Menu

Une de Entrepreneur France

Nocibé réduit la voilure en France et en Europe, Articles

Nocibé réduit la voilure en France et en Europe, Articles

Le télétravail ne fait pas les affaires des vendeurs de maquillage, de crèmes et de parfums. Le groupe allemand Douglas, propriétaire du français Nocibé, va fermer près de 20 % de ses magasins en Europe. « Environ 500 des 2.400 magasins européens seront fermés d’ici à l’automne 2022 », a indiqué le groupe allemand.

Quelque 2.500 postes sont menacés par ces fermetures en Europe, dont « environ 350 » en France. Selon la CFTC, 338 salariés travaillant dans les magasins et 9 au siège sont concernés dans l’Hexagone. Douglas entend fermer 62 magasins Nocibé dans en France, soit 12 % de son parc, le plus important en Europe. Nocibé compte environ 600 magasins en France dont 500 en succursales, le reste en Franchise. En Espagne, pas moins de 40 % des magasins vont être fermés, soit 97 fermetures et six restructurations, ce qui pourrait entraîner la suppression d’environ 600 postes.

Vente en ligne en hausse de 40 %

Touché par le manque de clients dans les centres commerciaux et les centres-villes – les deux terrains de jeu de Nocibé-, Douglas veut concentrer ses moyens sur la vente en ligne. Les mesures sanitaires liées au Covid poussent nombre d’enseignes à se numériser à marche forcée , leurs magasins étant plus ou moins désertés.

Douglas explique ses choix douloureux par le « changement des habitudes de consommation » de ses clients, en faveur des achats en ligne, au détriment des ventes physiques. Une bascule « accélérée par la pandémie de Covid-19 », explique l’entreprise.

Le groupe est entre les mains du fonds d’investissement CVC Capital Partners et de la famille Kreke, fondatrice des parfumeries Douglas au début du XXe siècle à Hambourg, dans le nord de l’Allemagne. Pour son exercice décalé 2019-2020, Douglas a enregistré une forte baisse de son bénéfice opérationnel ajusté (-16,7 %) et de son chiffre d’affaires (-6,4 %). Les ventes en ligne, en hausse de 40,6 % à 822 millions d’euros, n’ont pas suffi à amortir entièrement le choc du Covid.

Solidarité avec les entrepreneurs
Dans cette période difficile, les entrepreneurs et dirigeants de TPE-PME ont plus que jamais besoin d’être accompagnés. Le site Les Echos Entrepreneurs apporte sa contribution en proposant informations et témoignages gratuitement pour les prochaines semaines. Pour rester informés de l’actualité entrepreneurs et startups, pensez à vous abonner à notre newsletter quotidienne et/ou à la newsletter hebdomadaire Adieu la crise !
La livraison de repas s'installe durablement dans les habitudes, Numérique-Cybersécurité

La livraison de repas s'installe durablement dans les habitudes, Numérique-Cybersécurité

Le ballet des coursiers à vélo dans les rues parisiennes après le couvre-feu de 18 heures suffit à le prouver : la livraison de repas s’est pleinement inscrite dans le paysage quotidien de nos villes. Partout dans l’Hexagone, le même type de scène se reproduit, à des degrés différents.

De nombreux restaurants ont sauté le pas, au fur et à mesure des interdictions. Et si, en déplacement à l’hôtel dans une petite ville de Bretagne ou d’ailleurs, vous êtes confrontés au besoin de trouver comment dîner alors que la brasserie la plus proche a cessé sa vente à emporter dès l’avancement du couvre-feu faute de débouchés, vous avez désormais de grandes chances de trouver quelqu’un pour vous apporter, de plus loin, le repas d’une chaîne de pizzas ou de burgers.

A l’émergence de nouveaux modes de consommation s’est ajouté le fort coup d’accélérateur donné par la crise sanitaire avec ses confinements, ses impossibilités de sortir après une certaine heure et l’interdiction pour les restaurants de servir en salle depuis de longs mois.

De plus en plus de restaurants concernés

Selon NPD, le poids des commandes livrées est passé dans l’Hexagone pour la restauration à table de 1 % avant mars 2020 à 8 % entre mars et octobre, une tendance qui s’est encore renforcée en fin d’année.

Le secteur semble, en effet, avoir gagné deux à trois ans sur ses plans de marche. Fin 2020, Deliveroo affiliait 20.000 restaurants contre 12.000 au début de l’année, tandis que le nombre de livreurs passait de 11.000 à 14.000. Dans le même temps, Just Eat a ajouté 4.000 établissements à son escarcelle, portant à 15.000 les lieux où ses clients pouvaient commander. Quant à Uber Eats, rien qu’entre mars et juin derniers, 5.000 restaurants sont venus le rejoindre, portant le nombre total à 25.000 à la fin du premier semestre 2020.

A côté des trois poids lourds du secteur, l’arrivée de nouveaux restaurants, notamment étoilés, dans la dégustation à domicile profite aussi à d’autres acteurs comme Stuart, la coopérative Olvo et ses vélos cargos, ou Tiptoque, qui, au départ s’était spécialisé dans les plateaux-repas gastronomiques mais s’adresse aussi désormais aux particuliers et emploie des livreurs salariés.

Si le principe des petits plats mangés à la maison s’est bien développé, c’est également parce que les restaurants ont su faire preuve d’une très grande capacité d’adaptation. En parallèle, les « dark kitchens », ces cuisines réservées aux commandes à domicile sont en pleine explosion, qu’il s’agisse de nouvelles enseignes ou d’acteurs déjà installés comme Courtepaille . Deliveroo en a fait l’un des axes de sa stratégie avec plusieurs ouvertures au menu cette année, dont la prochaine, la troisième en France, est prévue à Aubervilliers.

Boom des courses du quotidien

Par ailleurs, Deliveroo et Uber Eats ont largement étoffé leur offre pour se faire une place encore plus grande dans le paysage. Ils apportent aussi désormais les courses du quotidien, de la farine aux mouchoirs en papier. Uber Eats a noué en avril un partenariat avec Carrefour . 500 points de vente sont aujourd’hui concernés, dans plus d’une centaine d’agglomérations, avec une augmentation du nombre de références proposées, passé à 1.000 contre 250 au départ. Le dispositif doit continuer à monter en puissance.

Deliveroo s’est allié, lui, au groupe Casino , avec une offre intégrant ses différentes enseignes, de Franprix à Monoprix et Géant Casino, qui continue à se déployer. Il franchit une nouvelle étape ce mois-ci en livrant aussi des produits Picard. Une phase de test vient de démarrer pour trois mois et 17 boutiques seront référencées à la fin de cette semaine. Pour préserver les surgelés, des rayons de livraison courts ont été définis.

Solidarité avec les entrepreneurs
Dans cette période difficile, les entrepreneurs et dirigeants de TPE-PME ont plus que jamais besoin d’être accompagnés. Le site Les Echos Entrepreneurs apporte sa contribution en proposant informations et témoignages gratuitement pour les prochaines semaines. Pour rester informés de l’actualité entrepreneurs et startups, pensez à vous abonner à notre newsletter quotidienne et/ou à la newsletter hebdomadaire Adieu la crise !
Olivier Cotinat construit MoHo, un campus de startups en Normandie, Aides et Réseaux

Olivier Cotinat construit MoHo, un campus de startups en Normandie, Aides et Réseaux

Les Américains appellent ça le « money time » : dans une compétition, les derniers instants fébriles où tout se joue, où la pression est à son comble. C’est l’état d’esprit dans lequel se trouve actuellement Olivier Cotinat. MoHo, son dernier projet, entre enfin dans sa phase d’achèvement, sept ans après qu’il en a dessiné les tout premiers traits. Le 6 juin prochain, ce multi-entrepreneur très discret mais à l’imposante carrure va inaugurer à Caen ce qui est très probablement le pari le plus ambitieux de la French Tech depuis Station F, le gigantesque hub d’innovation planté par Xavier Niel dans le XIIIe arrondissement de Paris.

Le D-Day pour référence

Installé au coeur d’une ancienne halle Renault de 7.000m², MoHo se définit comme le premier « collider européen », à savoir un endroit où toutes les forces de la société entrent en osmose pour innover, avec une dimension plus inclusive. Des employés de grands groupes aux startuppeurs, en passant par les étudiants, les chercheurs et les associations, tous ont vocation à s’attaquer aux challenges du monde actuel depuis ce lieu situé non loin des plages du Débarquement de 1945.

Un moment de l’histoire contemporaine sur lequel s’appuie l’entrepreneur de 45 ans pour illustrer sa soif de changer la société : « Le D-Day, c’est 156.000 hommes de douze pays qui débarquent ensemble pour sauver le monde libre. Ils sont de toutes origines sociales et on a tendance, depuis, à oublier que la démocratie et la liberté défendues ce jour-là ne sont pas des acquis éternels. Notre objectif est de recréer cette alliance pour répondre aux défis actuels. »

Un budget disproportionné selon certains

Le projet, très symbolique, a fait grincer quelques dents dans la région. Le budget de 23 millions d’euros pour transformer le lieu (dont 18 millions apportés par les collectivités locales pour acquérir le bâtiment), a été parfois jugé disproportionné dans une ville de quelque 100.000 habitants. Mais au sein du gouvernement, cette décentralisation est perçue au contraire d’un très bon oeil, comme le souligne Cédric O, secrétaire d’Etat en charge du Numérique : « MoHo est un beau projet. Un peu démesuré, mais c’est cela qui en fait l’ambition. Nous avons besoin en France de ce type de démarche. »

Olivier Cotinat cultive un rapport distancié avec le petit cénacle de la French Tech.© Rodolphe Escher pour Les Echos Week-End

Les relations tissées par Olivier Cotinat depuis quinze ans affichent un soutien indéfectible. Michaël Benabou, président de la Financière Saint James et cofondateur du site de ventes événementielles Veepee, explique ainsi qu’il ne connaît « personne d’autre capable de monter un tel projet en dehors de Paris. C’est d’autant plus important que l’Etat ne pourra plus régler seul tous les problèmes de notre société. L’entreprise a un rôle déterminant à jouer, et MoHo y répond parfaitement. En s’assurant que l’innovation bénéficie à tout le monde. »

« De la trempe qui aime les emmerdes »

Peu d’entrepreneurs parviennent à naviguer aussi aisément entre pouvoirs publics et intérêts privés que ce Normand d’origine. Olivier Cotinat, qui en classe de cinquième avait déjà codé un jeu de karaté pour Amstrad, vendu à quelques amis, n’a jamais eu peur d’affronter la complexité. C’est l’une des qualités que lui reconnaît volontiers Clara Gaymard, cofondatrice du fonds Raise, femme de réseau : « Les entrepreneurs aiment les emmerdes car ils aiment les résoudre. Olivier est de cette trempe-là ! C’est un combattant posé, gentil, mais qui ne lâche jamais. »

Il faut effectivement trouver une véritable satisfaction à se coltiner les embûches lorsqu’on cumule les casquettes comme Olivier Cotinat. A côté de MoHo, l’ancien international de l’équipe de France de basket des moins de 17 ans dirige Schoolab, un tiers-lieu dédié à l’innovation situé à Paris, dans l’historique Silicon Sentier, ainsi que Tapbuy, une start-up d’e-commerce.

Conscient des effets pervers que peut avoir la tech, il se tient aux avant-postes des sujets d’impact. Une approche sans bruit, à petits pas, construite patiemment depuis vingt ans dans toutes sortes de cercles – il a ainsi accompagné la commissaire européenne Viviane Reding dans la régulation des télécoms -, qui puise son origine dans les discussions menées avec son grand-père, ancien combattant de la Seconde Guerre mondiale, et avec sa femme, Audrey, entrepreneuse tout aussi pudique.

A l’Elysée avec Xavier Niel et Jack Ma

Ce parcours le conduit à participer à un événement organisé par l’Elysée en 2019 avec les géants de la tech mondiale. A table, il rencontre Xavier Niel, Ginni Rometty, alors patronne d’IBM, ou Jack Ma, le fondateur d’Alibaba. ​Malgré cette reconnaissance feutrée, Olivier reste en marge du petit cénacle de la French Tech. Ceux qui le côtoient aiment son rapport distancié avec l’extravagance parfois démesurée du milieu.

« Souvent, les personnes riches de savoir n’écoutent plus les autres, remarque Jean-Sébastien Decaux, à la tête des activités philanthropiques de la famille Decaux et partenaire de Schoolab. C’est le contraire avec Olivier, qui est curieux, et avec qui nous avons rapidement partagé des valeurs communes comme la volonté de former les esprits aux défis du monde contemporain. »

Un échec difficilement encaissé

Le caractère entier que décrivent ses proches est malgré tout à double tranchant. Ainsi lorsqu’il se lance, fin 2017, avec son associé Jean-Claude Charlet et d’autres (Berkeley, Technion…), dans le prestigieux appel d’offres pour la restructuration de l’Hôtel-Dieu, il y insuffle toute son énergie. Leur concept : importer le modèle Silicon Valley dans le centre historique de Paris en l’axant sur la santé. Las, dix-huit mois plus tard, leur dossier, à la dimension internationale, échoue face à un concurrent qui a notamment choisi d’inclure des boutiques de luxe…

Le coup est rude et, pendant plusieurs jours, l’entrepreneur est incapable de se nourrir. Il ne comprend pas ce choix – comme d’autres observateurs à l’époque. Il peine à passer à autre chose, comme s’en souvient Michaël Benabou : « Il s’était beaucoup investi dans ce projet. A l’annonce du résultat, il s’est effondré. Il peut avoir ce petit côté naïf qui l’empêche de voir venir les coups tordus. Mais c’est aussi sa personnalité. Et mon seul luxe, à 57 ans, est de travailler avec des gens comme lui, avec qui je suis à l’aise sur la question éthique. »

Fédérer les énergies

Désormais, l’épisode qu’il décrit comme sa « plus grande déception professionnelle » est digéré. Les enjeux du projet MoHo et la nécessité de fédérer des acteurs aussi variés que la mairie de Caen, l’université de Stanford ou des PME familiales comme le groupe Hamelin (fournitures scolaires et de bureau) lui procurent l’adrénaline nécessaire pour continuer à croire qu’il peut améliorer le monde. Loin du brouhaha parisien et sur sa terre natale, où tant de jeunes hommes ont sacrifié leur vie.

Solidarité avec les entrepreneurs
Dans cette période difficile, les entrepreneurs et dirigeants de TPE-PME ont plus que jamais besoin d’être accompagnés. Le site Les Echos Entrepreneurs apporte sa contribution en proposant informations et témoignages gratuitement pour les prochaines semaines. Pour rester informés de l’actualité entrepreneurs et startups, pensez à vous abonner à notre newsletter quotidienne et/ou à la newsletter hebdomadaire Adieu la crise !
Emmanuel de Rohan Chabot, bien en selle sur ZEturf, Success Story

Emmanuel de Rohan Chabot, bien en selle sur ZEturf, Success Story

C’est une course de légende ! Ce dimanche 31 janvier, le Prix d’Amérique couronne, à Vincennes, le meilleur trotteur du monde. Et pour la première fois, Emmanuel de Rohan Chabot, fondateur de ZEturf, y a associé son nom. Sacrée victoire pour cet entrepreneur, comte de naissance, comptable par devoir, après une interminable course d’obstacles. Car ce Parisien affable, regard turquoise, barbe de cendre, fut, un temps, banni, honni, pour avoir participé à la chute du monopole du PMU. Il a, dans la foulée, contribué, en France, à la libéralisation du marché des jeux d’argent et de hasard sur Internet… « Il est redoutable car il a de l’humour et de l’esprit, lâche un observateur. Il dérange ! »

Le fantasme de la politique

Pourtant, Emmanuel de Rohan Chabot a d’abord eu une carrière rangée, diplôme de Sciences politiques et maîtrise de gestion en poche. « J’ai eu un parcours d’un classicisme révoltant », lance, à 57 ans, ce père de trois enfants, tout à la fois rebelle et attaché à son rang. « Il est, en même temps, provocateur, anticonformiste, et pétri de valeurs traditionnelles », raconte son ami Jean d’Indy, membre du Comité de France Galop.

Car il chasse, aime la campagne, cueillir des champignons, la mer, les traditions, le clan de ses ancêtres, Stendhal et la musique des mots. Adolescent, cet amateur de poker et de kart a le sens de la fête. Romanesque, il s’offre quelques coups d’éclats, comme ce jour où il grimpe sur le toit de l’université Paris-Dauphine pour tirer à la carabine sur quelques pigeons affolés. Il rêve de grandeur. « J’avais le fantasme de la politique », confie Emmanuel de Rohan Chabot, qui semble cultiver l’autodérision comme une armure. Ses élans s’arrêtent sur les bancs de Sciences Po.

Six millions de turfistes

Soucieux de « gagner sa vie », il sera auditeur chez Ernst & Young avant de gérer, à la banque Rivaud, un fonds d’investissement. « Je m’ennuyais beaucoup », confie-t-il. Jusqu’à ce jour de 2001 où son frère, Fabrice, turfiste et propriétaire de chevaux, pousse sa porte armé d’un constat : c’est l’âge d’or d’Internet. Les sites d’information boursière prolifèrent mais, en ligne, rien n’existe concernant les courses hippiques. Or la France compte un million de boursicoteurs… et six fois plus de turfistes. Ainsi naîtra ZEturf, un fil d’information sur les compétitions équestres. « Sous une apparence classique, mon frère est un créatif. Il a un coup d’avance», estime Fabrice de Rohan Chabot, fondateur du magazine « Technikart ».

A propos des chevaux, dont il jure avoir peur, Emmanuel cite volontiers Churchill, qui qualifiait l’animal de « dangereux devant, dangereux derrière et inconfortable au milieu». Mais il aime les courses où l’emmenait, jadis, son père. Ce spectacle magnifique des bêtes qui s’élancent, cette fièvre ramassée sur quelques minutes, cette ferveur des hippodromes n’existe, dit-il, nulle part ailleurs.

En 2001, Internet est encore un pays de Cocagne. ZEturf doit trouver son modèle économique. Las, les annonceurs ne sont guère séduits par des turfistes à l’image maussade… Dès 2003, deux arrêts rendent le monopole français des jeux sur Internet non conforme au droit européen. Certains pays délivrent même des licences aux opérateurs de paris sur le Web. En 2004, Emmanuel de Rohan Chabot prend donc son baluchon, seul, et lance, depuis Malte, l’activité de paris en lignes sur les courses de chevaux françaises. Avec un indéniable avantage économique : rien à reverser aux organisateurs des courses et 0,5% de taxes à payer contre 14% en France.

Bagarre folle

S’ensuit une bagarre folle. Le PMU l’assigne en justice, y compris au pénal pour «prise de paris illicite en bande organisée», espérant le mettre au pas. En exil, Emmanuel de Rohan Chabot lutte, se cabre, de condamnations en appels, de saisies en gardes à vue, d’amendes en procès… jusqu’à ce qu’en 2010, la loi française change. «J’avais sous-estimé la violence de l’opposition juridique», dit-il, presque timidement.

Mais il tient, par idéalisme, par orgueil. « Et il gagne ! » rappelle Jean d’Indy. En France, il est désormais le numéro deux du pari hippique en ligne. Il compte 100 salariés dans six pays et a ouvert ZEbet pour parier dans d’autres sports… Soucieux, dit-il, d’apporter sa pierre à l’édifice des courses, il met la main à la poche. « Il peut sembler arrogant. C’est faux. Il est fidèle et de parole, note Jean d’Indy. Et il est gonflé : jamais un opérateur alternatif n’avait été partenaire du Prix d’Amérique ! »

Solidarité avec les entrepreneurs
Dans cette période difficile, les entrepreneurs et dirigeants de TPE-PME ont plus que jamais besoin d’être accompagnés. Le site Les Echos Entrepreneurs apporte sa contribution en proposant informations et témoignages gratuitement pour les prochaines semaines. Pour rester informés de l’actualité entrepreneurs et startups, pensez à vous abonner à notre newsletter quotidienne et/ou à la newsletter hebdomadaire Adieu la crise !
Tchek lance un service d'inspection automobile par smartphone et lève 3 millions, Financer la croissance

Tchek lance un service d'inspection automobile par smartphone et lève 3 millions, Financer la croissance

La start-up marseillaise Tchek s’est fait connaître avec son scanner XXL détectant les dommages sur une carrosserie. Elle propose une solution d’analyse à partir de photos prises par un smartphone et vient de lever 3 millions d’euros pour financer son développement en Europe.

Plus de 160 millions de véhicules ont bénéficié de la technologie de Tchek depuis 2018. Cette solution automatise l’inspection des carrosseries à l’aide d’un scanner doté d’une intelligence artificielle. La start-up marseillaise, créée par Anton Fert et Léa Chevry, accélère avec une nouvelle offre : l’analyse de dommages à distance avec des prises de vues réalisées à partir d’un smartphone. Avec ce système d’inspection numérique, le vendeur d’un véhicule d’occasion pourra, par exemple, faire lui-même l’état des lieux extérieur de sa voiture pour obtenir un devis de reprise au juste prix.

Le marché est considérable : plus de 5 milliards d’inspections de véhicules neufs et d’occasions sont réalisées chaque année en Europe. « Nous industrialisons ce parcours onéreux avec une solution qui dépasse les capacités de précision et d’objectivité humaines », résume Léa Chevry, cofondatrice et directrice commerciale.

A la conquête du marché de l’occasion

Ces perspectives ont convaincu Demeter et Région Sud Investissement d’apporter 3 millions d’euros en capital pour renforcer l’équipe de R & D de l’entreprise et accompagner sa croissance internationale. Tchek est déjà présent dans plusieurs pays européens à travers de grands acteurs de la réparation et de la distribution automobile, comme le carrossier EK-Fahrzeugtechnik et le groupe concessionnaire Senger en Allemagne. En 2020, Tchek a réalisé 60 % de son activité hors des frontières tricolores.

Outre la logistique de véhicules neufs pour le contrôle qualité entre la sortie d’usine et la réception par le consommateur, Tchek vise le marché de l’occasion et de la reprise en ligne avec une plateforme 100 % digitale, qui permet à des acteurs comme Aramis.com d’automatiser en partie le parcours d’évaluation de l’état d’un véhicule. Le marché de la location est l’autre grand segment qui intéresse l’entreprise. « Avec l’émergence du Mobility as a Service et l’adoption massive du car-sharing, les opérateurs de la mobilité, les utilisateurs et les assureurs sont à la recherche de solutions de confiance pour le transfert de responsabilité. Notre technologie répond à ces nouveaux usages », défend Léa Chevry.

Tchek prévoit de vendre sa solution comme un service en se rémunérant sur chaque dossier traité et d’équiper 8 % des concessions européennes. Son scanner est loué à partir de 2.200 euros par mois.

TCHEK EN BREF

Date de création : 2016
Président : Anton Fert
Montant : 3 millions d’euros
Effectif : 13 personnes
Secteur : Automobile

 

Solidarité avec les entrepreneurs
Dans cette période difficile, les entrepreneurs et dirigeants de TPE-PME ont plus que jamais besoin d’être accompagnés. Le site Les Echos Entrepreneurs apporte sa contribution en proposant informations et témoignages gratuitement pour les prochaines semaines. Pour rester informés de l’actualité entrepreneurs et startups, pensez à vous abonner à notre newsletter quotidienne et/ou à la newsletter hebdomadaire Adieu la crise !

 


Quels magasins ferment à compter de dimanche 31 janvier 2021 ?, Marketing et Vente

Quels magasins ferment à compter de dimanche 31 janvier 2021 ?, Marketing et Vente

Pas de nouveau confinement pour le moment, mais le Premier ministre Jean Castex a annoncé vendredi de nouvelles restrictions contre la propagation de l’épidémie de Covid-19. Ces mesures concernent notamment les commerces. Le point sur ce qui change concrètement à partir de ce week-end.

Près de 400 centres commerciaux ou magasins vont fermer

Dès dimanche, « les centres commerciaux non-alimentaires, d’une surface supérieure à 20.000 m2, c’est-à-dire ceux qui favorisent le plus de brassage des populations, seront fermés», a également annoncé le Premier ministre vendredi soir.

« Près de 400 centres commerciaux ou magasins sont concernés », a annoncé le ministère de l’Economie dans un communiqué faisant suite à une réunion avec les représentants du secteur. « Cette fermeture interviendra au plus tard ce samedi soir à minuit », a précisé le ministère.

Les magasins type Ikea sont concernés

Est-ce que les magasins de grande taille mais appartenant à une enseigne unique, comme la chaîne d’ameublement Ikea, seront concernés ? La réponse est oui : tous « les commerces non alimentaires de plus de 20.000 mètres carrés de surface commerciale utile » seront concernés par la fermeture, selon Bercy.

Les enseignes alimentaires des centres commerciaux restent ouvertes

Dans les centres commerciaux stricto sensu, les enseignes alimentaires pourront rester ouvertes, de même que les pharmacies, mais leur surface sera quand même prise en compte pour déterminer le seuil fatidique de fermeture : « Les 20.000 mètres carrés se calculent en additionnant l’ensemble des surfaces des commerces, alimentaires ou non », explique Bercy.

« Les zones commerciales, parcs d’activité et villages de marques où la circulation du public entre les commerces intervient en extérieur ne sont pas concernés et peuvent rester ouverts. En revanche, les bâtiments de plus de 20.000 mètres carré cumulés reliés par des allées closes et couvertes de ces zones doivent fermer », détaille encore le communiqué.

Les jauges sont renforcées dans toutes les grandes surfaces

Le gouvernement a par ailleurs confirmé que le nombre maximum de clients serait encore abaissé dans les commerces, sauf pour les plus petits d’entre eux.

S’ils font plus de 400 mètres carrés, ils ne pourront plus accueillir qu’un client pour 10 mètres carrés. En dessous, le seuil demeure à huit mètres carrés. « Une multiplication des contrôles aura lieu dès ce week-end », a averti le ministère.

Les commerces fermés disposeront de plusieurs aides, dont un accès au fond de solidarité publique mis en place pour soutenir les entreprises en difficulté, un recours possible au chômage partiel pris en charge intégralement par l’Etat, ainsi que l’annulation des charges patronales.

Charles Cabillic, serial entrepreneur dans l'air du temps, Success Story

Charles Cabillic, serial entrepreneur dans l'air du temps, Success Story

Dans son bureau, à deux pas de l’aéroport de Brest-Bretagne, des tableaux d’avions racontent sa passion pour l’aviation. Et Charles Cabillic en est certain: « Demain, les vols ‘décarbonés’ seront la règle au moins pour l’aviation d’affaires et la mobilité régionale, afin de relier les villes moyennes sans polluer ». D’où la commande, annoncée le 26 janvier par sa jeune société, Green Aerolease, de 50 avions biplaces électriques, au constructeur slovène Pipistrel Aircraft.

Montant de la facture, pas moins de 20 millions d’euros. Les premiers appareils seront livrés en juin. Et si son plan de vol est respecté, Green Aerolease possédera, d’ici à trois ans, près de 200 avions électriques.

Sous ses airs un peu rêveurs, Charles Cabillic a les pieds sur terre. Ce serial entrepreneur breton a même passé un accord avec la Fédération française aéronautique. Ces petits avions, baptisés Velis Electro, seront « loués auprès des écoles et des aéroclubs pour la formation des nouvelles générations de pilotes, explique le dirigeant. Chacun dispose d’une autonomie de 1 heure 30, c’est tout à fait suffisant pour les stages et les cours », poursuit Charles Cabillic, lui-même pilote amateur, avec 700 heures à son actif.

La passion pour les airs de l’homme d’affaires, qui a regroupé ses activités dans la société holding W3 – 20 millions d’euros de chiffre d’affaires et 150 collaborateurs – ne s’arrête pas là. Il y a quelques mois, il a racheté la compagnie aérienne Finist’Air qui assure la liaison quotidienne entre Brest et l’Île d’Ouessant. Des projets sont en cours pour élargir les destinations, et relier, notamment Brest et Vannes à Belle Île en Mer.

Aviateur et geek

Et ce n’est pas tout. A côté de Green Aerolease, il a mis sur orbite, en 2018, la plateforme digitale Open Fly. Quelque 250 avions de propriétaires privés y sont proposés à la location quand 600 pilotes brevetés et indépendants sont inscrits sur le site pour effectuer les vols, souvent à partir d’aérodromes ou de petits aéroports provinciaux. « L’an dernier, indique Charles Cabillic, 800 vols à la demande ont été organisés », principalement pour des hommes d’affaires qui veulent honorer leurs rendez-vous à la journée.

Car Charles Cabillic est aussi un geek. S’il est guitariste à ses heures, fan de country blues et motard -à bord d’une moto électrique, cela va de soi- ce père de famille de 49 ans refuse d’être qualifié de touche à tout. « Je trace mon sillon uniquement dans l’aérien et le numérique », martèle-t-il. Au point d’avoir créé (et vendu) ses premiers jeux vidéo à l’âge de 14 ans. « Ils m’ont rapporté beaucoup d’argent », lâche, sans sourciller, celui qui est ensuite devenu Centralien.

Passé par le cabinet Bossard comme coopérant au Maroc avant d’intégrer les rangs de Crédit Mutuel Arkéa où il est resté sept ans, il affirme haut et fort que l’entreprise de demain, quel que soit son secteur, sera en grande partie digitale ou ne sera pas.

Créateur d’Allo Voisins

Et l’hyperactif, qui a été l’un des créateurs d’Allo Voisins, cette plateforme d’échanges de services entre 3,6 millions de voisins en France ou encore de l’éditeur du logiciel immobilier AC3, revendu depuis, est récemment entré au capital de la société Epopée au côté de Ronan Le Moal, l’ex-directeur général d’Arkéa. Leur objectif ? Créer plusieurs fonds pour aider des entreprises du Grand Ouest à se développer.

Au passage, les deux associés sont parmi les créateurs du West Web Festival qui réunit tous les ans en juillet (sauf l’an dernier pour cause de Covid-19) de grands noms du business pour parler «digital» le temps d’une journée au Festival des Vieilles Charrues à Carhaix. Y Sont notamment intervenus Pierre Kosciusko-Morizet, Anne Lauvergeon ou Catherine Barba.

S’il ne regrette en rien son parcours professionnel, Charles Cabillic avoue malgré tout qu’adolescent, il rêvait d’être astronaute ou à défaut pilote professionnel… Un voeu exaucé, en partie.

Solidarité avec les entrepreneurs
Dans cette période difficile, les entrepreneurs et dirigeants de TPE-PME ont plus que jamais besoin d’être accompagnés. Le site Les Echos Entrepreneurs apporte sa contribution en proposant informations et témoignages gratuitement pour les prochaines semaines. Pour rester informés de l’actualité entrepreneurs et startups, pensez à vous abonner à notre newsletter quotidienne et/ou à la newsletter hebdomadaire Adieu la crise !
fragilisées par la crise, les galeries d'art se réinventent , Marketing et Vente

fragilisées par la crise, les galeries d'art se réinventent , Marketing et Vente

Dans une vidéo virale sur les réseaux sociaux, le street artiste JR annonçait l’ouverture, le 20 janvier, rue du Temple à Paris, d’une supérette de l’art sur trois étages. 800 mètres carrés, avec librairie et épicerie/coffee-shop, à la place d’un ancien grossiste en maroquinerie. Il est le commissaire de l’exposition « Truc à faire », à l’entrée de laquelle le visiteur est invité à prendre un panier pour y déposer les oeuvres achetées ou des spécialités alimentaires des pays où la Galleria Continua, à l’initiative du projet, est implantée. De quoi faire le buzz pour cette galerie habituée aux lieux atypiques et aux talents internationaux.

Abondance de propositions

Autre preuve de la résistance de Paris et du marché de l’art à la crise sanitaire, la galerie Almine Rech. Déjà présente rue de Turenne, elle vient d’inaugurer une seconde antenne, avenue Matignon, tandis que la Foire d’art contemporain africain 1-54 vient de se tenir chez Christie’s, avec une jauge limitée à 50 personnes par heure, une première. « Tous les amateurs sont passés et on a bien vendu », se félicite Nathalie Obadia, l’un des 19 exposants. Elle observe qu’« il est plus aisé de faire venir les collectionneurs parisiens en ce moment, car ceux-ci sont plus sédentaires, moins sollicités, alors que certains sont habituellement toujours en voyage ou très occupés, visibles que dans les foires ».

C’est l’attente devant la nouvelle Galleria Continua.

Malgré la crise, ou pour la conjurer, « le secteur se mobilise, avec une abondance de propositions », relève la présidente du Comité professionnel des galeries d’art (CPGA), Marion Papillon – et directrice de la galerie qui porte son nom. D’autant que la fermeture des musées renforce leur attractivité. « Les visiteurs d’aujourd’hui deviendront peut-être les acheteurs de demain, même si cela passe par un long travail pédagogique », poursuit-elle.

Message pendant les Grosses Têtes

Chez Emmanuel Perrotin, dans le Marais, des files d’attente se forment le week-end, la jauge étant contrôlée. « Il s’agit surtout de personnes qui souhaitent visiter des expositions. Nous avons même fait passer un message pendant les Grosses Têtes, sur RTL, pour inciter le grand public à venir », explique la directrice du développement, Vanessa Clairet. Même constat rue de Seine, chez Georges-Philippe Vallois : « Nous avons toujours du monde, ce qui est assez étonnant, dans ce Paris vide et sans bistrot ! » A la galerie Templon, près de Beaubourg, la directrice Anne-Claudie Coric a recensé 580 visiteurs pour le photographe Gregory Crewdson, en un seul samedi tandis que l’exposition de Jim Dine a reçu 3.600 visiteurs entre le 7 novembre et le 23 janvier. « Nous recevons des visiteurs individuels avec une bonne proportion de collectionneurs, tous français », précise-t-elle.

Soutien des institutions

La situation n’est pas simple pour autant. « Depuis septembre le public est certes revenu. Les ventes prennent du temps mais se font quand même. Toutefois, il faut combler les pertes liées à notre modèle : dans le Marais, nos loyers sont pour moitié financés habituellement par les fashion weeks qui investissent nos espaces », confie la galeriste Odile Ouizeman. Selon l’enquête menée par CPGA auprès de ses 280 adhérents, que « Les Echos » ont pu se procurer, pour 58 % d’entre-eux, les loyers représentent 5 à 25 % de leur chiffre d’affaires et pour 27 %, de 25 à 50 %. Et seulement un tiers a pu négocier une baisse.

L’un des trompe-l’oeil de JR dans l’exposition «Truc à faire»

En 2020, 78 % de ces marchands ont vu reculer leur chiffre d’affaires : un tiers, de 25 à 50 % et un tiers, de plus de 50 %. Le quart des galeries a déjà réduit ses effectifs, alors même que seulement 4 % emploient plus de 10 personnes. Pour passer le cap, 59 % des professionnels interrogés ont bénéficié du chômage partiel, 48 % du PGE et 45 % du fonds de solidarité. Les institutions culturelles publiques les ont également aidés par leurs acquisitions. Malgré tout, « nous craignons que les musées, fermés pendant six mois, ne réduisent leurs achats cette année », pointe la présidente du CPGA.

Grâce à un important travail de sensibilisation mené ces dernières années, 72 % des galeries vendent aussi désormais aux entreprises. Pour plus du tiers, cela représente 10 à 20 % de leur chiffre. Mais l’engouement de ces divers publics semble porter avant tout sur l’art contemporain – qui concerne tout de même les deux-tiers des galeries – au détriment de l’art moderne ou des antiquités.

Pour tous les galeristes, la priorité est le retour des foires et même la réouverture des musées, car « nous avons besoin de tout l’écosystème pour exercer notre métier à 100 % », conclut la présidente du CPGA.

Solidarité avec les entrepreneurs
Dans cette période difficile, les entrepreneurs et dirigeants de TPE-PME ont plus que jamais besoin d’être accompagnés. Le site Les Echos Entrepreneurs apporte sa contribution en proposant informations et témoignages gratuitement pour les prochaines semaines. Pour rester informés de l’actualité entrepreneurs et startups, pensez à vous abonner à notre newsletter quotidienne et/ou à la newsletter hebdomadaire Adieu la crise !
le coaching passe en mode virtuel, Numérique-Cybersécurité

le coaching passe en mode virtuel, Numérique-Cybersécurité

Lorsque la décision inédite et fulgurante du confinement généralisé de la population française est tombée en mars 2020, Lyonelle Le Piouff-Cruchon a été saisie de sidération. « Impossible, même en rêve, d’imaginer être un jour confrontée concrètement à ce qui appartenait auparavant aux livres d’histoire, à savoir une épidémie majeure ! » explique aujourd’hui avec le sourire cette élégante et jeune sexagénaire. Si cette ancienne parisienne, consultante en communication et en marketing pour des cabinets d’avocats installée à Biarritz depuis sept ans, se réjouit de ne pas avoir eu à déplorer de baisse de son activité professionnelle depuis le début de la crise sanitaire, « et même bien au contraire », son quotidien a quand même changé un peu.

Avant, parmi les rituels de semaines bien huilées, figuraient des séances de sport à 7 h 30 pétantes : trois jours par semaine dans une salle à deux pas de son domicile, avec coach privé. Au programme : renforcement musculaire, gainage, endurance cardiovasculaire… « Mais mon coach, en raison des conditions sanitaires, a dû fermer sa salle et nous avons convenu de basculer en distanciel. En l’occurrence à travers l’application FaceTime, sur ma tablette. Une grande première pour moi », confie-t-elle.

Dépourvue à son domicile de la kyrielle d’objets spécifiques nécessaires à son activité sportive, Lyonelle, sur les conseils de son coach, a improvisé. Bouteilles d’eau, ruban élastique, escabeau et même un manche à balai vont faire l’affaire.

Covid oblige, le coaching adopte le numérique

Près d’un an après la mise en place de ce nouveau système, entrecoupé d’un retour à la salle et de séances en plein air sur la grande plage de Biarritz, le bilan s’avère largement positif. « Rien ne remplace l’interaction directe avec mon coach. Je regrette également les échanges informels avec d’autres utilisateurs de la salle. Mais, au global, cela a très bien fonctionné. Il est vrai que mon coach me connaît parfaitement. Lorsque la pandémie sera derrière nous, je maintiendrai les deux configurations. Le distanciel s’avère idéal pour gagner un temps précieux. Et puis l’hiver, c’est bien agréable d’éviter de sortir dans le froid au petit matin! »

Crise sanitaire oblige, les professionnels du coaching (collectif ou individuel), quelle que soit leur discipline de prédilection (sport, remise en forme, bien-être, diététique…) ont été contraint, pour bon nombre d’eux, de modifier dans l’urgence leurs pratiques lorsque le virus a assigné chaque Français(e) à domicile. Pas simple, expliquent volontiers les spécialistes du sujet, tant le coaching requiert théoriquement une lisibilité du comportement – la gestuelle et le langage paraverbal du « coaché » -, plus difficile à décrypter à travers un écran.

Gérante de Planète Bien-Être, un centre de remise en forme de Rouen, Laurence Catel a dû, elle aussi, bouleverser son organisation au printemps dernier pour gérer la nouvelle donne sanitaire. Dès la fermeture de sa salle, afin de maintenir le lien avec ses 500 adhérents, eux aussi décontenancés par l’apparition de ce virus anxiogène, elle a réalisé et posté des vidéos de vingt minutes sur la chaîne YouTube de son enseigne . « Je voulais permettre à mes clients de piocher, voire d’enchaîner plusieurs sessions de Pilates, stretching, dance et autres séances de cuisses-fessiers. Ces formats sont faciles à caser dans une journée », assure cette ancienne gymnaste au physique tonique.

Avec le recul, Laurence Catel reconnaît volontiers les difficultés technologiques inhérentes à la pratique sportive à distance en coaching individuel ou de groupe. « Les problèmes de connexion peuvent créer un décalage entre nos consignes et l’exécution et limiter l’éventail de cours, notamment pour les séances chorégraphiées en musique, et modifier le cadre de ceux qui suivent les cours sur tablette, PC ou smartphone », pointe-t-elle. Même si la coach estime que le sport à distance, après une nécessaire période d’adaptation, demeure « éminemment gérable », elle a hâte que la pandémie relève de l’histoire ancienne. « Notre centre est un lieu de vie, de convivialité. Nos adhérents aspirent fortement à renouer avec ce lien après tant de mois générateurs d’angoisse. »

SAVOIR « LIRE » LES MESSAGES DU CORPS

Après une quinzaine d’années passées au sein d’une grande banque française en région parisienne, Carine Even s’est formée au coaching il y a une dizaine d’années. Son activité : aider ses clients salariés et managers à « libérer leurs tensions et leurs conflits pour retrouver la joie », explique cette mère de trois enfants depuis Madrid, où elle a débarqué en septembre 2018 pour suivre son mari expatrié. Dès son arrivée dans la capitale espagnole, elle a commencé à mettre en oeuvre une méthode inédite « alliant les forces du coaching, des neurosciences et du mentoring ».

« Le confinement est arrivé en plein déploiement de ma nouvelle offre. L’avantage est que nombre de personnes étaient déjà familiarisées avec les outils à distance », admet-elle en reconnaissant que le distanciel offre une plus grande flexibilité pour les agendas chargés. « Être chez soi, c’est être en terrain connu et donc d’emblée à l’aise dans un environnement que l’on peut choisir. Et s’il est frustrant de ne pas forcément voir l’intégralité de la personne et de ses réactions, beaucoup de messages passent à travers les mots mais aussi et surtout à travers la voix, le visage, le regard et la posture du haut du corps. »

Covid : l’essor du coaching à distance
– Les Echos / Elena Xausa

Des coachs plus « productifs »

Ostéopathe et coach sportif (yoga, krav-maga, stretching…) pour le compte de chefs d’entreprise ou de personnalités comme le couturier japonais Kenzo (décédé des suites du Covid-19 le 4 octobre dernier) ou l’acteur Pierre Richard, Thomas Seigneur a, lui, « transformé les contraintes sanitaires en opportunités » en adoptant sans difficulté la vidéo. « A distance, paradoxalement, on peut davantage observer les gens que l’on coache, modifier leur posture, les inviter à changer d’angle, par exemple, dans la mesure où le nombre de participants est réduit », estime ce sportif. Sans compter le gain de temps et la praticité de ces séances virtuelles pour ses clients et… son propre business ! « En une matinée, je peux réaliser quatre cours de quarante-cinq minutes au lieu de deux en présentiel, même si, avec mon scooter, je suis parfaitement mobile », se réjouit ce résident de Versailles.

Directrice de l’agence de communication L’OEil et la Plume, dans le XVe arrondissement de Paris, Carole Houlne a, elle aussi, expérimenté le passage d’un coaching sportif à domicile, auquel elle a recours depuis une dizaine d’années, à des cours 100 % virtuels durant le confinement. « Heureusement que mon coach s’est adapté immédiatement à la nouvelle donne. Faute de quoi j’aurais pété un câble si j’avais dû renoncer à ma pratique sportive alors que je devais gérer la catastrophe industrielle qui s’abattait sur ma petite agence », explique d’un ton grave, cette dynamique quinquagénaire. Mi-mars, elle a en effet vu deux événements majeurs brusquement déprogrammés. « Quatre mois de plan de charge envolés en deux appels téléphoniques », résume-t-elle amèrement.

« Le sport m’a permis de décompresser, d’améliorer ma qualité de sommeil et de diminuer mon stress », avoue-t-elle aujourd’hui, séduite, avec le recul, par les séances virtuelles qu’elle a enchaînées.« J’ai pu poursuivre les entraînements avec la même qualité de service qu’en présentiel », dit-elle, critiquant cependant les cours collectifs dispensés sur le web « durant lesquels les internautes visionnent un ensemble d’exercices pour lesquels ils ne sont pas corrigés et qu’ils peuvent exécuter de façon incorrecte, avec le risque de se faire mal ». Autres avantages constatés par Carole : plus de rythme dans le cours, moins de temps perdu en « papotage » et en mise en place du matériel. Autre effet inattendu et bénéfique souligné par la chef d’entreprise : pouvoir continuer à pratiquer lors de ses nombreux déplacements professionnels en province.

La continuité en cas de déplacement

Consultante et formatrice en hôtellerie, mère de deux jeunes enfants, Love Riya, 35 ans, s’est inscrite au début du confinement à une plateforme de remise en forme virtuelle, baptisée La Sèche, sur laquelle sont proposés des cours en live (fit dance, fit boxing), des replays mais aussi des conseils et du coaching nutritionnel (choix de menus, liste de courses, photos d’ingrédients…). « Avec ce programme, j’ai pu perdre une dizaine de kilos, grâce à la motivation générée par les coachs, les rendez-vous quotidiens, les interactions en direct avec les autres membres de la communauté, les partages d’expérience. En général, lorsqu’on s’inscrit dans une salle de sport, on reste six mois et on s’en va, faute d’émulation », constate-t-elle.

Nutritionniste, Mathieu Bourgeois pratique le coaching virtuel depuis plusieurs années pour le compte de La Sèche. Dès le début du premier confinement, ses consultations ont grimpé en flèche. « Bloqués chez eux, angoissés, les gens étaient avides de conseils pour mieux s’alimenter. Même si les études montrent que les Français ont pris en moyenne 2,5 kilos de mars à mai 2020 , ils ont plus cuisiné qu’à l’ordinaire, se sont recentrés sur leurs désirs et leurs aspirations, malgré la contrainte de devoir gérer, de concert, les sphères familiales et professionnelles », se réjouit-il.

Fondatrice et gérante du centre de bien-être Origyn basé à Puteaux, dans l’ouest de Paris, et dédié aux « femmes urbaines » (Pilates, yoga, barre au sol, postural ball..) avec, notamment, de nombreuses activités proposées autour de la périnatalité, Oriane Hazane a, elle aussi, avec son équipe de coaches, rapidement « switché » en mode virtuel lors de l’annonce des contraintes sanitaires. Même si elle concède volontiers que l’énergie intrinsèque au cours collectif (connivence, complicité…) n’est guère transposable dans l’univers distanciel, elle se dit satisfaite de cette nouvelle expérience. « A l’avenir, nous proposerons des formules hybrides afin de satisfaire les adhérentes. Si certaines sont demandeuses des horaires flexibles induits par le distanciel, d’autres ne disposent pas forcément des conditions matérielles adéquates chez elles pour suivre nos cours », admet-elle.

Covid : l’essor du coaching à distance
– Les Echos / Elena Xausa

NADIA GUINY, COACH DE DIRIGEANTS

1. Votre activité de coaching a-t-elle été affectée par les confinements successifs ?
Mon activité en distanciel est passée de 20 % à 100 % ! Mais l’écran n’est qu’un outil parmi d’autres dans la relation entre un coach et son « patient ». Le plus important réside dans la confiance et la bienveillance entre les deux parties. En soi, l’existence de la relation est déjà thérapeutique. Et, à distance, on distingue des expressions du visage qu’on ne remarque pas forcément lorsqu’on est assis en face de la personne et qu’il peut être précieux d’exploiter. Enfin, « protégés » par la distance, les gens ont parfois tendance à davantage se laisser aller, à se « déboutonner » mentalement, ce qui est une excellente chose. 

2. Quelles thématiques avez-vous le plus abordées pendant le confinement ?
Les managers ont dû gérer une sur-sollicitation de la part de leur hiérarchie et de leurs collaborateurs souvent inquiets et qu’il fallait rassurer, sans compter l’enchaînement des réunions. Il leur a fallu totalement redéfinir leur management dans une configuration distancielle inédite pour bon nombre d’entre eux.

L’ère de l’e-naturopathie

Adhérente du centre, Fatima Bourgeois a opté, pendant le second confinement, pour des séances de naturopathie, cette pratique à visée thérapeutique qui a pour ambition d’équilibrer le fonctionnement de l’organisme par des moyens « naturels et biologiques », selon la définition de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). L’objectif de cette responsable administrative et financière parisienne de 36 ans ? Perdre une dizaine de kilos pris après son arrêt du tabac il y a un an. « Après avoir suivi des régimes traditionnels avec et sans nutritionniste, j’ai réussi à perdre du poids le premier mois, puis… plus rien. Je n’avais pas le temps de me déplacer pour le suivi mensuel, trop strict compte tenu de mon travail », raconte-t-elle.

Par peur d’une prise de poids plus importante lors du second confinement, elle décide donc de consulter une naturothérapeute en complément de ses cours de Pilates, suivis eux aussi en visio. Résultat : quatre kilos perdus, un rééquilibrage alimentaire sans restriction et un suivi personnalisé adapté à ses contraintes quotidiennes. Son bilan du suivi à distance ? « Au départ, j’étais sceptique par rapport au déroulé de la séance (pesage, prise de mesures) mais j’ai apprécié la flexibilité des horaires, l’absence de déplacement et le non-port du masque. Evidemment, il manque la chaleur de la rencontre et, pour moi, c’est une alternative qui ne peut remplacer le face-à-face. Mais je n’exclus pas d’y recourir à nouveau dans quelques années lorsque les nouvelles technologies de visioconférence seront encore plus sophistiquées », estime-t-elle.

Les podcasts, une idée à creuser

Naturopathe dans le XVIe arrondissement de Paris, Catherine Malpas proposait déjà, de manière marginale, des téléconsultations par Skype, FaceTime ou WhatsApp avant la pandémie. Dès la première semaine du confinement, elle a mis en place des podcasts hebdomadaires destinés à rappeler les règles élémentaires de santé à ses patients : bien bouger, bien manger et bien éliminer. « Ils ont été très populaires, ce qui a incité de nombreuses personnes à réserver des consultations en ligne. Cela m’a permis de revenir à 50 % de mon activité et de limiter la casse », avoue-t-elle aujourd’hui.

La différence majeure avec la consultation physique traditionnelle ? « Mes patients ne pouvaient plus profiter de ma balance miracle », un appareil à impédancemétrie, qui informe sur les masses grasse, maigre, hydrique et osseuse. Elle a donc dû sensibiliser ses patients sur l’importance de s’autonomiser. « La téléconsultation va se poursuivre dans le temps parce que le télétravail va, lui aussi, se généraliser, pronostique la coach. Mes clients ont pris conscience de la fragilité de la vie et de la nécessité de reprendre les commandes de leur corps. Et ça, c’est une excellente nouvelle. »

Solidarité avec les entrepreneurs
Dans cette période difficile, les entrepreneurs et dirigeants de TPE-PME ont plus que jamais besoin d’être accompagnés. Le site Les Echos Entrepreneurs apporte sa contribution en proposant informations et témoignages gratuitement pour les prochaines semaines. Pour rester informés de l’actualité entrepreneurs et startups, pensez à vous abonner
à notre newsletter quotidienne 
et/ou à la newsletter hebdomadaire Adieu la crise !
Le spécialiste des séminaires Châteauform' à l'heure du Covid-19, Marketing et Vente

Le spécialiste des séminaires Châteauform' à l'heure du Covid-19, Marketing et Vente

« Nous adapter ou mourir, on n’a pas le choix. » C’est ainsi que Daniel Abittan, le président de Châteauform’, leader du séminaire résidentiel haut de gamme, résume la situation de sa société qui aurait dû fêter ses 25 ans cette année, avec un objectif de 285 millions d’euros de chiffre d’affaires au compteur. Mais la pandémie de Covid-19 est passée par là, et a réduit drastiquement les ambitions. De fait, l’activité s’est réduite à 80 millions en 2020, contre 234 millions un an plus tôt. « De 20.000 séminaires, nous sommes tombés à 7.000 », poursuit le dirigeant.

Châteauform’ a bâti sa réputation sur 70 sites patrimoniaux d’exception, dont 40 en France et le reste en Europe, sur la qualité de sa restauration et sur une équipe de 1.700 collaborateurs aux petits soins.

Châteauform’ au château de Nointel, en Ile-de-France.

S’adapter a impliqué de revoir totalement la copie : ouverture de trois studios audiovisuels fixes (dont un avec auditorium) et un quatrième mobile ; création d’un « learning lab » à La Défense ; organisation d’événements hybrides (physique/virtuel) et de formations à distance ; lancement de services pour aider les entreprises à maintenir le lien avec leurs collaborateurs ou à monter des séminaires chez elles.

« Jusqu’ici, nous nous adressions beaucoup aux multinationales et nous avions 35 % de clients étrangers. Maintenant, nous allons viser également les PME et les ETI car l’appétence pour les circuits courts va s’appliquer aussi aux séminaires », indique Daniel Abittan.

Avec le télétravail, les bureaux permanents vont se réduire, et Châteauform’ va donc proposer un abonnement « Work from anywhere ». Pour son président, « le bureau de demain sera une destination, on s’y rendra moins souvent mais pour vivre une expérience, socialiser, célébrer, réfléchir ensemble ».

Université d’entreprise

L’expertise de Châteauform’ en matière d’hospitalité sera mise à disposition de ses clients dans le réaménagement et la décoration de leurs espaces, la conciergerie, l’animation de réunions, les pauses gourmandes… Le premier centre de séminaire Châteauform’ Home a ouvert aux Dunes, technopole de la Société Générale à Fontenay-sous-Bois, en novembre 2016.

La première université d’entreprise gérée par Châteauform’ ouvrira, quant à elle, en 2022 à Val d’Europe : il s’agit du futur complexe dédié à la formation de Deloitte. Le lieu résidentiel comptera 250 chambres et pourra accueillir jusqu’à 500 professionnels en journée.

« C’est un axe de développement très fort qui représente déjà 15 millions d’euros de chiffre d’affaires », commente Daniel Abittan.

Le site de Schloss Velen, en Allemagne.

Pas question pour autant de revendre le moindre des sites traditionnels ni de licencier du personnel. « Nos lieux, nos talents, font notre ADN. Il faut trois à cinq ans et 20 millions de travaux pour transformer une propriété en un Châteauform’ d’exception, alors ce serait compliqué de reconstituer une telle offre le moment venu », souligne le dirigeant qui a préféré demander un PGE de 45 millions d’euros et recourir au chômage partiel.

Daniel Abittan ne doute pas qu’après la crise sanitaire, une fois que tout le monde sera vacciné, « jamais le présentiel ne sera autant apprécié ». Il estime qu’il représentera 80 % des événements contre 20 % en virtuel.

Solidarité avec les entrepreneurs
Dans cette période difficile, les entrepreneurs et dirigeants de TPE-PME ont plus que jamais besoin d’être accompagnés. Le site Les Echos Entrepreneurs apporte sa contribution en proposant informations et témoignages gratuitement pour les prochaines semaines. Pour rester informés de l’actualité entrepreneurs et startups, pensez à vous abonner
à notre newsletter quotidienne
et/ou à la newsletter hebdomadaire Adieu la crise !