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L’intelligence artificielle, remède anti-crise ?, Transformation digitale

L'intelligence artificielle, remède anti-crise ?, Transformation digitale

Des analyses prédictives auraient-elles pu éviter, sinon l’épidémie, du moins 
la terrible crise sanitaire que nous traversons
 ? Grâce à l’intelligence artificielle (IA), BlueDot, une start-up basée à Toronto, au Canada, avait identifié dès le 30 décembre dernier la propagation du Covid-19, en détectant plusieurs cas autour de Wuhan. Soit neuf jours avant que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ne publie sa première déclaration.

Et certains voient le recours à l’IA 
comme un moyen d’endiguer l’épidémie dans la période post-confinement
. Inspirés par les expérimentations chinoises, taïwanaises, sud-coréennes et singapouriennes, les créateurs français de l’application CoronApp oeuvrent pour la mise en place, sur la base du volontariat, d’un suivi par géolocalisation pendant 14 jours. Grâce à un algorithme, les personnes inscrites qui auraient croisé le chemin d’une personne infectée par le coronavirus seraient directement prévenues et pourraient alors se mettre à l’isolement. Un système, encore en développement, qui n’est pas sans poser question 
en matière de données personnelles
.

Car, si l’IA s’immisce peu à peu dans les usages, notamment via les objets connectés (IoT), les analyses prédictives sont encore rares à l’échelle d’un pays. La « start-up nation » n’est pas vraiment convertie ; les entreprises tricolores avancent avec prudence. « Un déficit d’adoption », résumait il y a an Nicolas de Bellefonds, partner et managing director de BCG Gamma, en évoquant les différentes facettes du sujet : compréhension des dirigeants, conversion des employés, gestion des talents et louables freins éthiques.

Les entreprises sont-elles trop lentes ? Les spécialistes ne manquent pas de garantir les bénéfices qu’en tirent celles qui se sont déjà approprié cette nouvelle intelligence nourrie de données, à commencer par l’optimisation des process, industriels ou financiers, et des stratégies, du marketing aux ressources humaines.

Trouver les talents et infuser une culture IA

Le service RH est en effet en première ligne pour diffuser une culture de l’intelligence artificielle à tous les échelons de l’entreprise. « Toutes les étapes de développement d’un projet IA demandent de trouver les bons éléments rapidement et d’investir, notamment en ressources humaines », développe Guillaume Leboucher, CEO d’OpenValue, cabinet de conseil et d’intégration dédié en Data & Intelligence.

Sensibilisation, formation des managers, mais aussi recrutement et mobilité interne sont autant de sujets sur lesquels l’intelligence artificielle apporte une valeur ajoutée. « Depuis cinq ans, le digital a pris une place essentielle dans la gestion des ressources humaines à travers la mise en place de plateformes internes où le collaborateur peut notamment consulter directement les postes à pourvoir », explique Dominique Laurent, directeur des ressources humaines de Schneider Electric France. 
L’IA ne remplace pas le savoir-faire humain du recrutement
, mais elle permet de gagner en efficacité dans l’identification des talents, comme c’est le cas, depuis plus d’un an, au sein du groupe Beaumanoir. « Le manager étoffe ainsi ses équipes avec des profils nouveaux, parfois atypiques, mais toujours adaptés à ses besoins », approuve Dominique Laurent.

La fonction même du département des ressources humaines se trouve aussi transformée par l’intelligence artificielle. Les chatbots et autres outils fondés sur le machine learning peuvent prendre en charge les besoins de plus en plus nombreux tels que les réponses RH des collaborateurs, l’analyse des zones ou des facteurs d’absentéisme.

Optimiser la chaîne logistique, ajuster son offre

Plusieurs cas d’usage ont également fait leurs preuves en matière d’optimisation de la chaîne logistique. Prévoir la demande et les approvisionnements, 
faciliter le contrôle de la conformité des process et des produits
, voire accélérer la préparation des commandes, 
comme chez Cdiscount
. En partenariat avec la start-up Exotec Solutions, l’e-commerçant a déployé dans ses entrepôts de Cestas (Gironde), puis de Réau (Seine-et-Marne), une flotte de robots autonomes, les Skypod, dont les déplacements en 3D reposent sur des algorithmes en mesure d’optimiser leurs mouvements. Résultats : une augmentation du nombre de références disponibles et une réduction des délais de livraison.

L’enseigne d’habillement pour hommes Jules, est, elle, passée depuis l’automne dernier à une analyse poussée des tickets de caisse et autres données pour affiner les commandes de ses magasins. Objectif : augmenter le chiffre d’affaires en produisant des quantités ciblées et en évitant les invendus, grâce à une évaluation fine du succès d’un modèle. L’approvisionnement est géolocalisé et l’offre différente selon le point de vente pour répondre à la demande locale.

Cibler les clients, améliorer l’expérience, collecter les données

Chez L’Oréal aussi, un algorithme d’intelligence artificielle permet d’affiner les prévisions de vente et d’optimiser les stocks et la disponibilité en rayon – avec croissance du chiffre d’affaires à la clé – tandis que plusieurs des marques du groupe actives sur Internet se sont lancées dans la beauté connectée.

Partant de la même démarche de récupération et d’exploitation des données, Bic a présenté, 
lors du dernier CES de Las Vegas
, un rasoir embarquant une intelligence artificielle. Une connexion Bluetooth 4.0 relie l’outil au smartphone de l’utilisateur qui renseigne une appli sur, par exemple, la densité de son système pileux ou la fréquence du rasage. De quoi alimenter la base de données. Car, ne cachait pas Xavier Guérin, VP Datastax, il y a an, lors d’une réunion du think tank AI for Business des « Echos », « plus la donnée est massive, plus l’intelligence artificielle va être efficace ».

Perfectionner les process industriels, éviter les pannes

Côté industriels, c’est en matière de maintenance prédictive 
que s’illustre Air Liquide
. Le spécialiste des gaz industriels pilote à distance sa production, et grâce aux données, ajuste son activité en fonction de la demande. Basés sur l’analyse de quinze ans de données, les algorithmes repèrent la configuration optimale de chaque unité pour économiser de l’énergie et permettent d’identifier les signaux faibles avant une panne. Une garantie pour les clients, et un beau relais de croissance pour le groupe. Difficile à négliger par les temps rudes qui s’annoncent.

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