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Cloud : comment Lancaster rend son site marchand plus robuste, SAAS

Cloud : comment Lancaster rend son site marchand plus robuste, SAAS

Auparavant, à chaque action commerciale lancée par le maroquinier Lancaster sur son site Internet, durant la période de Noël ou à l’occasion des soldes d’été ou d’hiver par exemple, ce n’était pas l’euphorie, mais le stress qui gagnait son directeur d’e-commerce et du marketing digital, Thierry Chang. « Nous travaillions avec un hébergeur traditionnel sur des serveurs dédiés, puis mutualisés, qui occasionnaient quelques problèmes de stabilité lors de la plupart de nos grosses opérations. Cela se traduisait par une perte de ventes et une irritation des consommateurs qui ne parvenaient pas toujours à obtenir le produit désiré. »

A ce manque de robustesse préjudiciable s’ajoutait une complexité de fonctionnement, tout aussi invalidante. « Utiliser le back-office d’Amazon Web Services, qui était, il y a quatre ans, le plus adapté à notre business et l’une des solutions les plus performantes, nécessitait une qualification particulière pour lancer le moindre développement sur notre site, ce qui, à la longue, nous aurait obligés à embaucher des développeurs internes », poursuit-il.

30 % d’augmentation de trafic

Avec l’aide de son agence Web, Lancaster lance alors un appel d’offres qui le conduit à adopter la solution proposée par la start-up parisienne Artifakt.
Multi-cloud
, cette offre en PaaS (platform as a service) intègre toute la chaîne du DevOps – du déploiement de l’application (Dev) à l’administration des infrastructures (Ops) – et inclut l’ensemble de la production – de l’Infrastructure as Code (IaC) au déploiement de l’outil, en passant par sa configuration, sa phase test et la gestion de son passage à l’échelle. « Parce que nous prenons tout en charge, nous permettons à Lancaster et à son agence Web de travailler dans les meilleures conditions possible, sans se soucier, notamment, des complexités d’infrastructures », résume Aymeric Aitamer, CEO et cofondateur d’Artifakt.

Résultat : grâce au préparamétrage de nombreuses actions, Lancaster a gagné en simplicité d’exécution. « Pour créer un nouvel environnement sur le site, par exemple, il faut compter environ une demi-journée, pour quelqu’un qui s’y connaît, avec le back-office d’AWS. Via Artifakt, cela ne prend pas plus de 10 ou 15 minutes », se réjouit Thierry Chang. Surtout, le maroquinier a vu le trafic sur son site Internet augmenter de 30 % et ne vit plus sous la menace d’une panne de service. Le tout, sans que ses équipes numériques, de taille réduite, n’aient besoin de s’occuper de la sécurité ou de la maintenance de l’outil, pris en charge par Artifakt. « Cela pourrait mobiliser jusqu’à deux salariés à temps plein. Or, au-delà des soucis de recrutement que cela poserait, nous sommes trop petits pour nous permettre cela », juge le directeur e-commerce et marketing digital.

Quant à la sécurisation des données clients – devenue un point clé avec l’entrée en vigueur du RGPD -, elle est, là aussi, garantie par l’outil. « Les données sont stockées en Europe, chiffrées et cloisonnées, ce qui évite tout risque de transfert vers l’extérieur, assure Aymeric Aitamer. De surcroît, les opérations qui devraient se faire manuellement avec un back-office traditionnel sont entièrement automatisées. » Grâce au multi-cloud qu’il propose, Artifakt permet aussi à Lancaster de voir plus loin et d’envisager de se tourner, plus sereinement, vers l’Asie. « En partant d’Europe, il est souvent assez compliqué d’avoir un site Web performant sur le marché asiatique, mais, parce qu’il est adaptable, cet outil nous donnera les moyens, quand nous le souhaiterons, d’utiliser Alibaba Cloud », conclut Thierry Chang.

Transformation numérique : 5 critères pour choisir les logiciels qui vous aideront à surmonter la crise, Transformation digitale

Transformation numérique : 5 critères pour choisir les logiciels qui vous aideront à surmonter la crise, Transformation digitale

Télétravail, règlement des factures, aide à la prise de décision… Le numérique se sera imposé comme l’un des leviers essentiels pour aider les entreprises à traverser la période de turbulences qu’elles connaissent depuis plus de deux mois.

A cet égard,
la crise du Covid-19
aura agi comme un révélateur du niveau de maturité digitale des organisations. Elle aura contribué à creuser le fossé entre celles qui s’étaient lancées
dans leur transformation numérique
et ont souvent pu faire face, et celles qui n’ont cessé de la repousser et se sont retrouvées largement handicapées. « Etre capable, par exemple, d’aller de l’émission de la facture jusqu’au paiement du fournisseur de façon entièrement digitalisée permet actuellement de faire la différence entre les entreprises, assurait le directeur des achats d’Enedis, Bertrand Pouilloux, lors d’un récent webinaire organisé par « Décision Achats ». C
ar ceux qui ne savent pas le faire, aujourd’hui, ne paient pas, et ça, c’est dramatique. »

Alors que le déconfinement est désormais amorcé
, focus sur cinq critères de sélection pour bien choisir son logiciel de gestion et aborder la reprise
dans les meilleures conditions
.

1. Il dope la résilience

Plus que jamais, le numérique aura prouvé qu’il est un facteur clé pour garantir la résilience des entreprises. Au-delà de la dématérialisation qui aura permis, malgré le confinement, de continuer à payer ses fournisseurs en temps et en heure – 
comme chez Butagaz où 80 % des factures reçues sont aujourd’hui digitalisées
 -, il a aussi rendu possible l’essor massif du télétravail. Des outils tels que Zoom ou Slack, encore peu connus du grand public il y a trois mois, sont devenus de nouveaux compagnons du quotidien.

Cet
usage intensif du télétravail
, crise sanitaire oblige, aura peut-être une autre conséquence : encourager les solutions d’intelligence collective à distance. Différents des réseaux sociaux d’entreprise, ces logiciels – Maestro Projet, BloomUp ou HIVy – remettent les collaborateurs au centre. Ils facilitent le partage de connaissances, permettent à de nouvelles idées d’émerger,
encouragent le feed-back
et la communication. Des logiciels d’avenir, là où les responsables RH s’appuient de plus en plus sur le collectif.

2. Il confère de l’agilité

Toutefois, la principale préoccupation des ressources humaines reste la gestion agile de la masse salariale. Bien souvent l’apanage des seules directions financières, son pilotage est assez mal maîtrisé par les RH. Pourtant, les logiciels répondent aux enjeux actuels liés aux nouveaux modes de contractualisation, aux départs en retraite plus tardifs, aux expatriations et aux réorganisations et apportent une agilité certaine, à l’image d’Easy Recol chez Sofime.

Le
groupe de distribution Bio c’Bon a, lui, fait appel à Merito
. Créée en 2016, cette start-up apporte une solution aux problèmes de turnover et d’absentéisme. L’idée ? Flexibiliser les salariés à temps partiel pour qu’ils puissent aller et venir d’un magasin à l’autre en fonction des besoins. Après une phase pilote réussie, le projet a été rapidement déployé. Au bout de six mois, plus de 200 collaborateurs répartis dans plus de 60 magasins utilisaient régulièrement la plateforme. Pour la direction, elle répond à un besoin d’immédiateté. « Avoir les bonnes pratiques au bon endroit au bon moment favorise la satisfaction client », expliquait Frank Chastanet, directeur commercial de l’enseigne, aux « Echos Executives ».

Encore faut-il, pour qu’il soit un facilitateur, et non un frein, que le logiciel soit aisément interfaçable avec les systèmes d’information déjà en place, et surtout le plus « user friendly » possible, afin d’être adopté, sans difficulté, par un grand nombre de salariés.

3. Il fournit une aide stratégique

Dans le climat d’incertitude actuel, un bon logiciel de gestion rend également l’entreprise plus efficiente.
Et la supply chain peut faire office de point d’entrée
. Saint-Gobain et La Redoute ont ainsi choisi Flowlity, une solution de planification fondée sur l’intelligence artificielle. Elle intègre l’ensemble de la chaîne logistique d’un client et de son fournisseur pour anticiper les besoins, optimiser les commandes et mieux gérer les stocks. Résultat : les groupes qui l’ont adoptée ont, selon l’éditeur, réduit leurs niveaux de stocks de 30 à 60 % et diminué les ruptures, avec l’impact bénéfique sur leur trésorerie que cela suppose.

Dans un autre registre, l’agence Artefact utilise, elle aussi, le pouvoir de la donnée
pour épauler les opérationnels dans leur prise de décision
. Son programme « data-driven marketing » aide les entreprises à mieux définir leurs cibles stratégiques et à flécher les investissements médias vers les consommateurs les plus susceptibles de transformer l’achat. Parmi les adoptants figure Pierre Fabre. Testé, l’an passé, auprès de trois marques du groupe pharmaceutique, il a généré « une hausse à deux chiffres des ventes offline en l’espace de deux à trois mois, et des gains de notoriété qui ont grimpé jusqu’à + 25 % selon les marques », souligne Anne Laure Nguyen Huy Lai, directrice des marques Klorane et Elancyl.

4. Il endosse les tâches à faible valeur ajoutée

« En plus du passage nécessaire d’une gestion statique à une gestion dynamique du risque fournisseurs, grâce à la récupération de signaux faibles sur Internet, la crise du Covid-19 va encourager une implémentation plus forte de la RPA », anticipe Frédéric Thielen, expert achats chez KPMG. Déjà dans le viseur de bon nombre d’entreprises, la gestion robotisée des processus a un double bénéfice : maintenir les activités en cas de crise et permettre aux opérationnels de se concentrer sur les tâches à forte valeur ajoutée. Devenue courante pour les directions financières,
en matière de saisie comptable
ou
de gestion des relations fournisseurs
, comme chez EDF, elle commence à s’inviter au sein des RH afin d’automatiser la paie ou d’aider aux recrutements,
tel Unique. ai chez Beaumanoir
.

5. Il assure un bon ROI

Malgré son coût très variable, un bon logiciel de gestion suppose toujours un retour sur investissement (ROI) positif, qu’il soit direct – en remplaçant à moindres frais une solution antérieure ou en générant un rendement immédiat, tel le logiciel d’escompte C2FO, mis en place par Flex – ou indirect. Chez Lancaster, l’adoption de l’offre de gestion de cloud proposée par Artifakt a, notamment, permis d’économiser deux postes de développeur internes pour assurer la sécurité et la maintenance des infrastructures nécessaires à sa boutique en ligne, désormais externalisées. « Au-delà des soucis de recrutement que cela poserait, nous sommes trop petits pour nous permettre cela », conclut son directeur e-commerce et marketing digital, Thierry Chang.

Appel du 18 mai : les compétences, seul rempart contre le chômage. Agissons vite, fort, dès maintenant !, Associations professionnelles et réseaux

Appel du 18 mai : les compétences, seul rempart contre le chômage. Agissons vite, fort, dès maintenant !, Associations professionnelles et réseaux

La France entre dans sa plus grande et grave crise économique et financière depuis 1945 , avec une augmentation du nombre des demandeurs d’emploi, des travailleurs précaires ou des salariés en risque de perdre leur emploi et leurs compétences. Et plus globalement, c’est aujourd’hui un accroissement des exclusions et des inégalités, notamment numériques, qui touche comme à l’accoutumée les plus fragiles d’entre nous, et dont personne ne souhaite qu’il s’enracine durablement.

Alors que la crise sanitaire entre dans l’étape du déconfinement , nous, principaux réseaux porteurs de formations labellisées de la Grande école du numérique (GEN), demandons au gouvernement, à Pôle emploi, aux branches professionnelles et à leurs OPCO, ainsi qu’aux régions, de relancer dès maintenant, et avec la plus grande détermination, la bataille des compétences qui sont les seuls et uniques véritables remparts contre l’exclusion et le chômage.

Comment ? En s’appuyant sur les acquis de ces deux dernières années, car les dispositifs existent, il n’y a rien à inventer – apprentissage rénové, Grande école du numérique, Cléa Numérique, plan d’investissement dans les compétences, reconnaissance accélérée des métiers en tension – et ils ont déjà montré leur efficacité. Les réactiver, en faciliter l’accès notamment pour les demandeurs d’emploi – par l’octroi automatique des allocations formation pour toutes les formations labellisées GEN et la prise en charge au titre du Compte personnel de formation -, ce dès le mois de juin, ce sont autant de victoires rapides qui auront des impacts positifs dès l’automne.

Nouvelle vague de labellisation et de financement

Tout d’abord, réussir le déconfinement des organisations qui oeuvrent sur toute la chaîne de valeur des compétences et qui pourront donc permettre d’amortir le choc économique et de fluidifier la reprise et la relance. Rendons possible au plus vite le passage à distance des certifications des titres professionnels du ministère du Travail : les reports massifs de passages de certifications sont des freins majeurs à l’insertion pour les apprenants et donc à l’embauche en général.

Ensuite, lancer dès juin une nouvelle vague de labellisation et de financement de la Grande école du numérique afin de consolider les formations des réseaux existants d’écoles inclusives et de les déployer, dès septembre, car elles sont massivement pourvoyeuses d’emplois directs et qu’elles comprennent un pourcentage minimum de femmes. Il faut également continuer à aider France Compétences dans la reconnaissance rapide des titres relatifs aux métiers en tension – comme l’intelligence artificielle, la cybersécurité, le cloud.

Enfin, il s’agit d’accélérer l’alternance et l’apprentissage dans les métiers numériques, avec une logique de parité femmes-hommes, car ce type de modalité ne représente que 2 % de l’offre alors qu’il bénéficie à des publics qui ont le plus besoin de montée en compétences et d’employabilité : actifs sans diplômes, femmes, seniors, personnes en situation de handicap, réfugiés statutaires et primo-arrivants… C’est possible en allongeant la durée des dispositifs de financement de type Préparation Opérationnelle à l’Emploi (POE) et les formations préalables aux contrats d’apprentissage pour attirer, former et insérer encore plus de publics éloignés de l’emploi.

Compétences numériques fondamentales

C’est aujourd’hui que se jouent les emplois du numérique de 2021, pour les entreprises comme pour les demandeurs d’emploi et les salariés qui doivent eux aussi voir s’accélérer et se prolonger l’effet FNE, pousser à une relance forte des contrats de professionnalisation et une politique volontariste de formation du côté des agents publics et des collectivités locales.

Parallèlement, parce que la bataille des compétences suppose au préalable de résoudre les situations d’exclusion numérique, accélérons le programme massif national qui permettra au plus vite de doter chacun et chacune des compétences numériques fondamentales, condition pour exercer ses droits, mais également – la crise sanitaire en a démontré l’importance – sa citoyenneté, sa capacité à télétravailler, à maintenir le lien avec ses proches. Cela passe par la reconnaissance et la certification des compétences de plusieurs milliers de nouveaux médiateurs numériques qui participeront à relever collectivement ce défi, et qui pourraient également donner autant d’opportunités professionnelles à des demandeurs d’emploi et des salariés en reconversion.

Les compétences sont le seul rempart contre le chômage. Nous sommes prêts. Face à l’état d’urgence numérique : n’attendons pas !

 

Signataires : Alain Assouline, président de WebForce3 ; Frédéric Bardeau, président de Simplon.co ; Djamchid Dalili, président de 3W Academy ; Emmanuelle Laroque, Social Builder ; Emmanuel Vandamme, président de POP School

Les trois piliers d'un télétravail sécurisé, Cybersécurité

Les trois piliers d'un télétravail sécurisé, Cybersécurité

C’est aujourd’hui une certitude :
le télétravail se pérennise
. Au-delà des annonces des géants de l’Internet ces derniers jours, le mouvement de fond est en route dans toutes les organisations, évidemment alimenté
par la crise sanitaire actuelle
. Mais les organisations ont une maturité très hétérogène sur le sujet et trois profils se distinguent : les « modernes » ayant fait le saut du cloud et pour qui les impacts sont minimes ; les « classiques » – la majorité – qui reposent sur des VPN pour accéder au système d’information et qui ont dû faire face à des problèmes de capacité d’accès ; et les réfractaires qui ont dû s’y mettre dans la douleur. Face à cette pérennisation, les grandes organisations sont devant un défi majeur, qui se décline en trois points : technologique, sécuritaire, mais aussi managérial.

Créer un environnement de travail fiable

La priorité absolue est
d’adopter un socle technologique simple et fiable
. Il repose essentiellement sur la fourniture d’un ordinateur portable sécurisé – chiffrement, mise à jour à distance – et la mise en oeuvre d’une authentification à deux facteurs – avec, concrètement, un SMS ou un code à taper en plus du mot de passe. L’usage des périphériques personnels – aussi appelés BYOD – connaît beaucoup de limites de sécurité, mais aussi juridiques. Il reste possible, mais doit être utilisé dans des cas limités – accès donné à des fournisseurs de l’entreprise, par exemple, grâce à un cadre contractuel qui couvrira certains risques. Les bonnes pratiques de sécurisation « à la maison » doivent aussi être communiquées, en particulier sur la destruction des documents confidentiels.

Transformer les processus et les numériser

Mais au-delà du matériel, le principal changement réside
dans la transformation des processus métier
et l’adoption généralisée de nouveaux outils sécurisés. Les deux priorités sont clairement les processus de signature électronique – pour arrêter de coller des images de signature sur les documents – et les outils de communication sécurisés, permettant visioconférence, discussion rapide, échange de fichiers dans l’organisation, mais aussi avec ses partenaires. De nombreuses solutions ont été utilisées plus ou moins sauvagement durant le confinement, c’est le bon moment pour collecter les retours d’expérience et opter pour une solution pérenne.

Surveiller les données sans espionner les collaborateurs

Le télétravail augmente la surface d’exposition de l’organisation et provoque l’éparpillement des données entre le domicile, le lieu de travail et tous les systèmes utilisés. Il est donc nécessaire de renforcer la détection des attaques en couvrant tout ce périmètre et en mettant en place des nouvelles alertes. Attention, cette surveillance ne doit cependant pas se transformer en espionnage ! De nouveaux outils apparaissent sur le marché pour littéralement traquer les faits et gestes des collaborateurs. Utiliser l’argument de la cybersécurité pour favoriser l’usage de ces outils ne fait pas sens, des outils existants, comme ceux protégeant les documents – chiffrement et droits d’accès type DRM (Digital Right Management) – et alertant en cas de fuite ou d’attaques – DLP (Data Leak Prevention) – sont suffisants pour diminuer les risques à un niveau acceptable.

L’importance du management
est évidemment encore exacerbée dans ces situations
. Il devra se réinventer pour ne pas infantiliser les collaborateurs, mais bien
les responsabiliser
, leur faire comprendre les risques et suivre les bonnes pratiques.

Gérôme Billois est partner cybersécurité chez Wavestone.

IA et Covid-19 : les bonnes ou les mauvaises intelligences ?, Big Data

IA et Covid-19 : les bonnes ou les mauvaises intelligences ?, Big Data

Pour relever les défis posés par la pandémie de coronavirus, les entreprises et les chercheurs se mobilisent autour de projets
dopés à l’intelligence artificielle (IA)
.

D’un côté, on impose une surveillance biométrique des individus par drones, bracelets connectés, caméras thermiques et autres applications à saisie obligatoire, on promet des remèdes/vaccins construits sur la base d’analyses statistiques de virus approchants, on propose de choisir les patients à soigner fondé sur un score IA.

De l’autre, on met en place des moteurs de diagnostic personnalisé sur la base d’informations publiques, des simulations tendancielles géographiques fondées sur des auto-déclarations de malades, une logistique des masques et dispositifs médicaux dopée à l’IA, une prédiction par série temporelle des besoins en matériels de réanimation.

En réalité, toutes ces IA sont aujourd’hui assez faibles et force est de constater qu’elles n’ont pas permis aux pays les plus technologiquement avancés
de terrasser le virus plus efficacement que les autres
. Elles le sont pour des raisons simples, et maintes fois rebattues : leur mauvaise qualité, leur mauvaise gestion et le mauvais partage des données de santé.

IA intrusives ou extrusives ?

Pour autant, ce moment particulier doit amener à réfléchir sur les IA de santé qui seront viables et souhaitables pour demain : des IA intrusives, mais très efficaces, et/ou des IA extrusives, mais qui nécessiteront une vraie hygiène de la donnée.

Les premières seraient plus simples car il est plus facile pour une « démocrature » d’imposer une puce sous la peau ou un bracelet connecté remontant toutes sortes d’informations biométriques afin d’en tirer des enseignements riches, directement utilisables par des moyens hyper-ciblés. Les secondes seraient plus éthiques car elles se servent de données publiques, privées non personnelles ou anonymisées pour aider à adapter les moyens à la situation, à accompagner les professionnels de santé par des accélérateurs non déresponsabilisant. Bref, elles laissent l’humain au centre du jeu
et ne bradent pas sa liberté
.

D’un côté, une collecte massive des données très personnelles pour permettre à des algorithmes de prendre des mesures personnalisées – à l’instar d’un Google qui pousse des publicités ciblées en fonction des données personnelles ; de l’autre, une collecte de toutes les données contextuelles ou agrégées pour comprendre, puis prédire un phénomène, et anticiper les moyens nécessaires – comme un Qwant qui propose des résultats sur la base de ce qu’il comprend du contexte et non sur ce qu’il connaît d’une personne. Dans cette deuxième voie, les modèles pourraient s’enrichir grâce à des données personnelles librement transmises par des citoyens qui le souhaitent.

Un challenge européen

Dans ce dernier modèle, les gouvernements ne connaîtront pas le degré de contagiosité d’une personne, ni son risque vital, et ne pourront lui imposer de mesures personnalisées. Mais ils pourront planifier et anticiper les moyens humains et matériels sur toute la chaîne de santé, et ce spécifiquement dans son bassin de vie, pour répondre au mieux à ses besoins. En complément, si cette personne le souhaite, elle pourra transmettre ses données personnelles pour bénéficier d’un éventuel diagnostic personnalisé comme c’est déjà le cas avec l’application « AlloCovid ». Cette méthode extrusive ne sera sans doute pas efficace à 100 %, mais sera moins anxiogène que la surveillance généralisée des individus.

Néanmoins, elle reste extrêmement complexe à mettre en place et sa réussite est un challenge. Elle nécessite un partage sans calculs de toutes les données de la chaîne de santé, des données de production et de stocks de médicaments et matériels, des données de disponibilité des professionnels de santé. Ce challenge
devrait être celui de l’Europe
car c’est seulement à cette échelle qu’il sera possible d’avoir la taille critique nécessaire pour équilibrer au mieux l’offre et la demande de moyens médicaux.

Ethique ou commerciale

Dans l’immédiat, aucun pays ne sera rapidement en capacité d’être autosuffisant dans les pics de demande en cas d’épidémie, par exemple. Cela reviendrait aussi à rester en cohérence avec la stratégie de la Commission européenne, explicitement centrée sur une « IA éthique », à la différence des Etats-Unis qui développent une « IA commerciale » ou encore de la Chine qui se concentre sur une « IA de surveillance ».

Les solutions techniques existent donc et sont réalisables. La complexité résidera plutôt
dans la gouvernance de ces données
et des usages qui peuvent en être faits. Elles nécessiteront très probablement une instance européenne capable d’arbitrer et de décider in fine du meilleur fléchage des capacités. Un vaste chantier quand on voit déjà la complexe construction du « Health Data Hub » français – alors même que le système de santé hexagonal est l’un des plus qualitatifs au monde en matière de production de données.

Ghislain de Pierrefeu, associé au cabinet Wavestone.

Management : et si la distance devenait la norme ?, Transformation digitale

Management : et si la distance devenait la norme ?, Transformation digitale

Seule méthode envisageable durant la pandémie de Covid-19,
le management à distance s’est mis en place sans réel accompagnement
, renforçant les craintes professionnelles : l’activité pourra-t-elle se poursuivre ? L’équipe va-t-elle rester unie ? Avec quels résultats ? Comment à la fois rassurer, motiver et s’assurer de l’engagement de chacun dans un contexte sans précédent ? Les managers ont été mis à l’épreuve, et particulièrement ceux ayant à prendre des décisions exceptionnelles
tout en coachant leurs équipes déstabilisées
.

La proximité est un « impensé » du management tant la présence physique des collaborateurs va de soi – puisque même les équipes distantes ont la possibilité de se rencontrer ponctuellement. Les qualités managériales requises en période de distanciation sociale sont-elles les mêmes que celles exercées dans la proximité physique ? Peut-on, par exemple, manifester les mêmes exigences à distance ? Quelles nouvelles réalités surgissent ? C’est ce qu’ont dû découvrir les professionnels dans l’urgence, invités soudainement – en visio –
dans l’intimité de leurs collaborateurs et/ou clients
 ; c’est-à-dire dans leur décor personnel, dans leurs vêtements « civils », pas toujours rasés de frais, et avec parfois les enfants passant en arrière-plan ! La vision quotidienne du collaborateur « au travail » a été subitement bouleversée, mais aussi fortement humanisée.

Un manager-coach plus humain donc plus efficace ?

Il se peut que cette perception nouvelle ait favorisé une meilleure compréhension des difficultés de chacun – isolement familial, solitude, espace restreint, etc. -, aidant certains managers
à mieux coacher leurs équipes
et personnaliser leurs directives. Le management a dû aussi reconnaître l’importance des échanges informels en matière de cohésion : les moments de convivialité et anecdotes privées font désormais partie de la routine en lieu et place d’une recherche d’efficacité optimale dans les échanges. La plus grande surprise pour certains managers étant que… tout fonctionne. On s’attendait au pire et il s’avère que les équipes restent engagées et motivées. Au point qu’une vraie question se pose : y a-t-il une réelle urgence à se retrouver à nouveau ensemble et/ou selon un même rythme quotidien ?

Il ne faut pas mésestimer l’influence de la crise sanitaire actuelle
sur les comportements futurs des professionnels et des entreprises
. Sommes-nous à la veille d’une réforme des fonctionnements, intégrant la distance sociale comme un facteur à prendre en compte ? Faudra-t-il former les managers en ce sens ? Les chasseurs de talents devront-ils évaluer plus finement encore la capacité des candidats à créer et maintenir du lien ?

En l’absence de certitudes quant à la possibilité d’une seconde vague épidémique, il est prudent d’anticiper. Puisque le management à distance peut être indispensable – bien que vécu différemment selon les profils, les organisations et la nature de l’activité -, organiser un retour d’expérience à grande échelle s’avérerait précieux, notamment pour les entreprises, réticentes au management non présentiel, qui hésitent à faire confiance aux candidats ne souhaitant pas quitter leur région. Et si ce modèle s’avérait, à terme, tout aussi performant ?

Emmanuel Stanislas, fondateur de Clémentine, cabinet de recrutement du digital et de l’IT.

Déconfinement : les pros des RH et du digital vont s'arracher les cheveux !, Transformation digitale

Déconfinement : les pros des RH et du digital vont s'arracher les cheveux !, Transformation digitale

Alors que l
es services RH sont à la manoeuvre
et
ne comptent plus leurs heures
pour orchestrer le retour au travail, plus de 43% des personnes interrogées par l’opérateur de bureaux flexibles en France Deskeo, ne savent toujours pas à quelle date elles vont sortir du confinement. En pleine période d’incertitudes, 8 Français sur 10 (79%)
sont inquiets
à l’idée de retourner au bureau. Un sentiment qui prospère tout particulièrement parmi les femmes (83%), encore plus soucieuses de cette situation de pandémie que leurs homologues masculins (74%).

Plus précisément, seulement 9% des personnes sondées profiteront du 11 mai pour retourner sur leur lieu de travail, soit le pourcentage le plus faible par rapport aux autres dates possibles : 11% à partir du 18 mai et 15% dès le 25 mai. A noter que 22% déclarent être déjà retournées au bureau.

Pour ce qui concerne les moyens de transport envisagés pour se rendre au bureau, même incertitude : 68% des Français ne savent pas encore comment ils vont se déplacer. On observe tout de même une première tendance : les sondés voudront éviter à tout prix les transports en commun (4%) et le covoiturage (1%) pendant la phase de déconfinement. À l’inverse, ils privilégieront les moyens de transport individuels : 18% d’entre eux viendront au bureau seul, que ce soit à pied, à vélo ou en véhicule motorisé.

La question des réunions au bureau

La vie au bureau sera bien différente après le confinement et certaines pratiques, comme le port du masque, risque de changer la donne. La grande majorité des Français sera équipée de ce type de protection mais, là encore, les usages seront différents : 25% porteront un masque toute la journée, contre 34% seulement en présence d’autres personnes. A noter : près d’1 Français sur 3 (31%) refusera de porter un masque au bureau.

Mais s’il y a bien un endroit où il est difficile d’être seul, c’est en réunion. Ainsi, 21% des personnes interrogées déclarent qu’elles refuseront d’assister à des meetings physiques au travail. Quant aux 79% majoritaires, elles pourront se réunir sous certaines conditions : 26% si la distanciation sociale de 1,5 mètre est respectée ; 36% si toutes les personnes portent un masque et 5% si un «contrôle» a été effectué sur les participants. Enfin, 12% n’auront pas de prérogatives particulières pour assister à une réunion.

Du télétravail mais dans des conditions numériques plus optimales

Si les Français ont eu l’occasion de
s’habituer au télétravail depuis le 17 mars
, 22% d’entre eux attendent avec impatience d’en finir avec le travail à distance. Il est vrai que 59% disent avoir besoin d’un contact avec leurs collègues et que 53% manquent de place chez eux. Il n’empêche, l’écrasante majorité des sondés (78%)
préférerait continuer à télétravailler
pendant cette phase de déconfinement. C’est même un Français sur deux (48%) qui aimerait continuer à travailler à domicile la majorité du temps, jusqu’à ce que la situation soit totalement sous contrôle. Ce qui suppose que
les pros du numérique en entreprise assurent la cybersécurité et l’adapte à l’ingéniosité des fraudeurs.

Mais que se passera-t-il une fois l’épisode Covid-19 terminé ? Il y a de grandes chances que les effets de la période de confinement entraînent
d’importants changements dans les habitudes des Français.
En effet, ils sont 70% à vouloir continuer à régulièrement travailler à distance après l’épisode Covid-19. Pour la plupart d’entre eux (32%), le rythme idéal serait de télétravailler 1 à 2 demi-journées par semaine.

Mais, pour être efficaces en home office, 78% des Français avouent manquer cruellement d’équipements – écran, imprimante, etc. –
pour travailler à leur domicile en toute sécurité
. Ainsi, 66% décrient le débit Internet insuffisant pour télétravailler correctement. ‘Si les entreprises veulent que le télétravail fonctionne réellement, il y a un petit investissement à faire. Quelques dizaines d’euros peuvent suffire à améliorer considérablement le confort des télétravailleurs, d’autant qu’il s’agit d’une preuve de confiance que vos salariés apprécieront particulièrement.’, estime Frank Zorn, cofondateur de Deskeo. Quand on interroge les deux tiers des Français qui considèrent que leur domicile n’est pas suffisamment équipé pour télétravailler correctement, seuls 11% ont prévu d’investir de leur poche quand 51% espèrent que leur entreprise participera aux investissements nécessaires (écran, chaise, imprimante…).

Autant le dire, à considérer ce sondage, les pros des RH et du digital vont avoir du pain sur la planche et ne manqueront pas d’occasions de s’arracher les cheveux !

Méthodologie

Enquête réalisée auprès de 2.856 professionnels, de profils divers, répartis sur l’ensemble du territoire français, effectuée en ligne, sur le panel propriétaire BuzzPress France, selon la méthode des quotas, durant la période du 1er au 5 mai 2020. //Toutes les informations mises en avant par les personnes interrogées sont déclaratives.

Avec Tony Parker, Colizey veut défier Decathlon, Ecommerce

Avec Tony Parker, Colizey veut défier Decathlon, Ecommerce

Voilà une ligne qui va encore fortement bouger en sortie de crise. Sur un chiffre d’affaires de 13 milliards d’euros en France, 13 % du commerce d’articles de sport passent déjà
via Internet
. Présente sur ce segment, la start-up Colizey, a pu mesurer l’effet du confinement sur ses ventes et cette toute jeune place de marché a su convaincre les investisseurs de lui confier 2,5 millions d’euros pour accélérer son développement. Aglaé Ventures, Cassius Family, Kima Ventures, l’ancien basketteur Tony Parker ainsi que les entrepreneurs Thomas Rebaud et Jean-Baptiste Hironde estiment qu’avec l’accélération de la transformation digitale et le virage stratégique de Décathlon, le schéma market place peut répondre durablement aux nouvelles habitudes des consommateurs.

Des pics au début du confinement

« Nous pensons que ce modèle est pertinent dans le sport car les marques de produits premium et techniques rencontrent des problèmes de distribution, assure Cyril Guenoun, General Partner d’Aglaé Ventures. En Europe, la raison principale tient au fait que Décathlon a décidé de recentrer son offre sur ses propres marques et produits. » Colizey a fait le pari inverse de mettre en avant grandes marques et marques de niche premium à travers des partenariats directs ou via des boutiques physiques qui ont peu de débouchés en ligne. « D’ailleurs, durant cette période du confinement, nous étions dans certains cas la seule source de revenus pour ces boutiques, explique Maxime Maffini-Scialom, cofondateur et PDG de la jeune pousse. Les deux premiers jours ont été les meilleurs, avec des pics de demandes sur le running, la musculation et le fitness. »

Pour marquer sa différence, la start-up joue sur
un inventaire pointu
, technique et resserré de 150.000 références, mais avec pour objectif de le doubler dans l’année à venir. Ces produits se répartissent dans une vingtaine de sports, avec un focus sur le running, l’outdoor et le tennis pour le moment. Sur ce point spécifique,
Tony Parker, qui entre à l’occasion de cet investissement au conseil d’administration
, estime pouvoir apporter un appui très concret : « Je peux aider sur le choix de produits avec des avis techniques par exemple. Comme j’ai beaucoup de relations, je peux aussi faire intervenir des sportifs comme Teddy Riner ou Thierry Henri en fonction des disciplines concernées. »

S’adresser à toutes les communautés de pratiquants

La promesse du conseil produit est clé dans le positionnement de la start-up qui veut accompagner l’explosion des différentes typologies de pratiquants, dont les femmes, qui peuvent peiner à trouver le bon interlocuteur digital. Pour assurer un haut niveau d’exigence, Colizey veut aussi s’assurer que la logistique est bien huilée entre ses différents partenaires et ses clients. Sur le modèle de
Manomano dans le bricolage
ou de
Back Market dans la revente de produits électroniques
, cette place de marché spécialisée pilote la relation client.

Désormais, la question de la notoriété va devenir centrale pour engranger des parts de marché. Si l’ambition est mondiale, la priorité est pour le moment locale. La start-up va se focaliser sur l’acquisition client, le renforcement des fiches produit, avant d’envisager le lancement de nouveaux services visant à unifier sa communauté et, pourquoi pas, d’ouvrir son activité dans d’autres pays.

L'IA, le Covid-19 et la revanche du singe, Big Data

L'IA, le Covid-19 et la revanche du singe, Big Data

La tragédie que nous vivons aura au moins eu le mérite de nous poser une question essentielle : que signifie être un humain ? L’épidémie de Covid-19 nous condamne à
la redéfinition de nos balises les plus essentielles
. Fini l’alibi de la frénésie du « monde d’avant », nous sommes maintenant enfermés en tête-à-tête avec les questions qui fâchent. La vie en mode Sisyphe inversé – je pousse le rocher du haut de la colline et advienne que pourra – laisse la place à l’attente recluse d’un ennemi invisible en mode « désert des Tartares ». Tous les débats sur l’intelligence artificielle (IA) depuis des années, les questions, les polémiques sont comme réinitialisés. Personne ne peut encore dire si c’est une bonne chose mais, dans tous les cas,
un débat s’enclenche sur l’autel de l’urgence
. Que peut faire la data science – presque au même titre que les soignants ou les personnes chargées du nettoyage – pour sauver l’humanité ?

A la décharge des sceptiques, il faut avouer que tellement de gens – et parfois avec un redoutable patin de légitimité – prétendent réaliser des miracles avec de la data qu’il n’est pas simple d’y retrouver son latin, ou son ouzbek – la référence à Al-Khwarizimi n’échappera pas aux amateurs avertis. Le contexte nous donne malheureusement une extraordinaire opportunité non pas de répondre à cette question, mais que la réponse soit entendue avec beaucoup moins de méfiance et plus d’honnêteté intellectuelle.

Un virus sur une bande-son

Le machine learning consiste notamment, à faire en sorte que des ordinateurs
reproduisent des mécaniques cognitives
. On entraîne des programmes à reconnaître des chiens, des chats, des arbres, etc. Vous ne pouvez pas imaginer le nombre de fois où nous avons été moqués quand nous présentions des outils lourds, complexes et onéreux pour reconnaître une voiture. Et pourtant, il faut comprendre que le même savoir-faire est nécessaire pour reconnaître un singe que pour reconnaître un patient atteint du Covid-19 : une équipe sérieuse est en train de tenter de développer un modèle capable de diagnostiquer un malade en analysant la bande sonore de sa toux. Les modèles s’entraînent sur des bandes-son de cas confirmés qui toussent et pourraient éventuellement être capables, une fois l’apprentissage achevé, de prédire la présence ou l’absence du virus chez un patient. Un singe sur une image ou un virus sur une bande-son : même combat.

Si ce modèle devait s’avérer efficace – nos chercheurs sont à pied d’oeuvre de la même manière que ceux qui luttent
pour trouver un vaccin
-, il pourrait être déployé pourquoi pas gratuitement, et presque instantanément, via une application, sur des milliards de smartphones. Nous pourrions dépister avec une très grande efficacité, beaucoup mieux soigner, enrayer l’épidémie en préservant la confidentialité : l’algorithme serait dans le téléphone. Chacun fait son test dès qu’il tousse et, en cas de suspicion, va à l’hôpital ou organise sa quarantaine tout seul. Ce système n’est pas parfait, mais il pourrait faire la différence tout en étant complémentaire de « l’arsenal » existant.

Victoire collective

Au-delà des initiatives ponctuelles des chercheurs, des ingénieurs, des soignants, des éboueurs et de tous ceux qui se battent pour rendre ce monde meilleur, cette crise est le moment de rappeler que la victoire est toujours collective. Le défi est de proposer des solutions qui permettent au plus grand nombre de personnes possible de contribuer à l’effort.

Imaginez aujourd’hui que n’importe quel humain qui a un talent – et Dieu sait s’il y en a – soit facilement capable de le proposer, ou de l’offrir s’il le décide, au reste de l’humanité. On pourrait rêver de super marchés d’applications d’IA, mais cette fois « facilement » développées par des humains partout sur Terre et dont l’objectif serait de faire profiter à autrui d’une disposition particulière, d’un savoir, d’une compétence. Utopique ? Oui, sûrement un peu. Mais, comme nous sommes en train de
changer de monde
, n’est-ce pas le moment idéal ?

Hadj Khelil, fondateur du datalab
Big Mama
, éditeur de solutions logicielles algorithmiques, et enseignant à Sciences Po Paris. Sur Twitter :
@HadjKhelil
.

Coronavirus : l'application Zoom, entre gloire et déboires, Transformation digitale

Coronavirus : l'application Zoom, entre gloire et déboires, Transformation digitale

Elles n’ont pas le charme suranné d’un bar interlope. Mais depuis le mois d’avril, Club Q ou Quarantee, deux boîtes de nuit virtuelles accessibles sur Zoom, attirent des centaines de jeunes voulant continuer à faire la fête. Videur vérifiant le dress-code, entrée payante pour accéder à des « rooms » avec des mannequins, DJ aux platines pour des performances en direct : les organisateurs ont tenté de rendre l’expérience plus vraie que nature.

Ubuesque, cette anecdote dit tout de l’histoire de Zoom, une société encore inconnue du grand public il y a quelques semaines, et devenue depuis l’application la plus téléchargée au monde.
Avec le confinement dû au coronavirus,
les habitants du monde entier convergent vers la plateforme de visioconférence. Les prêtres y rassemblent leurs fidèles pour la messe, les professeurs y font classe à leurs élèves et les députés britanniques y organisent les sessions parlementaires. Aux Etats-Unis, Zoom est même devenu un verbe, une performance dont peuvent se prévaloir seulement quelques sociétés comme Google.

La popularité grandissante du service fait briller les yeux de Wall Street
: la capitalisation boursière de Zoom a frôlé les 50 milliards de dollars fin avril, soit plus de 70 fois ses revenus de 2019. Un décollage boursier qui traduit l’optimisme des marchés pour l’entreprise et met sur le devant de la scène
son patron quinquagénaire et multimilliardaire
: Eric Yuan. En 1997, cet ingénieur chinois débarque dans la Silicon Valley avec un mauvais niveau d’anglais, mais une passion pour la programmation informatique et une capacité de travail hors norme.

« Le seul service à proposer un logiciel de visio qui marche 100 % du temps »

Ce père de trois enfants est l’une des premières recrues de WebEx, groupe pionnier dans le secteur alors balbutiant de la visioconférence dans les années 1990, qui sera
racheté en 2007 par Cisco pour 3,2 milliards de dollars.
Quatre ans plus tard, il quitte le géant des routeurs pour lancer un service concurrent et embarque avec lui quelques-uns des meilleurs développeurs de son équipe.

En repensant l’architecture du service pour le cloud, Zoom va devenir « le seul service à proposer un logiciel de visio qui marche 100 % du temps », estime Pierre Betouin, PDG de la start-up de cybersécurité Sqreen. « On croit que la vidéo c’est simple, mais réussir à fonctionner quels que soient l’appareil, le système d’exploitation et le navigateur Web, c’est un exploit », souligne l’ancien directeur de la « red team » du fabricant de l’iPhone, l’équipe attaquant les produits en interne pour trouver des failles.

Les utilisateurs aussi louent la simplicité de Zoom, pour l’aspect « pro » comme « perso ». « Eric Yuan n’oblige pas l’utilisateur à se connecter à un compte ou à attendre que l’administrateur l’autorise à rejoindre la conversation, comme Google avec Hangouts », souligne Jad Boutros, ancien directeur de la sécurité de Snap.

Même pas besoin d’installer un logiciel : le service est accessible avec un simple lien Web. « Avant, quels que soient le logiciel ou l’appli dont on se servait, il y avait toujours un souci et les réunions démarraient avec un quart d’heure de retard à chaque fois », raconte Elodie, trente et un ans, cadre dans un grand groupe à Paris qui utilise Zoom depuis un an. « Pour le confinement, je m’en sers aussi avec mes parents, ils ne s’en sortaient pas avec Skype. »

Une start-up rentable avant même son entrée en Bourse

L’offre se différencie aussi par son prix abordable et un modèle « freemium » permettant aux utilisateurs d’avoir accès à des fonctionnalités gratuitement, avant de se voir proposer des offres plus complètes et payantes. « A ses débuts, Zoom a mis l’industrie en porte à faux. Tout le monde avait conçu des produits bien plus chers », rembobine un ancien cadre du rival BlueJeans. « Tout le monde cherchait à faire des BMW et Mercedes de la visio. Eux sont arrivés avec une Renault Dacia. » Un cocktail gagnant associé à un bouche-à-oreille galopant qui ont fait de Zoom le service star du confinement alors que des centaines de millions de personnes ont eu le besoin impérieux d’un service de visio du jour au lendemain.

Dès avant cela, les clients se bousculent au portillon et Eric Yuan décide de prendre le chemin du Nasdaq en avril 2019. Le premier jour,
l’action flambe de 72 %.
La rentabilité de l’entreprise, un élément rare chez les licornes de la Silicon Valley, est applaudie des deux mains par Wall Street. « Dès le premier jour, nous avons voulu dégager une trésorerie positive et être rentable. Nous voulons faire grossir notre activité sans faire croître les coûts », racontait Eric Yuan lors d’une rencontre dans un hôtel de San Francisco en octobre.

Quelques semaines plus tôt, son logiciel avait été bloqué par le gouvernement chinois car l’entreprise n’avait pas introduit l’authentification via un numéro de téléphone pour les visioconférences, une fonctionnalité obligatoire dans le pays. Une histoire qui porte en elle les germes des soucis actuels de Zoom. « De mauvaises personnes utilisaient Zoom non pas pour les affaires mais pour d’autres choses comme des activités sexuelles en groupe », indiquait-il alors. Le patron s’est finalement résolu à rendre cette fonctionnalité obligatoire en Chine. Mais en Chine seulement… « Ce n’est pas une bonne idée d’un point de vue de facilité d’utilisation du produit », insistait-il.

« Zoombombing »

Cette priorité donnée à la maîtrise des dépenses et à la facilité d’utilisation valent aujourd’hui bien des sueurs froides à Eric Yuan. Depuis plusieurs semaines, les révélations sur les vulnérabilités informatiques et les failles de sécurité se multiplient. « Ils n’ont pas du tout pris en compte ce volet-là et ont sous-investi sur la cybersécurité. Dans le secteur, ça se sait depuis longtemps », tranche l’ancien cadre de BlueJeans.

En mars, des épisodes de « zoombombing » sont rapportés dans la presse : des inconnus s’immiscent dans les conversations et partagent des images pornographiques ou vocifèrent des insultes antisémites. Un mot de passe n’étant pas nécessaire, il leur suffit de générer des milliers de « meetings ID » à 9 ou 11 chiffres, pour tomber sur un numéro qui fonctionne. L’importance du nombre d’incidents dans les écoles conduit le FBI à émettre un avertissement.

Les bad buzz volent en escadrille

Patrick Wardle (ancien de la NSA),
Bruce Schneier (spécialiste mondialement reconnu en cryptologie), le laboratoire de recherche Citizen Lab : des grands noms de la cybersécurité révèlent ensuite de nouvelles failles dans la cuirasse du service de visio. « Zoom n’est pas adapté aux partages de secrets »,
tranche Citizen Lab dans un rapport,
s’apparentant à un réquisitoire, où il pointe le fait qu’ayant des équipes en Chine (plus de 700 salariés y travaillent sur la R&D), Zoom peut être mis sous pression des autorités.

Surtout, plusieurs serveurs du groupe dans le monde y sont installés ; ce qui signifie que Pékin peut exiger les clés de chiffrement pour les flux passant par ces serveurs-là. Pour couronner le tout, des chercheurs de l’université de Toronto montrent que certains appels passent par les data centers chinois même si les utilisateurs ne sont pas installés dans le pays. « Une erreur de paramétrage au moment où Zoom faisait face à un afflux de nouveaux utilisateurs qui n’a concerné que 200 d’entre eux », minimise Loïc Rousseau, patron du bureau France de Zoom.

Et les bad buzz volent en escadrille.
Alors que l’entreprise indiquait chiffrer les communications de bout en bout,
« The Intercept » révèle fin mars
qu’elle pouvait avoir accès en clair aux flux audio et vidéo censés n’être visibles que de l’envoyeur et de ses destinataires. La société le reconnaît… tout en jurant ne pas exploiter ces données.

Une nuée d’entreprises et de pouvoirs publics se mettent à interdire Zoom

Cette liste de polémiques liées à la sécurité du service de visio n’est même pas exhaustive ; Zoom donne alors l’impression de prendre l’eau de toute part. « C’est surtout qu’avec leur succès, ils sont sous les spotlights en ce moment », tempère Pierre Betouin. « Mais chez n’importe quelle grosse boîte, si tu regardes, tu trouves des vulnérabilités. Quand Apple a sorti l’iPhone, des problèmes de ‘jailbreak’ ont été trouvés, toute la presse a dit que les téléphones n’étaient pas sécurisés… Aujourd’hui, tout le monde dit qu’Apple a les produits les plus sûrs », poursuit-il.

« Je ne veux pas tirer sur l’ambulance, ils sont dans une phase d’hypercroissance et c’est très dur pour eux de gérer tous les fronts », relativise aussi Gilles Bertaux, patron de la start-up Livestorm, solution de vidéoconférence aux professionnels.

Mais tout le monde n’est pas aussi compréhensif. La Nasa, SpaceX, Tesla, Google, Daimler, mais aussi l’Etat de Taïwan, l’Inde, les écoles de l’Etat de New York…
une nuée d’entreprises et de pouvoirs publics
se mettent à déconseiller l’usage du service, voire à l’interdire. En France aussi. « Zoom a été interdit dans beaucoup d’organisations, notamment pour les échanges entre dirigeants », pointe Henri d’Agrain, délégué général du Cigref, réseau rassemblant les directeurs informatiques de 150 grandes entreprises privées et publiques.

« Si on foire encore, c’est foutu »

En Bourse, le contrecoup a été brutal : l’action fond de près de 30 % entre le 23 mars et le 7 avril… avant de remonter rapidement. La raison ? Eric Yuan fait amende honorable. « J’ai vraiment foiré », reconnaît-il
auprès du « Wall Street Journal » début avril.
« Si on foire encore, c’est foutu. »

Il multiplie les mesures pour rassurer ses clients. Le 4 avril, il demande à ses équipes de se consacrer uniquement à la sécurité pour les trois prochains mois, puis recrute des grands noms comme Alex Stamos, ancien directeur de la sécurité de Facebook et Yahoo!, comme conseillers. Il rend également obligatoires certaines fonctionnalités jusqu’alors optionnelles, comme une « salle d’attente virtuelle », où les participants patientent avant d’être validés par l’organisateur de la réunion. Une technique permettant d’éviter le « Zoombombing ».

Surtout, la croissance du parc d’utilisateurs continue d’accélérer. En moins de quatre mois, le nombre de participants quotidiens à des réunions sur Zoom a bondi de 2.900 %, passant de 10 millions à 300 millions, dont un gain de 100 millions de personnes lors des trois premières semaines d’avril. En plein bad buzz. « On l’a vu avec Facebook pour Cambridge Analytica qui est une affaire d’une tout autre ampleur : cela ne fait pas fuir les utilisateurs, tout du moins les particuliers », note Hugo Hache, directeur technique mobile chez Fabernovel.

« Zoom est très bien placé pour profiter de l’avènement du télétravail »

Mais une large majorité de ces nouveaux venus est vouée à ne jamais passer sur une version payante, voire à quitter le service une fois le confinement terminé. Et avec toutes les polémiques actuelles, le groupe ne s’est-il pas brûlé les ailes auprès du monde professionnel, sa clientèle originelle ?

« Ce qui se passe est terrible pour leur réputation. Beaucoup de grands groupes vont se méfier ou mettre fin à leur contrat », anticipe un expert du secteur qui reste optimiste : « Je ne pense pas que la société soit grillée, ça reste une très bonne solution, pas chère, et qui peut séduire énormément de PME. »

Cela tombe bien : cette typologie d’entreprise représente aujourd’hui deux tiers du chiffre d’affaires du groupe, avec les particuliers et les indépendants. « Zoom est très bien placé pour profiter de l’avènement du télétravail », juge Hugo Hache. « Ils se sont fait un nom. » Entre gloire et déboires.