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Emmanuel de Rohan Chabot, bien en selle sur ZEturf, Success Story

Emmanuel de Rohan Chabot, bien en selle sur ZEturf, Success Story

C’est une course de légende ! Ce dimanche 31 janvier, le Prix d’Amérique couronne, à Vincennes, le meilleur trotteur du monde. Et pour la première fois, Emmanuel de Rohan Chabot, fondateur de ZEturf, y a associé son nom. Sacrée victoire pour cet entrepreneur, comte de naissance, comptable par devoir, après une interminable course d’obstacles. Car ce Parisien affable, regard turquoise, barbe de cendre, fut, un temps, banni, honni, pour avoir participé à la chute du monopole du PMU. Il a, dans la foulée, contribué, en France, à la libéralisation du marché des jeux d’argent et de hasard sur Internet… « Il est redoutable car il a de l’humour et de l’esprit, lâche un observateur. Il dérange ! »

Le fantasme de la politique

Pourtant, Emmanuel de Rohan Chabot a d’abord eu une carrière rangée, diplôme de Sciences politiques et maîtrise de gestion en poche. « J’ai eu un parcours d’un classicisme révoltant », lance, à 57 ans, ce père de trois enfants, tout à la fois rebelle et attaché à son rang. « Il est, en même temps, provocateur, anticonformiste, et pétri de valeurs traditionnelles », raconte son ami Jean d’Indy, membre du Comité de France Galop.

Car il chasse, aime la campagne, cueillir des champignons, la mer, les traditions, le clan de ses ancêtres, Stendhal et la musique des mots. Adolescent, cet amateur de poker et de kart a le sens de la fête. Romanesque, il s’offre quelques coups d’éclats, comme ce jour où il grimpe sur le toit de l’université Paris-Dauphine pour tirer à la carabine sur quelques pigeons affolés. Il rêve de grandeur. « J’avais le fantasme de la politique », confie Emmanuel de Rohan Chabot, qui semble cultiver l’autodérision comme une armure. Ses élans s’arrêtent sur les bancs de Sciences Po.

Six millions de turfistes

Soucieux de « gagner sa vie », il sera auditeur chez Ernst & Young avant de gérer, à la banque Rivaud, un fonds d’investissement. « Je m’ennuyais beaucoup », confie-t-il. Jusqu’à ce jour de 2001 où son frère, Fabrice, turfiste et propriétaire de chevaux, pousse sa porte armé d’un constat : c’est l’âge d’or d’Internet. Les sites d’information boursière prolifèrent mais, en ligne, rien n’existe concernant les courses hippiques. Or la France compte un million de boursicoteurs… et six fois plus de turfistes. Ainsi naîtra ZEturf, un fil d’information sur les compétitions équestres. « Sous une apparence classique, mon frère est un créatif. Il a un coup d’avance», estime Fabrice de Rohan Chabot, fondateur du magazine « Technikart ».

A propos des chevaux, dont il jure avoir peur, Emmanuel cite volontiers Churchill, qui qualifiait l’animal de « dangereux devant, dangereux derrière et inconfortable au milieu». Mais il aime les courses où l’emmenait, jadis, son père. Ce spectacle magnifique des bêtes qui s’élancent, cette fièvre ramassée sur quelques minutes, cette ferveur des hippodromes n’existe, dit-il, nulle part ailleurs.

En 2001, Internet est encore un pays de Cocagne. ZEturf doit trouver son modèle économique. Las, les annonceurs ne sont guère séduits par des turfistes à l’image maussade… Dès 2003, deux arrêts rendent le monopole français des jeux sur Internet non conforme au droit européen. Certains pays délivrent même des licences aux opérateurs de paris sur le Web. En 2004, Emmanuel de Rohan Chabot prend donc son baluchon, seul, et lance, depuis Malte, l’activité de paris en lignes sur les courses de chevaux françaises. Avec un indéniable avantage économique : rien à reverser aux organisateurs des courses et 0,5% de taxes à payer contre 14% en France.

Bagarre folle

S’ensuit une bagarre folle. Le PMU l’assigne en justice, y compris au pénal pour «prise de paris illicite en bande organisée», espérant le mettre au pas. En exil, Emmanuel de Rohan Chabot lutte, se cabre, de condamnations en appels, de saisies en gardes à vue, d’amendes en procès… jusqu’à ce qu’en 2010, la loi française change. «J’avais sous-estimé la violence de l’opposition juridique», dit-il, presque timidement.

Mais il tient, par idéalisme, par orgueil. « Et il gagne ! » rappelle Jean d’Indy. En France, il est désormais le numéro deux du pari hippique en ligne. Il compte 100 salariés dans six pays et a ouvert ZEbet pour parier dans d’autres sports… Soucieux, dit-il, d’apporter sa pierre à l’édifice des courses, il met la main à la poche. « Il peut sembler arrogant. C’est faux. Il est fidèle et de parole, note Jean d’Indy. Et il est gonflé : jamais un opérateur alternatif n’avait été partenaire du Prix d’Amérique ! »

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