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Liquidités : le pire est à venir pour les entreprises, Gestion des risques

Liquidités : le pire est à venir pour les entreprises, Gestion des risques

S’il est un domaine où l’effet « avant-après Covid-19 » est indéniable,
c’est celui de la gestion de trésorerie
. Le tracker des impayés de factures réalisé par Sidetrade révèle une augmentation de 82 % du taux de factures impayées – soit un retard de plus de 10 jours sur factures émises – en France depuis le début du confinement, par rapport à la moyenne observée entre le 1er janvier et le 15 mars. Il est ainsi passé de 19,2 %, avant la pandémie, à 35,1 % au 2 mai. A l’échelle européenne – données consolidées sur la France, la Grande-Bretagne, l’Italie, la Belgique, l’Espagne et les Pays-Bas -, ce taux a progressé de 60 %, avec un triste record pour la Grande-Bretagne où les impayés représentent 43 % des montants facturés. « A date du confinement, nous avons constaté une forte dégradation du comportement de paiement », confirme Charles Durand, directeur de missions Restructuring Deal Advisory chez KPMG, qui publie ce jeudi 14 mai, avec Sidetrade, une étude intitulée « Culture Cash : enjeux et perspectives ». Il apparaît que le nombre de factures payées chaque semaine par les entreprises de la base de données Sidetrade est passé de 780.000, en moyenne, avant le confinement à seulement 680.000 depuis la mi-mars.

Si beaucoup d’entreprises ressentent déjà frontalement
les effets de ces retards de paiement
sur leurs liquidités, c’est en octobre prochain qu’elles pourraient connaître de réelles difficultés de trésorerie. « Les impacts du Covid vont se faire sentir en trois phases. Tout d’abord la phase de confinement, qui a généré un ralentissement très brutal, voire un arrêt de l’activité, entre mars et mai 2020 dans beaucoup d’entreprises. Puis, une phase progressive de reprise d’activité post confinement, envisagée de juin à octobre 2020. Enfin, de novembre 2020 à juin 2021, une phase de sortie de crise où l’on retrouvera, à terme, un niveau normal d’activité », assure Charles Durand.

Culture cash

La modélisation financière de ces phases montre que, dans un univers sans coronavirus, une entreprise industrielle dotée de clients B to B pouvait espérer voir sa trésorerie progresser régulièrement : parties de 0 en janvier 2020, ses liquidités auraient atteint 110 en juin 2021. Mais ça, c’était avant, et
la pandémie de Covid-19 a totalement changé la donne
.

Dans un premier temps, la situation de trésorerie de cette entreprise théorique n’est pas trop mauvaise : les conséquences de la pandémie sur son activité et son besoin en fonds de roulement (BFR) sont tempérées par les mesures gouvernementales, notamment sur les impôts et taxes, le chômage partiel ou
la mise en place des prêts garantis par l’Etat
(PGE). La situation se gâte à partir du mois de juin : le niveau de trésorerie plonge de mois en mois, pour atteindre un point bas, à -55, en octobre 2020. « C’est l’effet de plusieurs facteurs. La relance de l’activité qui s’amorce actuellement va entraîner une reconstitution des besoins en fonds de roulement : les entreprises vont à nouveau constituer des stocks et payer des factures, alors que les premiers paiements de leurs clients ne seront pas réalisés avant plusieurs semaines ou plusieurs mois. Par ailleurs, avec l’arrêt total ou partiel des mesures gouvernementales, elles ne seront bientôt plus soutenues sur leur masse salariale ou sur leurs dettes sociales et fiscales », regrette Charles Durand. S’ajoute un effet calendrier : l’été est bientôt là et, traditionnellement, le mois d’août est un petit mois d’activité, générant de faibles rentrées 45 jours plus tard. Finalement, l’étude montre que l’entreprise ne récupérera son niveau de trésorerie de janvier 2020 que… dans un an, soit en mai 2021 !

Pour limiter les dégâts ? « Les directeurs financiers doivent avoir une vision claire de leurs positions de trésorerie, pour être mesure de savoir s’ils seront face à une impasse dans les trois à six mois. Il est essentiel de développer une culture cash si ce n’est pas encore fait. Cela passe, dans le contexte actuel, par la mise en place de comités de trésorerie hebdomadaires, en présence des responsables opérationnels qui connaissent les besoins du business. Outre la position de cash classique, deux indicateurs s’imposent dans le contexte actuel : le taux d’échus et le délai de rotation des stocks », détaille Charles Durand. Reste à espérer qu’aucun reconfinement n’aura lieu.

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