, indique qu’à cette date, 24 milliards d’euros de PGE avaient été « pré-accordés » au profit de 162.000 entreprises (une semaine plus tard, le montant est de 38 milliards d’euros pour 269.000 entreprises).

En première ligne, les TPE (moins de dix salariés) représentent 90 % des bénéficiaires, et 54 % des montants accordés. Près de 60 % des emprunteurs sont issus des secteurs touchés de plein fouet par le confinement : le commerce (25 %), l’hébergement-restauration (16 %) et la construction-immobilier (15 %).

Les moins solvables sont aussi servis

Au 15 avril, ce sont ainsi 7,6 milliards d’euros qui ont été prêtés aux commerces, et 2,4 milliards aux hôtels et restaurants. Le poids démographique des régions est respecté, avec 17 % des entreprises emprunteuses basées en Ile-de-France (et 25 % des montants pré-accordés), suivie de loin d’Auvergne-Rhône-Alpes (13 % des bénéficiaires et des montants).

Le baromètre portant sur les crédits accordés, il ne permet pas de connaître le nombre de dossiers refusés par les banques. Mais « à peine 1 % des entreprises ayant sollicité un crédit ont ensuite saisi la Médiation du crédit », assure un bon connaisseur. De fait, même des entités moins bien notées (
5 + et au-delà dans l’échelle de la Banque de France
) décrochent un PGE, selon ces statistiques. Elles représentent 11 % des bénéficiaires et 22 % des montants accordés.

Mais il existe logiquement un biais favorable aux entreprises les plus solvables (notées de 3 ++ à 4). Alors qu’elles représentent 10 % des bénéficiaires, elles reçoivent 43 % des montants prêtés. La grande majorité des entreprises bénéficiaires (78 %) sont de taille trop petite pour être notées, mais évaluées au cas par cas par les banques. Elles attirent environ un tiers des crédits accordés (36 %).

Des discussions forcément plus tendues

Ces chiffres correspondent au dispositif prévu pour les entreprises de moins de 1,5 milliard d’euros de chiffre d’affaires, et pour lequel les banques ont pu s’organiser de façon industrielle, via la BPI.

Les grandes entreprises affichant plus de 1,5 milliard de revenus nécessitent l’accord explicite de l’Etat. Dimanche dernier,
FNAC-Darty a ainsi obtenu un prêt de 500 millions d’euros
. Parmi les financements en discussion figurent Air France-KLM, Conforama ou encore Renault. « Il y a une très bonne raison d’essayer d’obtenir une partie de cette facilité de crédit », a expliqué jeudi Clotilde Delbos, directrice par intérim du constructeur automobile.

Au total, une vingtaine de prêts géants feraient l’objet de discussions, forcément plus tendues que pour les PME. L’Etat, comme les banques posent leurs conditions. « Pour ces financements, le PGE est un outil secondaire, dans le cadre d’une discussion plus large », estime un grand banquier. « Outre la banque, c’est aussi aux actionnaires et aux détenteurs d’obligations de prendre leurs responsabilités. »

Autre cas sensible, celui des start-up, dont la solidité n’est pas toujours aisée à apprécier. « Il va falloir que les investisseurs fassent leur part du job, explique Paul-François Fournier,
directeur exécutif de bpifrance
. C’est raisonnable que l’Etat prenne sa part du risque systémique, mais il est aussi normal que les acteurs du capital-risque prennent leur part. On a néanmoins l’impression que ça joue collectif pour l’instant. »

Prêt garanti par l’Etat : 90 % des bénéficiaires sont des TPE

Renault écarte le risque d'une crise de liquidité malgré le coronavirus, Gestion de trésorerie

Renault écarte le risque d'une crise de liquidité malgré le coronavirus, Gestion de trésorerie

Touché, mais loin d’être coulé. Alors que la situation de Renault est scrutée de près par la communauté financière, ses dirigeants ont tenu à rassurer sur la capacité du Losange à traverser la crise sanitaire actuelle sans crise de liquidité majeure. « Notre position reste confortable », a insisté la directrice générale par intérim Clotilde Delbos, en commentant le chiffre d’affaires trimestriel du groupe.

Traversant déjà des
DECRYPTAGE Le coronavirus place Renault dos au mur
, Renault a vu son chiffre d’affaires plonger de 19,2 % au premier trimestre, à 10,1 milliards d’euros. Ses volumes ont dégringolé de 25,9 %, à 672.962 véhicules, sur un marché mondial en chute de 24,6 %.

A titre de comparaison, PSA a annoncé mardi un recul de son chiffre d’affaires de 15,6 % (à 15,2 milliards d’euros, y compris Faurecia) et de ses volumes de 29 % (à 627.000 véhicules).

Accumulation de stocks

Comme celles de l’ensemble de l’industrie automobile, les usines du Losange sont quasiment toutes à l’arrêt depuis le 16 mars. Et le confinement a provoqué l’accumulation de stocks de véhicules commandés mais non livrés chez les distributeurs – même si le groupe s’est refusé à chiffrer l’impact de la crise sur ce point. « Les stocks sont traditionnellement élevés dans l’automobile fin mars, car le deuxième trimestre est une période de fortes ventes en Europe », relève Thomas Besson, analyste chez Kepler Cheuvreux.

La solvabilité de Renault n’est toutefois pas alarmante à ce stade. Les analystes en tout cas ne sont pas inquiets. Le groupe a certes brûlé 5,5 milliards d’euros de cash au premier trimestre, soit davantage que PSA (4 milliards dont 500 millions par sa filiale Faurecia). Mais ses liquidités disponibles s’élevaient encore à 10,3 milliards d’euros fin mars.

Clotilde Delbos a aussi confirmé que Renault mettrait en place une ligne de crédit supplémentaire,
dans le cadre des prêts garantis par l’état
. « Celle-ci pourrait aller jusqu’à 4 ou 5 milliards d’euros », confirme-t-elle. « Nous y travaillons activement, elle sera en place dans les prochaines semaines ».

Filet de sécurité

De quoi disposer d’un filet de sécurité supplémentaire pour passer la crise. Renault prévoit toujours d’annoncer en mai les détails du vaste plan d’économies décidé en février (2 milliards d’euros d’ici à 2022). « Il faudra voir dans quelle mesure ce plan pourrait éventuellement être affecté par l’aide de l’Etat », avance Thomas Besson. Clotilde Delbos avait indiqué en février
ne pas exclure de fermetures d’usines, y compris en France
, et les analystes craignent notamment que l’Etat conditionne son soutien au maintien de l’emploi dans l’Hexagone. La dirigeante a assuré jeudi que les deux sujets étaient totalement déconnectés.

Renault a déjà annoncé sa décision
de supprimer le dividende prévu au titre de l’exercice 2019
et de baisser de 25 % les rémunérations de son président, Jean-Dominique Senard, et de Clotilde Delbos, au deuxième trimestre. Les administrateurs réduiront aussi leurs jetons de présence.

Redémarrage des usines

En attendant, le Losange prépare activement la reprise. Ses usines ont commencé à redémarrer : après l’Asie,
elles rouvrent doucement en Europe
. Le rebond dépendra de la réouverture des points de vente. « L’activité est déjà repartie en Corée, en Russie, en Turquie », note Clotilde Delbos. « En France, nous n’avons pas d’information sur la réouverture des concessions, mais on s’y prépare. Par nature, elles sont assez faciles à sécuriser, il y a de la place, on peut imaginer des livraisons par rendez-vous ou à domicile. »

Avec leurs nouveaux modèles lancés il y a quelques mois, les best-sellers Clio et Captur ont tout juste maintenu leurs parts de marché sur le trimestre. Les ventes de la citadine électrique Zoe ont, elles, bondi de 81 %, à 21.000 unités. Renault compte toujours sur ses
nouveaux modèles électrifiés
(Clio hybride, Captur et Megane hybrides rechargeables), annoncés dans les concessions au début de l’été, pour relancer ses ventes. Reste à savoir si, avec la crise économique qui s’annonce, l’appétit pour les voitures électriques sera toujours au rendez-vous.