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fragilisées par la crise, les galeries d’art se réinventent , Marketing et Vente

fragilisées par la crise, les galeries d'art se réinventent , Marketing et Vente

Dans une vidéo virale sur les réseaux sociaux, le street artiste JR annonçait l’ouverture, le 20 janvier, rue du Temple à Paris, d’une supérette de l’art sur trois étages. 800 mètres carrés, avec librairie et épicerie/coffee-shop, à la place d’un ancien grossiste en maroquinerie. Il est le commissaire de l’exposition « Truc à faire », à l’entrée de laquelle le visiteur est invité à prendre un panier pour y déposer les oeuvres achetées ou des spécialités alimentaires des pays où la Galleria Continua, à l’initiative du projet, est implantée. De quoi faire le buzz pour cette galerie habituée aux lieux atypiques et aux talents internationaux.

Abondance de propositions

Autre preuve de la résistance de Paris et du marché de l’art à la crise sanitaire, la galerie Almine Rech. Déjà présente rue de Turenne, elle vient d’inaugurer une seconde antenne, avenue Matignon, tandis que la Foire d’art contemporain africain 1-54 vient de se tenir chez Christie’s, avec une jauge limitée à 50 personnes par heure, une première. « Tous les amateurs sont passés et on a bien vendu », se félicite Nathalie Obadia, l’un des 19 exposants. Elle observe qu’« il est plus aisé de faire venir les collectionneurs parisiens en ce moment, car ceux-ci sont plus sédentaires, moins sollicités, alors que certains sont habituellement toujours en voyage ou très occupés, visibles que dans les foires ».

C’est l’attente devant la nouvelle Galleria Continua.

Malgré la crise, ou pour la conjurer, « le secteur se mobilise, avec une abondance de propositions », relève la présidente du Comité professionnel des galeries d’art (CPGA), Marion Papillon – et directrice de la galerie qui porte son nom. D’autant que la fermeture des musées renforce leur attractivité. « Les visiteurs d’aujourd’hui deviendront peut-être les acheteurs de demain, même si cela passe par un long travail pédagogique », poursuit-elle.

Message pendant les Grosses Têtes

Chez Emmanuel Perrotin, dans le Marais, des files d’attente se forment le week-end, la jauge étant contrôlée. « Il s’agit surtout de personnes qui souhaitent visiter des expositions. Nous avons même fait passer un message pendant les Grosses Têtes, sur RTL, pour inciter le grand public à venir », explique la directrice du développement, Vanessa Clairet. Même constat rue de Seine, chez Georges-Philippe Vallois : « Nous avons toujours du monde, ce qui est assez étonnant, dans ce Paris vide et sans bistrot ! » A la galerie Templon, près de Beaubourg, la directrice Anne-Claudie Coric a recensé 580 visiteurs pour le photographe Gregory Crewdson, en un seul samedi tandis que l’exposition de Jim Dine a reçu 3.600 visiteurs entre le 7 novembre et le 23 janvier. « Nous recevons des visiteurs individuels avec une bonne proportion de collectionneurs, tous français », précise-t-elle.

Soutien des institutions

La situation n’est pas simple pour autant. « Depuis septembre le public est certes revenu. Les ventes prennent du temps mais se font quand même. Toutefois, il faut combler les pertes liées à notre modèle : dans le Marais, nos loyers sont pour moitié financés habituellement par les fashion weeks qui investissent nos espaces », confie la galeriste Odile Ouizeman. Selon l’enquête menée par CPGA auprès de ses 280 adhérents, que « Les Echos » ont pu se procurer, pour 58 % d’entre-eux, les loyers représentent 5 à 25 % de leur chiffre d’affaires et pour 27 %, de 25 à 50 %. Et seulement un tiers a pu négocier une baisse.

L’un des trompe-l’oeil de JR dans l’exposition «Truc à faire»

En 2020, 78 % de ces marchands ont vu reculer leur chiffre d’affaires : un tiers, de 25 à 50 % et un tiers, de plus de 50 %. Le quart des galeries a déjà réduit ses effectifs, alors même que seulement 4 % emploient plus de 10 personnes. Pour passer le cap, 59 % des professionnels interrogés ont bénéficié du chômage partiel, 48 % du PGE et 45 % du fonds de solidarité. Les institutions culturelles publiques les ont également aidés par leurs acquisitions. Malgré tout, « nous craignons que les musées, fermés pendant six mois, ne réduisent leurs achats cette année », pointe la présidente du CPGA.

Grâce à un important travail de sensibilisation mené ces dernières années, 72 % des galeries vendent aussi désormais aux entreprises. Pour plus du tiers, cela représente 10 à 20 % de leur chiffre. Mais l’engouement de ces divers publics semble porter avant tout sur l’art contemporain – qui concerne tout de même les deux-tiers des galeries – au détriment de l’art moderne ou des antiquités.

Pour tous les galeristes, la priorité est le retour des foires et même la réouverture des musées, car « nous avons besoin de tout l’écosystème pour exercer notre métier à 100 % », conclut la présidente du CPGA.

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